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Infoclimat / Jean-Michel Mitteau

Gelées : un phénomène de plus en plus rare dans un climat réchauffé

02/02/2022

La situation de blocage anticyclonique hivernal que connaît la France depuis près de trois semaines est favorable à la baisse des températures nocturnes. Les gelées sont ainsi parfois fortes cette semaine. Ces gelées sont toutefois de plus en plus rares dans le climat actuel.

Mise à jour le 02/02/2022

Avec l’arrivée d’air doux lié à une perturbation, les gelées étaient rares et localisées la nuit dernière, les températures gagnant 4 à 8 degrés (même 10 degrés à Nevers) par rapport aux minimales de la veille.

À Albi par exemple, il a gelé quotidiennement entre le 11 et 30 janvier (entre 0 et -6 °C). Une série de 20 jours consécutifs assez remarquable puisque les séries les plus longues avaient duré 22 jours durant l'hiver 1985 (où l'on était descendu à -20 °C) et l'hiver 2005. Sur l'ensemble du mois, on compte 23 jours avec gelées, barrant ainsi le record des 22 jours de gelées en janvier 1987 ! ! De plus, ce mois de janvier 2022 dénombre également 3 journées sans dégel (températures maximales inférieures ou égales à 0 °C) : les 17 (maximale de -0,3 °C), 18 (maximale de -0,5 °C) et 28 (maximale de -0,7 °C).

Des gelées de plus en plus rares

Même si les gelées sont fréquentes en ce mois de janvier 2022, ce phénomène a tendance à se raréfier au fil du temps.

Dans un climat réchauffé, les épisodes de gel, de neige, sont toujours possibles, mais ils se font de plus en plus rares. Les journées avec une température minimale sous abri inférieure à 0 °C baissent partout en France entre les périodes 1961-1990 et 1991-2020, de façon indéniable et inéluctable.

Voici quelques exemples :

  • Paris : grâce à l’importante couverture nuageuse, la station de Paris-Montsouris a souvent échappé de justesse aux gelées nocturnes, les températures restant légèrement positives comme le 26 janvier où la minimale affichait +0,1 °C. Depuis le début de l’hiver, on n’a observé que 5 jours de gel dans cette station. Entre 1933 et 1962, on observait en moyenne 40 jours avec gelées par an, alors que sur les 30 dernières années, on ne mesure en moyenne plus que 20 jours avec un mercure en dessous de 0 °C.
    En savoir plus : à quoi ressembleront les hivers parisiens ? 

  • Toulouse : si la température minimale de la nuit dernière (7,6 °C) était 5 degrés au-dessus de la normale de saison (3 °C), la Ville Rose a déjà connu 21 jours de gel depuis le début de l’hiver. Entre 1933 et 1962, Toulouse voyait son thermomètre passer en dessous de zéro 45 fois par an en moyenne. Sur les 30 dernières années, les journées gélives ne représentent plus que 26 jours par an en moyenne.

  • Lyon : la capitale des Gones a elle aussi connu une nuit sans gelée (minimale provisoire de +3,1 °C ce matin), la 4e consécutive. Cependant, depuis le début de l’hiver, 22 jours de gel ont été recensées. Même constat que pour Paris et Toulouse, le nombre de jours de gel a drastiquement diminué. Lyon est passé de 61 gelées par an en moyenne entre 1933 et 1962 à 40 jours avec gel en moyenne sur les 30 dernières années.

  • Marseille : climatologiquement, Marignane est passé d’une moyenne de 37 gelées par an entre 1933 et 1962, à 19 depuis les années 1990. Lundi dernier (le 31 janvier), le mercure est descendu jusqu’à -0,3 °C à la station de Marseille-Marignane, soit la 27e journée de l’hiver avec des gelées. Cet hiver ressort donc comme un hiver avec plus de jours de gel que la normale, en raison notamment d’une faible nébulosité qui a favorisé le rayonnement nocturne et donc la baisse des températures.

Des hivers réchauffés

Cette séquence hivernale est donc loin d’être exceptionnelle. « Notre perception de l’hiver a changé », explique François Jobard, ingénieur-prévisionniste à Météo-France. Dans un contexte de changement climatique marqué, les traits des hivers d’antan se font de plus en plus rares. La température hivernale moyenne n’a fait qu’augmenter en France depuis le début du XXe siècle. Et ce réchauffement s’accélère ces dernières décennies. Entre 1991 et 2020, la température hivernale « moyenne » atteignait 5,8 °C, c’est-à-dire 0,9 °C de plus qu’entre 1961 et 1990. Plus l’hiver se réchauffe, plus ses manifestations « normales » sont perçues comme exceptionnelles.