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Quelles nouvelles d’El Niño en 2024 ?

10/01/2024

El Niño est une variation naturelle du climat qui induit un réchauffement planétaire et une augmentation de certains événements extrêmes. El Niño s’est mis en place au printemps 2023 et a cru pendant l’été et l’automne. Il semble avoir atteint son pic ces dernières semaines, avec une amplitude marquée, mais moins forte que l’épisode de 2015-2016.

Retour du phénomène El Niño

El Niño est un phénomène qui concerne la zone équatoriale de l’océan Pacifique. Il se produit avec une périodicité de deux à sept ans environ. Le dernier épisode important enregistré avant celui en cours remonte à 2015-2016.

Lorsque l’événement El Niño survient, la situation considérée comme normale dans le Pacifique s’inverse. En basse altitude, les vents d’est faiblissent, voire s’inversent, l’océan devient plus chaud aux abords des côtes du Pérou. Les eaux chaudes de surface, habituellement à l’ouest, gagnent le centre du Pacifique et les zones de plus fortes précipitations se décalent également.

Quelle est la situation aujourd’hui ?

L'épisode El Niño qui a débuté au cours de l’été 2023 a continué à progresser au cours de l’automne, sans toutefois atteindre l’amplitude des épisodes historiques de 1997-1998 et 2015-2016.

Actuellement, les anomalies de température de surface de la mer sont de l’ordre de 2 degrés sur le centre du Pacifique Équatorial par rapport à la période de référence (indice calculé par l’anomalie moyenne sur la région définie entre 5° N et 5°S, et 170°W et 120°W, appelée “Niño3.4”). Ces dernières semaines, le réchauffement de ces eaux de surface s’est ralenti, signe que l’on est arrivé au pic du phénomène. L’empreinte des eaux les plus chaudes se déplace également graduellement vers l’ouest.

Anomalie moyenne mensuelle des températures de surface de l’océan sur la région Niño 3.4 de janvier 2022 à décembre 2023 inclus (analyse Mercator Ocean International)

Comment évoluera El Niño ?

Dans les mois qui viennent, les prévisions indiquent un retour progressif vers des conditions plus neutres sur le Pacifique Équatorial d’ici la fin du printemps ou le début de l’été 2024.

Les conséquences de ce phénomène sont variées. En fonction de son intensité, des anomalies au niveau atmosphérique se propagent au nord et au sud du Pacifique, au-delà donc de la zone équatoriale. Le régime des cyclones du Pacifique a pu être modifié. Les hivers, qu’ils soient doux ou sévères, sont affectés en Amérique du Nord et centrale. L’intensité des pluies varie d’un côté ou de l’autre de l’Amérique du Sud ou de l’Australie. À l’échelle mondiale, El Niño peut conduire à une légère augmentation de la température moyenne de la planète si l’événement est marqué.

À l’heure actuelle, certains des impacts typiquement attendus à l’échelle planétaire sont d’ores et déjà observés, même si El Niño n’est pas l’unique acteur sur la scène du climat mondial. Le début d’hiver a ainsi été plus doux sur l’Amérique du Nord.

Et sur l’Europe ?

Les effets statistiques d’un événement El Niño sur le climat européen diffèrent entre le début de l’hiver et la fin de l’hiver. Généralement, lors d’un épisode El Niño marqué, on observe plus souvent, en début d’hiver, des conditions dépressionnaires sur le proche Atlantique. Cela se traduit sur l’Europe de l’Ouest par des températures plus douces et des conditions plus humides que la normale.

En fin d’hiver, des travaux de recherche suggèrent qu’El Niño peut favoriser des circulations atmosphériques proches d’une phase négative de l’oscillation Nord Atlantique, donc un affaiblissement des gradients de pression entre le nord et le sud du bassin Nord Atlantique qui tend à favoriser des conditions plus sèches que la normale au nord de l’Europe et plus humides sur le nord du bassin méditerranéen.

Si sur l’Amérique du Nord et l’ouest du bassin Atlantique on retrouve dans les modèles utilisés pour élaborer les tendances saisonnières l’influence de l’épisode El Niño en cours, sur l’est de la région Nord Atlantique et l’Europe les signaux sont moins clairs pour ce premier trimestre 2024.

La réponse atmosphérique à El Niño n’est pas le seul pilote du climat à l’échelle saisonnière, et l’état des surfaces océaniques sur d’autres régions du globe, mais aussi la stratosphère, peuvent jouer un rôle déterminant en hiver sur les moyennes latitudes de l’hémisphère Nord.

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