
Infoclimat /Jean-Michel Mitteau
Les gelées printanières, un danger pour la végétation ?
01/04/2022Comme en 2021, la conjonction d'un printemps précoce suivi d'un épisode de gel accentue le danger pour les cultures. Les gelées du mois de janvier ont permis de satisfaire le besoin en froid des cultures nécessaire au démarrage de la végétation. La douceur qui a suivi, notamment ces derniers jours, a favorisé le débourrement, c'est à dire le bourgeonnement de la végétation. Les cultures sont particulièrement sensibles au gel à ce stade, en particulier les arbres fruitiers et la vigne, avec des pertes partielles de plus de 50 % des récoltes (certains vignobles de la vallée du Rhône ont subi localement des pertes de 80 % en 2020).
Les gelées plus dangereuses au printemps
C'est au printemps que les épisodes de gels sont les plus dangereux car à cette période les cultures sont à un stade plus avancé.
Les seuils de sensibilité au gel vont varier selon les cultures considérées, les variétés, mais aussi leur stade de développement.
À titre d'exemple, certaines cultures peuvent très bien résister aux fortes gelées de janvier-février parce qu'elles sont en dormance/repos végétatif, mais subir des dégâts lors d'épisodes de gel beaucoup plus légers, en termes de température mesurée, une fois en phase de débourrement et lorsque les bourgeons sont alors bien plus fragiles.
Les stratégies des agriculteurs
Les agriculteurs connaissent bien ce fléau et, pour certains, sont assurés et/ou équipés pour lutter contre les températures négatives sur leurs parcelles.
On parle de lutte indirecte quand l'agriculteur met en place des stratégies d'évitement et pratiques culturales pour ne pas confronter ses cultures aux gelées pendant les phases où elles sont le plus sensibles (décalage des semis, adaptations des variétés, …). Cette technique n’est pas toujours applicable dans les vergers et pour les vignes notamment.
La lutte directe consiste à déployer des moyens de protection, de brassage de l'air, de chauffage, ou d'aspersion des cultures, comme on a pu le voir les nuits dernières dans certaines régions.
La situation actuelle
Les dégâts sur les cultures dépendront de l'intensité du phénomène gélif, qui peut être accentuée par différents facteurs, notamment la présence de neige au sol qui peut localement faire descendre les températures de plusieurs degrés par rapport à un sol nu, l'absence de vent qui limite le brassage de l'air, ou les éclaircies nocturnes . L'intensité du gel peut également être aggravée par la nature des sols (sableux, calcaires notamment), sur un sol humide, sur les reliefs et dans les fonds de vallée.
Les dégâts les plus forts sont à attendre dans les zones où la température descendra en dessous de -5 °C pendant plus de 2h, ou en dessous de -2 °C pendant une dizaine d'heures.
Gelées printanières et changement climatique
Les gelées de printemps continuent à se produire malgré le réchauffement climatique.
En effet, on assiste à une avancée des calendriers culturaux, et les arbres fruitiers ou la vigne sont ainsi toujours soumis au même risque de gel sur floraison ou jeunes bourgeons (floraison et débourrement apparaissent plus tôt dans l’année, le risque de gel à ces stades n'est pas pour autant diminué).