
Météo-France / Philippe Dos
Tempête Alex : pluies diluviennes exceptionnelles dans les Alpes-Maritimes
03/10/2020
La tempête Alex a provoqué un épisode méditerranéen exceptionnel sur les Alpes-Maritimes. Les pluies diluviennes, atteignant localement 500 litres par mètre carré, ont engendré des crues dévastatrices du Var et des cours d’eau afférents.
Attention, des phénomènes particulièrement intenses sont en cours. Suivez la situation en direct et restez informés en consultant la vigilance météo, Vigicrues et le fil @VigiMeteoFrance et adoptez les conseils de comportement associés.
Le contexte : une tempête intense remarquablement précoce
La tempête Alex a touché terre sur la Bretagne la nuit du 1 au 2 octobre avant de se diriger vers le golfe de Gascogne. Alex provient du creusement très rapide d'une dépression sur l'Atlantique, à environ 600 km de la Bretagne. Un tel creusement a été rendu possible par une forte dynamique en altitude, et notamment le " courant-jet ". Ce courant de vents très forts situés entre la troposphère et la stratosphère a une grande influence sur les conditions météorologiques à nos latitudes.
Une perturbation très pluvieuse s'est enroulée autour du minimum dépressionnaire et a concerné une large moitié est de l'Hexagone. Le flux de sud associé, chargé en air chaud et humide, a provoqué des pluies intenses et orageuses dans les Alpes-Maritimes et l'est du Var. Des cumuls de pluie exceptionnels, voire sans précédent, ont été enregistrés.
Des cumuls exceptionnels
Vendredi à 6 h, le département des Alpes-Maritimes a été placé en vigilance rouge « pluie-inondation ». Les cumuls de pluie ont atteint 200 à 350 mm, localement 450 à 500 mm dans l'arrière-pays. La zone littorale a été un peu plus épargnée, avec des cumuls de l’ordre de 40 à 80 mm, localement 120 mm.
Sur l’épisode, ce sont 560 millions de tonnes d'eau qui se sont abattues sur ce département, soit environ 190 000 piscines olympiques.
En quelques heures, des cumuls de pluies record ont été mesurés :
- 500,2 mm à Saint-Martin-Vésubie en 24 heures, soit un peu plus de trois mois de pluie. Cette valeur constitue un record absolu pour la station et pour l'ensemble du département des Alpes-Maritimes ;
- 380,4 mm à Andon, l'équivalent 2 mois et demi de pluies d'octobre ;
- 355,2 mm à Clans, l'équivalent de 3 mois de pluie ;
- 335,5 mm à Coursegoules, soit 2 mois de pluie ;
- 319 mm au Mas, soit 2 mois ;
- 271 mm à Breil-sur-Roya, soit 2 mois ;
- 199 mm à Sospel, soit 1 mois et demi de pluie ;
- 178 mm à Caussols, soit 1 mois de pluie.
Ce vaste complexe dépressionnaire continuera de concerner la France ce week-end, et notamment le nord Bretagne et le Sud-Ouest qui seront affectés par de forts cumuls de pluie.
Changement climatique : des épisodes de plus en plus fréquents et intenses
L'analyse des événements pluvieux extrêmes méditerranéens au cours des dernières décennies met en en évidence une intensification des fortes précipitations (+22 % sur les maxima annuels de cumuls quotidiens entre 1961 et 2015) et une augmentation de la fréquence des épisodes méditerranéens les plus forts, en particulier ceux dépassant le seuil de 200 mm en 24 heures.
L'étude des précipitations intenses et de leur évolution future reste un défi majeur pour les modélisateurs du climat. Ces phénomènes sont en effet relativement mal représentés dans les modèles de climat standard. Au cours de ces dernières années, le programme international Cordex* a permis de réaliser et de mettre à disposition des ensembles de simulations climatiques régionales à des résolutions spatiales (~10 km) permettant une meilleure représentation des évènements méditerranéens et donc une meilleure confiance dans leurs projections futures.
Les analyses d'extrêmes appliquées aux projections climatiques régionales indiquent une augmentation de l'intensité des précipitations intenses sur la partie nord du Bassin méditerranéen
L'étude de l’évolution future des précipitations intenses et de leur évolution future reste un défi majeur. Les travaux de recherche en cours devraient permettre de progresser sur ce sujet en utilisant des modèles climatiques de nouvelle génération pouvant atteindre les échelles kilométriques et représentant mieux la convection atmosphérique.