Précipitations Pourquoi les épisodes méditerranéens sont difficiles à prévoir ?

Infoclimat / cyclone30

Pourquoi les épisodes méditerranéens sont difficiles à prévoir ?

15/09/2023

Les épisodes méditerranéens, parfois qualifiés d’épisodes cévenols, sont des systèmes orageux très violents pouvant stationner sur les régions du pourtour méditerranéen. Ils apportent beaucoup de pluie et provoquent des inondations torrentielles en très peu de temps. Ils sont particulièrement difficiles à anticiper, même si des progrès importants ont été réalisés en termes de prévisions.

La prévision des épisodes méditerranéens s’avère complexe. Ce se sont en effet des phénomènes de petites échelles qui évoluent sur une courte durée (quelques heures) et qui concerne une zone géographique limitée (quelques dizaines de kilomètres). Des progrès constants sont réalisés, que ce soit sur les outils de prévision numérique ou sur les moyens d’observation, pour améliorer l’anticipation de ces phénomènes.

Les épisodes méditerranéens, comme les orages qu’ils engendrent, sont des phénomènes de fine échelle, résultant de processus physiques complexes, et qui font intervenir de nombreux "ingrédients" atmosphériques : la température de l'air en surface et en altitude, la variation du vent selon l'altitude et l'humidité de l'air près du sol. Ils touchent une aire géographique restreinte de quelques dizaines de kilomètres pendant une période de quelques heures seulement. Ils peuvent aussi se déplacer ou stationner au même endroit, ce qui rend très difficile la prévision de leur localisation précise.
 

La prévision des orages

On ne prévoit pas un orage, mais un risque d’orage. Quelques jours avant, les modèles permettent d’anticiper les conditions favorables aux orages sur une zone large (typiquement à l’échelle d’un département ou d’un ensemble de départements) mais ils ne permettent pas d’être précis (trajectoire, stationnarité, quantité de précipitations et intensité des rafales) à l’intérieur de cette zone.

À des échéances de l’ordre de l’heure, la prévision devient plus précise grâce aux mesures des satellites, des radars et du réseau de stations météorologiques qui permettent de suivre l’évolution des systèmes orageux.

Des progrès et des efforts constants pour mieux anticiper

Les modèles numériques de prévision du temps ne représentent que partiellement les phénomènes de petite taille. S’ils peuvent identifier les zones géographiques qui réunissent les conditions favorables au développement des cumulonimbus (nuages associés aux orages) et donc le déclenchement des orages, ils ne peuvent pas déterminer précisément leur localisation, ni leur intensité.

Cependant, les modèles à plus haute résolution permettent de progresser dans la prévision des orages. Grâce à une maille de 1,3 km, le modèle Arome prend mieux en compte les effets du relief et de la nature des sols, les diverses observations disponibles et en particulier celles issues des radars de précipitations. Il décrit aussi plus précisément les processus physiques responsables du déclenchement des orages. Leur développement et leur évolution sont ainsi simulés de manière plus réaliste, et la zone concernée de l'ordre de quelques dizaines de kilomètres.

Pour pousser ces progrès toujours plus loin, des actions sont menées en continu sur l’ensemble de la chaîne de prévision numérique du temps : renforcement du réseau d’observation et intégration de nouvelles données, amélioration des modèles de prévision et renforcement de l’expertise des prévisionnistes, adaptation des moyens et outils de communication et de coordination.

Ainsi, de nouveaux radars sont régulièrement installés pour compléter le réseau de Météo-France. Neuf radars couvrent ainsi le littoral méditerranéen et la Corse. À cela s’ajoutent de nouvelles bouées pour renforcer le dispositif d’observation en mer. Elles améliorent la couverture en Mer Méditerranée pour évaluer l’intensité des phénomènes météorologiques avant qu’ils touchent terre. Une bouée a été installée en juin 2023 au large d’Ajaccio, quatre autres seront déployées entre juin 2023 et fin 2024. En fin depuis 2022, le programme Météosat Troisième Génération a débuté avec la mise en orbite d’un nouveau satellite météorologique qui acquiert des informations qui vont permettre aux modèles météorologiques d’améliorer la détection des phénomènes dangereux.

Enfin, les chercheurs du Centre National en Recherches Météorologiques travaillent sur toutes ses étapes pour progresser dans la compréhension des épisodes méditerranéens et permettre aux prévisionnistes de disposer de toujours plus de données et d’outils pour améliorer l’anticipation de ces phénomènes dangereux.