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Une vague de chaleur exceptionnelle par sa précocité et son intensité
18/06/2022 Une vague de chaleur exceptionnelle par sa précocité et son intensité a débuté mercredi sur le pays. La chaleur était présente dès mercredi sur le Sud-Ouest et en vallée du Rhône. Le seuil des 40 °C a ainsi été franchi dès jeudi dans le sud-ouest. La chaleur a ensuite gagné progressivement les régions plus au nord le long de la façade atlantique vendredi, permettant le dépassement de records de températures. Samedi, l'épisode a atteint son pic d’intensité avec des températures voisines de 42°C sur l’ouest de la Nouvelle-Aquitaine. Dimanche, la canicule prendra fin sur l’ouest et le sud du pays, ne résistant temporairement que du Nord-Est au Centre et à la région Rhône-Alpes.
Des températures fortement élevées sont attendues !
Restez informés en consultant la carte de Vigilance météorologique et les conseils de comportements.
Le ministère de la Santé a activé le numéro gratuit Canicule info service (0800 06 66 66) afin de répondre aux interrogations et donner des conseils pratiques. Il sera en service jusqu’à la fin de l’épisode.
Jusqu'à 42,9 °C à Biarritz le samedi 18 juin
Hier, samedi, la chaleur a été à son apogée, avec des températures maximales de 40 à 42 °C des Landes au Poitou-Charentes, 38 à 40 °C du Sud-Ouest au Massif Central et au Centre, et souvent de 35 à 39 °C sur les autres régions, excepté le long des côtes de la Manche, sur les Alpes du Sud et la Corse. On a relevé jusqu'à 42,9 °C à Biarritz.
Des records absolus ont été relevés :
42.9 °C à Biarritz - Station ouverte en 1953 (précédent record : 40.6 °C le 04/08/2003) ;
40.6 °C à Rochefort Saint-Aignan (17) (40.1 °C le 04/08/2003) ;
39.2 °C à Tarbes (65) (39 °C le 13/08/2003).
Records mensuels :
41.9 °C à Cazaux (33, 40.2 °C le 30/06/2015) ;
40.5 °C à Bordeaux (33, 39.2 °C le 26/06/2011) ;
40.3 °C à Dax (40, 39.1 °C le 21/06/2003) ;
40.1 °C à Angers (39.3 °C le 29/06/2019) ;
39.4 °C à Pau (64, 38.1 °C le 29/06/1950) ;
39.3 °C à Agen (47, 38.8 °C le 29/06/1950) ;
39.1 °C à Nantes (44, 38.6 °C le 27/06/2019) ;
39.0 °C à Poitiers (86, 38.3 °C le 29/06/2019) ;
39.0 °C à Blois (41, 38.1 °C le 29/06/2019) ;
37.9 °C à Orléans (45, 36.9 °C le 29/06/2019) ;
36.6 °C à Besançon (25, 35.8 °C le 29/06/2019).
Cette situation est engendrée par une dépression localisée entre les Açores et Madère qui favorise, dans un mouvement de rotation, les remontées d'air chaud provenant d’Espagne sur l’Europe occidentale.
La chaleur, déjà installée mardi et mercredi sur le sud-ouest, s'est intensifiée jeudi avec des températures maximales entre 35 et 40 °C, sur un large quart sud-ouest jusqu’à la basse vallée du Rhône.
Le seuil des 40 °C avait été franchi jeudi localement dans le sud-ouest, comme à St-Jean-de-Minervois (34). Le franchissement du seuil des 40 °C est très rare au mois de juin. Vendredi, les températures les plus élevées du pays ont été parfois proches des 42 °C avec 41,8 °C à Villevieille (30) et 41,6 °C à Soumont (34).
Cet épisode de chaleur intense prend fin dans la nuit de samedi à dimanche et dimanche par l’ouest, en lien avec une dégradation pluvio-orageuse qui rentrera par la façade atlantique.
Dimanche après-midi, on atteindra 34 à 38 degrés sur le nord-est du pays, la Bourgogne, l'Auvergne et Rhône-Alpes, avec des pointes possibles à 39 degrés sur l'Alsace. Il fera 30 à 35 degrés de l'Occitanie au Limousin et au Centre-Val de Loire, on sera proche de 30 °C sur la région parisienne. On attend 25 à 29 °C sur la façade atlantique. Enfin, on ne dépassera pas les 20 °C sur l'ouest Bretagne et les régions côtières de la Manche.
Sur la partie est du territoire, la canicule sera plus tardive, avec des températures maximales encore élevées du Nord-Est à la vallée du Rhône dimanche, possiblement jusqu’à 38 °C. Durant la journée de lundi, l’ensemble de l’Hexagone devrait être sorti de l’épisode caniculaire.
Une vague de chaleur exceptionnelle par sa précocité et son intensité
Cette vague de chaleur, débutée le 15 juin, est la plus précoce jamais enregistrée (début des mesures en 1947) au niveau national (précédents en 2017 et en 2005 avec des dates de début au 18 juin). L'indicateur thermique national dépassera 28 °C samedi. Elle pourrait ainsi devenir un record de précocité (il n’a jamais fait aussi chaud aussi tôt dans l’année) et un record pour un mois de juin.
Jeudi 16 juin, la barre symbolique des 40 °C a été franchie à Saint-Jean-de-Minervois dans l’Hérault. C’est la première fois que les 40 °C sont franchis aussi tôt en France, hors Corse (40,1 °C à Ajaccio le 14/06/2019). Le précédent record de précocité hors Corse datait du 21 juin 2003.
Des records mensuels de chaleurs ont été battus hier à Castelnaudary (11) avec 38,4 °C, aujourd’hui à Carcassonne (11), Millau (12), Oléron (17), Saintes(17), Cognac (16), Dinard (22) et Saint-Brieuc (22).
Des records mensuels de douceur nocturne ont été battus, notamment à Arles (13) avec 23,9 °C. Tarascon-sur-Rhône (13) a même enregistré la nuit la plus douce, tous mois confondus avec 26,8 °C (mesures depuis 1990).
De nouveaux records mensuels de températures minimales et maximales seront battus sur une très large partie du pays (du Sud-Ouest au Centre, à l’Île-de-France et au Nord-Est). Des records absolus (tous mois confondus) pourront même être battus sur le nord de la Nouvelle-Aquitaine et le sud de la région Centre-Val de Loire.
On recense 43 vagues de chaleur en France depuis 1947. La dernière vague de chaleur recensée officiellement a eu lieu en août 2020. Les vagues de chaleur recensées depuis 1947 à l’échelle nationale ont été sensiblement plus nombreuses au cours des dernières décennies. Sur les 35 dernières années, elles ont été 3 fois plus nombreuses que sur les 35 années précédentes. Le nombre de jours de vagues de chaleur a été multiplié par 9.
Canicule : quels impacts sur la sécheresse et le risque incendie ?
La Direction générale de la Sécurité civile recommande une grande prudence pour les journées du vendredi 17 et du samedi 18 juin 2022 en raison de la situation caniculaire et du fort danger d'incendies qui en découle, particulièrement pour la végétation basse (champs agricoles, friches, bords de route...). Les départements en vigilance rouge canicule sont particulièrement exposés à ce risque.
Ce danger météorologique d'incendie très élevé est lié à des conditions très chaudes et sèches, modérément ventées samedi.
Les niveaux d’humidité des sols sur la France sont bas et atteignent actuellement les niveaux d’une fin juillet.
Les situations caniculaires sont des situations propices aux départs de feux d’espaces naturels, avec des masses d’air très chaudes et sèches. La végétation basse (friches, champs, herbacées…) est particulièrement sensible à ces conditions, d’autant plus que cette strate de végétation est déjà affectée par des conditions de sécheresse dignes d’une mi-juillet. Les épisodes de vent ont alors tendance à renforcer et aggraver les nombreux départs de feu par une propagation rapide.
Ainsi, dans le Gard, le 28 juin 2019, la première vigilance rouge canicule de l’histoire du dispositif a été marquée par de multiples départs de feu de végétation : plus de 50 départs de feux pour près de 370 ha brûlés.
Épisodes historiques de canicule
La canicule du 2 au 14 août 2003 a été exceptionnelle par sa durée (deux semaines) entre le 1er et le 15 août, son intensité et son extension géographique. L'été 2003 est le plus chaud jamais observé depuis 1950. Plus récemment, les canicules de juin et de juillet 2019 ont elles aussi été remarquables.
Depuis 2002, on recense en France 50 vigilances rouge déclenchées pour des phénomènes météorologiques dont 3 vigilances canicule :
- 27-29 juin 2019 ;
- 24-26 juillet 2019 ;
- 7-12 août 2020.
Les journées les plus chaudes enregistrées à l’échelle de la France métropolitaine, depuis 1947 (création de l’indicateur thermique national) sont le 5 août 2003 et le 25 juillet 2019, avec une température de 29,4 °C enregistrée en moyenne sur la France.
Record absolu de chaleur en France métropolitaine : 46,0 °C à Vérargues (Hérault) le 28 juin 2019.
Le changement climatique en cause ?
Pour attribuer un événement météorologique extrême comme une canicule au changement climatique, il faut procéder à une étude d'attribution. La science de l’attribution pose un cadre méthodologique pour évaluer le degré d'influence du changement climatique sur un événement météorologique. Depuis 2014, les scientifiques du World Weather Attribution, un réseau international de scientifiques, se sont spécialisés dans ce domaine.
Des études d'attribution ont déjà été effectuées sur la canicule de juin 2019. Dans un contexte de changement climatique, les canicules d’une telle intensité sont au moins 5 à 10 fois plus fréquentes aujourd’hui qu’il y a un siècle. Elles sont aussi plus chaudes de 1,8 à 4 °C que si elles s’étaient produites au siècle dernier.
Les vagues de chaleur dans un contexte de changement climatique
Selon les dernières projections climatiques dévoilées fin 2020 à l’occasion de la publication du rapport DRIAS, le nombre de jours de vagues de chaleur ou de canicule est annoncé en hausse dans tous les scénarios d'émissions avec une intensité dépendant fortement du scénario et de l’horizon temporel.
En fin de siècle, les projections indiquent que le nombre de jours de vagues de chaleur doublera avec un scénario de forte réduction des émissions de gaz à effet de serre ( RCP2.6), sera multiplié par un facteur 3 à 4 pour un scénario intermédiaire de baisse différée des émissions (RCP4.5), et 5 à 10 en cas de fortes émissions (RCP 8.5).
Les nuits tropicales quasi inconnues dans le nord de la France pourront revenir régulièrement en scénario de forte réduction des émissions tandis que leur nombre pourra atteindre (hors région méditerranéenne) 15 à 25 jours selon en scénario intermédiaire, et 30 à 50 jours dans un scénario de fortes émissions.
Cette évolution est exacerbée dans les régions actuelles les plus chaudes, notamment l’arc méditerranéen, le couloir rhodanien et la vallée de la Garonne. Sur ces régions, les vagues de chaleur et journées caniculaires pourront s’étaler sur des périodes supérieures à un ou deux mois en été.