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Climadiag Chaleur en ville : comment adapter sa ville à la surchauffe urbaine ?
17/06/2025Météo-France propose aux collectivités locales le service Climadiag Chaleur en ville pour caractériser la surchauffe urbaine et simuler l'effet des politiques publiques destinées à la réduire.
Un des atouts de la modélisation employée par Météo-France est de pouvoir modifier les données décrivant l’occupation du sol en entrée du modèle, afin d’évaluer l’impact de scénarios d’adaptation comme la réduction des surfaces imperméables par végétalisation, ou l'ajout d'arbres sur des espaces végétalisés existants ou bien encore la pose de matériaux réfléchissants sur les toits ou les murs extérieurs par exemple.
Que permet le service Climadiag Chaleur en ville ?
Ce service payant permet de caractériser l’intensité actuelle de la surchauffe urbaine (dont le phénomène d’îlot de chaleur urbain), et de connaître l’évolution du nombre de nuits chaudes et très chaudes, quartier par quartier, pour les niveaux de réchauffement de la TRACC aux horizons 2030, 2050 et 2100 grâce à une modélisation à très haute résolution (100 mètres).
Climadiag Chaleur en ville : quels résultats peut fournir une étude sur la surchauffe urbaine ?
Climadiag Chaleur en ville permet pour chaque commune étudiée de :
- obtenir un diagnostic actuel à haute résolution (jusqu'à 100 mètres) de l’effet d’îlot de chaleur urbain de l’air et du confort thermique des habitants à l’échelle de leur territoire, permettant de cibler les quartiers les plus exposés et pouvant donc nécessiter des aménagements ou la mise en place de solutions plus ponctuelles pour lutter contre ces effets ;
- évaluer l’impact de scénarios d’adaptation (verdissement de la ville, changement d'albédo des matériaux, dés-imperméabilisation...) sur l’îlot de chaleur urbain et le stress thermique (100 m de résolution) ;
- connaître l’évolution de la température nocturne en ville en climat futur (100 m de résolution) avec ou sans scénario d’aménagement pour anticiper les politiques d’adaptation.
> Télécharger la brochure Climadiag Chaleur en ville
Vidéo : que fait Météo-France pour lutter contre la surchauffe urbaine ?
Comment diagnostiquer la surchauffe urbaine et limiter son impact sur les populations ?
L'exemple d'îlot de chaleur urbain sur l’Eurométropole de Strasbourg
L’étude réalisée par Météo-France montre que l'intensité de l'îlot de chaleur urbain est plus marquée en été caniculaire (>+3 °C) que lors d'un été normal (>+2 °C). Les zones les plus exposées correspondent aux secteurs les plus densément bâtis (centre-ville de Strasbourg et des communes de l’agglomération).
Des simulations ont été faites pour tester deux scénarios d’aménagement urbain :
- l’un en ajoutant jusqu’à 20 % de végétation dans chaque « maille » par rapport à l’existant (végétation irriguée)
- l’autre en ajoutant en plus de la végétation une couche extérieure réfléchissante sur les murs et les toits de tous les bâtiments.
L’introduction de végétation abaisse la température de l’air en particulier vers 1h et 14h et améliore le confort thermique extérieur sur la journée. L'ajout de matériaux réfléchissants permet de diminuer la température la nuit mais vient dégrader le confort thermique extérieur en journée, conduisant donc à privilégier les toits réfléchissants plutôt que les murs, et combiner avec une stratégie de végétalisation afin de limiter l'effet négatif en journée, grâce à l'ombrage des arbres.
Répartition spatiale de l’ICU sur Strasbourg pour un été normal et caniculaire (simulation à 250 m de résolution)
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Betrand Rigal, directeur de la Transition écologique, communauté urbaine du Grand Reims (Marne)
Pourquoi s’intéresser au phénomène d’îlot de chaleur urbain sur votre territoire ?
Lors de l'élaboration du plan climat-air-énergie territorial du Grand Reims (Marne), une étude est parue menée par Météo-France (une unité mixte de Météo-France et du CNRS), et qui diagnostiquait le phénomène d'îlot de chaleur urbain. Dans le cadre de cette étude, Reims apparaissait en cinquième place parmi les 42 aires urbaines étudiées par Météo-France et le CNRS.Que retenez-vous de votre étude avec Climadiag Chaleur en ville ?
Ça nous a permis de définir spatialement, de préciser le phénomène d'îlot de chaleur urbain. Et également de le quantifier, d'en mesurer l'intensité. En été normal, le phénomène d'îlot de chaleur urbain sur certains quartiers de Reims, c'est de l'ordre de +4 °C par rapport à la moyenne du territoire. En période d'été caniculaire, ça peut monter jusqu'à d'îlot de chaleur urbain. On a vu également que certains quartiers très compacts de la ville-centre, donc Reims, étaient touchés, mais pas uniquement. Également des communes qui sont à l'extérieur de Reims, et même séparées par des zones végétalisées ou des zones agricoles sont exposées au phénomène d'îlot de chaleur urbain, certes avec une moindre intensité, mais quand même une intensité remarquable.Pourquoi est-ce nécessaire de diagnostiquer la surchauffe urbaine ?
Ce que je dirais aux autres collectivités, quelle que soit la taille. Il est vrai qu'on pense de prime abord aux aires urbaines, aux grandes aires urbaines, mais on s'aperçoit dans notre étude avec Météo-France et le Cerema que des communes plus rurales peuvent être touchées. Je dirais que c'est un travail de diagnostic préalable qui est très important. L'adaptation au changement climatique comme l'atténuation, c'est une priorité. Il ne faut pas perdre de temps, il faut s'engager dans l'action, mais pas n'importe comment. Donc ce travail réalisé avec Météo-France a permis et permettra aux collectivités autres que Reims et le Grand Reims, de cibler leurs actions, de prioriser les investissements.
Comment disposer d'un premier niveau d'information sur l'évolution du nombre de nuits chaudes sur sa ville en climat futur ?
Météo-France met à disposition un premier niveau d’information sur le site internet Climadiag Commune (rubrique “Santé”) relatif à l'évolution du nombre annuel de nuits chaudes à l'échelle de la ville.

