Sécheresse : la situation reste préoccupante
17/05/2023Dans la continuité de 2022, la France a subi une sécheresse météorologique préoccupante cet hiver, suivie d’une amélioration pluvieuse depuis le mois de mars. Après un assèchement très précoce des sols dès la mi-janvier et jusqu’en février, atteignant des niveaux normalement rencontrés en avril, les sols se sont ré-humidifiés grâce aux précipitations des mois de mars et avril. Certaines régions sont encore en fort déficit de précipitations.
Quelle est la situation actuelle en France ?
Le mois de septembre, excédentaire de 15 %, a été suivi par un mois d’octobre très déficitaire (-35 %). Les mois de novembre, décembre et janvier ont été relativement proches de la normale. Le mois de février a été marqué par un déficit important de 75 % (soit -50 mm). Le mois de mars a été excédentaire (96 mm) avec 1,4 fois la normale de précipitations d’un mois de mars classique. Le cumul de mars 2023 correspond à un cumul normal d’un mois de décembre.
L’hiver permet habituellement aux sols de se gorger d’humidité, aux nappes souterraines et rivières
de retrouver leurs niveaux habituels. Cette période dite « de recharge des nappes » est cruciale pour
que les stocks d’eau se reconstituent.
Le printemps s’accompagne de la reprise de la végétation, d’une hausse normale des températures
se traduisant généralement par un assèchement naturel des sols. Le printemps est également
marqué par la fonte du manteau neigeux accumulé en hiver alimentant en eau certains fleuves et
rivières.
Sur la saison de recharge 2022 – 2023, la pluviométrie à l’échelle de la France présente un déficit de l’ordre de 10 % (- 53 mm), déficit plus faible que le déficit de 20 % (- 110 mm) sur la saison de recharge 2021 – 2022. Les régions touchées par ces déficits ne sont toutefois pas les mêmes en 2022 et 2023.
Des pluies hétérogènes depuis début avril
Au cours du mois d’avril, les précipitations ont été proches des normales à excédentaires au nord de la Seine et sur le Sud-Ouest. Elles ont été légèrement déficitaires sur el Centre-Ouest. Sur le Sud-Est et la Corse, les précipitations ont été très déficitaires.
Entre le 1er et le 14 mai, on a enregistré entre 20 et 60 mm sur la Métropole avec localement 80 mm sur le relief. Sur l’ouest du pourtour méditerranéen, les cumuls restent inférieurs à 20 mm.
Cumul mensuel des précipitations - mai 2023 (au 14 mai)
Quelles conséquences sur les sols ?
Les précipitations proches des normales de novembre à janvier n’ont pas permis de ré-humidifier suffisamment les sols pour les ramener jusqu’à une situation normale pour la saison sur une période prolongée. Les sols superficiels se sont fortement asséchés en février en raison du déficit important de précipitations.
En revanche, les précipitations de mars à avril 2023 ont permis de considérablement ré-humidifier les sols. En moyenne sur la France, les sols sont dans une situation plus humide que la normale.
Cette moyenne sur le territoire ne doit pas masquer une situation contrastée selon les régions : des sols significativement plus humides que la normale sur une grande partie du territoire (en particulier sur la moitié nord), autour des normales sur le Sud-Ouest mais plus secs que la normale sur l’est de l’Occitanie, la Corse, et Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Sur le pourtour méditerranéen, la sécheresse des sols est même exceptionnelle, comparable à une situation normale de la fin juin.
Quantile de l'indice de l'humidité des sols par département au 14 mai 2023
Plus le quantile est bas (plage de couleur rouge), plus cela correspond à une situation de sécheresse rarement observée à cette période de l’année.
Un quantile proche de 5 correspond à une situation habituellement observée à cette période de l’année.
Un quantile élevé (plage de couleur bleue) correspond à des sols plus humides qu’habituellement à cette période de l’année.
La situation demeure peu satisfaisante sur une grande partie du pays
Après une période de recharge courte et peu intense durant l’automne et l’hiver 2022-2023, les précipitations de mars et d’avril ont engendré des épisodes de recharge des nappes, les pluies, dans la moitié nord du pays, ont surtout amélioré l’humidité des sols, réduisant les besoins d’irrigation de l’agriculture. La situation s’améliore considérablement sur les nappes du Massif armoricain, du littoral de la Manche et du Grand-Est. Ailleurs, les pluies ont eu peu d’impact sur les tendances et l’état des nappes. La situation demeure peu satisfaisante sur une grande partie du pays : 68% des niveaux des nappes restent sous les normales mensuelles en avril (75% en mars 2023) avec de nombreux secteurs affichant des niveaux bas à très bas.
La carte ci-dessous, établie par le BRGM décrit la situation au 1er mai.
Situation des nappes au 1er mai 2023