Vigilance

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La Vigilance, premier maillon de la chaîne d’anticipation des dangers météorologiques

31/01/2025

Le dispositif national de Vigilance informe les citoyens, les autorités et les médias en cas de phénomènes météorologiques dangereux. Opérée par Météo-France pour les pouvoirs publics, la Vigilance météorologique complète les prévisions et vise à attirer l’attention de tous sur les dangers potentiels d’une situation météorologique et à faire connaître les précautions pour se protéger. Elus, pratiquants de sports en plein air, professionnels de santé, ils témoignent de l’utilité de la Vigilance.

« La météo, c’est fondamental pour notre pratique »

« La météo, c’est fondamental pour notre pratique », témoigne Émilie Magaud, grimpeuse amateur. « Quand il pleut, il ne faut pas grimper. La roche humide est friable et les prises se cassent beaucoup plus facilement. Le plus dangereux c’est la foudre, car on est très exposé en altitude, et avec tout le matériel en métal que l’on porte, il y a de quoi avoir peur. »

L’étudiante de 25 ans se rend régulièrement dans les Alpes-Maritimes pour s’attaquer à des voies d’escalade sur des parois rocheuses. Avant de partir, elle jette toujours un œil sur les prévisions météo mais surtout à la Vigilance, avec une attention particulière aux risques d’orages et aux risques de fortes pluies et d’inondations, deux des 9 phénomènes couverts par la Vigilance de Météo-France, matérialisés par des pictogrammes de couleurs, vert, jaune, orange ou rouge, représentant le niveau de danger activé pour le département.

« Je vais souvent grimper dans la vallée de la Gordolasque, en Vésubie, où il y a eu de grosses inondations et des villages détruits », raconte la jeune femme originaire de Cannes. « Si j’ai prévu d’y aller et qu’il y a une Vigilance dans le département, peu importe la couleur, je n’y vais pas. C’est tellement risqué, la route peut être bloquée rapidement par les inondations ou même s’effondrer. »

« La plupart des gens ne se rendent pas compte de la force de l’eau »

Mise à jour quotidiennement au moins deux fois par jour (à 6 h et à 16 h), la Vigilance permet à tous les citoyens d’anticiper au mieux leurs déplacements et d’adopter les bons réflexes pour se mettre en sécurité, protéger les autres, mais aussi préserver ses biens et ses activités. Mathieu Vieille, 12 fois champion de France de kayak, entraîneur et désormais éducateur sportif auprès d’établissements scolaires à Saint-Jean-de-Losne, près de Dijon, connaît particulièrement bien les dangers de la rivière et les conséquences des orages sur son terrain de jeu. Les sapeurs-pompiers du service départemental d'incendie et de secours (SDIS) du Doubs font d’ailleurs appel à son expertise pour les formations aux interventions en eau-vive.

« Lors de crues, si une personne se fait embarquer par le courant, c’est très compliqué d’aller la chercher », explique le kayakiste. « La plupart des gens ne se rendent pas compte de la force de l’eau. À partir du moment où elle arrive au niveau des genoux, on ne peut plus résister, on est emporté. Et sous l’eau, il y a plein d’obstacles sur lesquels on peut déferler et se blesser. »

« À Goudargues, il faut être attentifs dès la Vigilance jaune, on le sait. En 2002, il y a eu 3,50 m d’eau dans le village ! » s’exclame Fred Mahler, le maire de Goudargues dans le Gard, « toujours sur le qui-vive » face aux pluies intenses déversées par les épisodes méditerranéens. « Si on a une crue de la Cèze en amont, on a moins de 6h pour anticiper et mettre en œuvre des mesures de protection de la population ». En six mois, le maire a déjà fermé à dix reprises le pont submersible de son village de 1 150 habitants.

Diffuser les bons comportements pour se protéger

Le 10 mars 2024, alors que le Gard était placé en Vigilance orange pour crues (la Vigilance crues est opérée par Vigicrues, NDLR), Fred Mahler a passé toute la nuit à la mairie en cellule de crise. À 5 h du matin, il avertit du danger tous les habitants de sa commune à l’aide d’un automate d’appel, les incitant à rester chez eux. Deux heures plus tard, il apprend le décès de deux personnes emportées par le courant après s’être engagées en voiture sur un pont submersible départemental. Un drame qui vient rappeler l’importance de multiplier les messages de prévention.

En situation de Vigilance orange et rouge, des conseils de comportement élaborés par les pouvoirs publics sont indiqués sous la carte et dans les bulletins de Vigilance diffusés par Météo-France. Ils sont relayés par les préfectures, les mairies et les médias. Pour le kayakiste Mathieu Vieille, en cas de phénomène météo dangereux, il est « primordial que les gens soient informés et restent chez eux. » Si la carte de Vigilance signale un épisode météo dangereux dans son département pour la journée en cours ou le lendemain, Mathieu ne prend aucun risque et reporte la sortie prévue avec les enfants qu’il encadre.

« Depuis la canicule de 2003, on est beaucoup plus préparé »

Météo-France est le premier maillon d’une chaîne d’avertissement réactive. Dès l’activation d’une Vigilance sur le département de la Haute-Garonne, Océane Aeschelmann, directrice de deux Établissements d'accueil médicalisé (EAM) à Balma et à Mons, près de Toulouse est avertie par mail par l’Agence Régionale de Santé, qui relaie les bulletins Vigilance émis par Météo-France.

« On connaît ainsi le type d’événement, orage ou canicule par exemple, la date, l’heure du début et de fin de l’épisode, la qualification de l’événement, l’évolution prévue, les conséquences possibles et les conseils de comportement », énumère la directrice. « Grâce à ces infos, on envoie un e-mail à toutes les équipes rappelant les conseils de comportement et, parfois, on annule des événements. »

Comme les sorties à la ferme pédagogique entourée d’arbres, explique-t-elle : « Lorsqu’il y a une Vigilance vent, on n’y va pas. On donne des consignes aux équipes : "Demain, merci de restreindre les sorties au strict nécessaire, rendez-vous médicaux, etc." »

En cas de canicule et de grand froid, des protocoles précis, chiffrés, ont été préparés à l’aide du médecin coordonnateur. « Depuis la canicule de 2003 et les nombreux décès cet été là, on est beaucoup plus préparé », souligne Océane Aeschelmann, qui profite de cette discussion pour mettre à jour ses protocoles et s’abonner aux notifications de la Vigilance sur l’application de Météo-France.

Restez prudents et tenez-vous informés : La Vigilance météorologique