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Une nuit tropicale au cœur de l’hiver ! 

12/02/2020

La France métropolitaine vient de connaître un événement tout à fait extraordinaire. Pendant plus de 24 heures consécutives, soit du lundi 10 février à 13 h 30 au mardi 11 février à 15 h 40, la température n'est pas descendue en dessous de 22 °C à la station de Bastia située sur l'aéroport, ceci en liaison avec la tempête Ciara.

Certes, le minimum climatologique définitif (défini sur le créneau J-1 19 h à J 19 h) fut de 15,2 °C, une valeur en elle-même déjà exceptionnelle puisqu'elle bat le précédent record mensuel de février, à savoir 14,5 °C le 28/02/1990 (au moment du passage de la tempête Viviane). Mais le fait de n'avoir pas connu de température en dessous de 22 °C (plus précisément 21,9 °C) pendant plus de 24 heures permet de dire que la station de Bastia a connu une nuit tropicale (définie par une température ne descendant pas sous les 20 °C la nuit). Un tel phénomène ne s'était bien sûr jamais produit au cours de l'hiver ni même au cours du printemps météorologique (mars-avril-mai) puisque la nuit tropicale la plus précoce observée à la station fut celle du 10 juin 2010 avec 20,6 °C de minimale (rappelons que la station est ouverte depuis 1947).

Une après-midi quasi estivale !

Les températures maximales ont également atteint des valeurs inédites, aussi bien à Bastia qui bat son record mensuel pour la troisième fois de suite ce mois-ci (avec 25,6 °C devant les 24,8 °C de la veille et les 24,3 °C du 4 février), à Conca avec 23,2 °C (contre 22,5 °C le 28/2/2010) mais aussi et surtout à Alistro avec 27,8 °C : le précédent record (23,6 °C), qui date aussi de la veille, est battu de plus de 4 degrés ! Cette valeur est très proche de la température maximale moyenne en juillet, calculée sur 30 ans (1990-2019) à la station qui est de 28,5 °C. Cette valeur est également un record corse sur l'ensemble de l'hiver battant les 27,6 °C de Solenzara le 28/02/2010.

Un hiver sans fait d'hiver !

À 18 jours de la fin (puisque février comptera cette année 29 jours), l'hiver météorologique 2019-2020 est maintenant au coude à coude avec l'hiver précédemment le plus doux (2015-2016). Il terminera donc très probablement 1er ou 2e du classement, ceci d'autant plus qu'un fort pic de douceur est attendu en fin de semaine avec de nouveau un « Paris->Moscou » à plein régime. On pourrait alors connaître des minimales supérieures à 10 degrés jusqu'au nord de la Loire et des maximales dépassant les 20 degrés dans le Sud-Ouest. C'est d'ailleurs l'ensemble du continent qui connaît une saison atypique avec des bizarreries comme la situation du 11 février en début de journée. Une goutte froide s‘était alors isolée sur l'est de la Turquie provoquant des chutes de neige dans la région, jusqu'à la ville de Bagdad avec 4 centimètres relevés à la station (ce qui n'était pas arrivé depuis 2008). Il y avait alors plus de neige dans la capitale irakienne que dans les capitales de Fennoscandie (Oslo, Stockholm et Helsinki) où l'enneigement était nul (comme c'est le cas d'ailleurs à Helsinki ou Stockholm depuis le début de l'année, phénomène tout à fait hors norme). Les capitales scandinaves n'ont également pas connu une seule journée sans dégel depuis le 1er janvier.

En France, les anomalies sont sur l'ensemble de la saison moins remarquables même si des pics de douceur inhabituels ont pu être observés comme lors de la journée du 3 février, à ce jour la plus douce de l'hiver qui présente deux particularités : c'est la journée la plus douce observée un mois de février (à égalité avec la Saint-Valentin de 1958) mais c'est aussi la deuxième journée, tous mois confondus, à présenter l'anomalie chaude la plus forte (avec 8,7 °C de plus que la normale*, seul le 16 décembre 1989 avait fait mieux avec une anomalie de 9,1 °C).

*Les normales sont établies à partir des moyennes calculées sur la période 1981-2010.