La sécheresse pointe sous l'anticyclone
10/02/2023 La situation anticyclonique qui règne depuis quelques semaines sur la France se caractérise par l’absence de précipitations. Ce n’est pas sans conséquence pour l’humidité des sols. Exemple à Paris et dans les Pyrénées-Orientales.
Paris a la pression
Depuis le 21 janvier les pressions en France sont très élevées, évoluant souvent au nord entre 1020 et 1045 hPa, des niveaux très élevés (cf. Figure 1). La station Paris Montsouris dispose de données continues* de pressions réduites au niveau de la mer moyennes quotidiennes depuis 1958, soit 65 ans de données. Sur ces 65 dernières années, observer une série de 21 jours (21 janvier au 10 février, série en cours) avec une pression moyenne supérieure à 1025 hPa est inédit. Sur ce seuil de 1025 hPa et depuis 1958, les séries de jours consécutifs les plus longues étaient de 20 jours, en février 1959, en octobre/novembre 1978 et… en janvier 2022. Comme les conditions anticycloniques vont perdurer au moins une semaine, il est très probable que la série dépasse les 25 jours.
Le cas particulier de Paris illustre une séquence de temps très calme et souvent sèche, même si le soleil a brillé par son absence fin janvier. Les rares précipitations, souvent sous forme de bruines, n’ont apporté que des cumuls de pluie très faibles.
Les Pyrénées-Orientales bien moins arrosées
Dans les Pyrénées-orientales, la saison 2022 / 2023 est la plus sèche jamais rencontrée depuis 1959, c’est-à-dire à la date de disponibilité des premières données. En effet, de septembre 2022 à janvier 2023, une période qui constitue partiellement la saison de recharge, la pluviométrie est très déficitaire avec des déficits allant de 40 % sur l’intérieur du département jusqu’à 60 % sur la côte. Entre septembre 2022 et janvier 2023, il est tombé 173 mm pour une normale (1991 – 2020) de 395 mm soit, un manque d’eau d’environ 220 mm. La pluviométrie est déficitaire depuis le mois de septembre dernier et les déficits ont dépassé les 60 % sur les mois d’octobre à janvier. Il est pourtant à noter que les mois d’octobre et novembre (et, avril et mai) sont climatologiquement les mois les plus arrosés sur ce département.
Depuis le 22 décembre, l’état des sols dans les Pyrénées-Orientales est dans une situation exceptionnelle au point qu’au 7 février, il correspond à une situation que l’on rencontre habituellement fin juillet ou début octobre.
Un déficit de précipitation sur tout le pays
Cette séquence avec des pluies trop rares ou absentes en France (à l’exception d’épisodes pluvio-neigeux ayant touché les Alpes frontalières, la Corse ou les Pyrénées-Orientales) est par définition une période de sécheresse météorologique, qu’on peut illustrer en regardant le cumul quotidien des précipitations.
On est déjà à 21 jours (21 janvier → 10 février) avec cumul quotidien sur la France inférieur à 1 mm, ce qui est exceptionnel pour un hiver climatologique ou un premier trimestre (janvier à mars). Le record en la matière depuis 1958 est de 22 jours pendant l’hiver 1989, puis 21 jours en mars 2003. Tous mois confondus, la période de sécheresse météorologique en France ainsi définie la plus longue a été observée lors du premier confinement de 2020 (31 jours du 17 mars au 16 avril).