Changement climatique

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Climadiag Agriculture et Forêt, un service pour adapter le secteur agricole et forestier au réchauffement climatique

22/12/2025

Météo-France et Solagro mettent à disposition le service Climadiag Agriculture et Forêt qui permet d’évaluer la vulnérabilité de son exploitation agricole ou des territoires forestiers au changement climatique.

Que permet le service Climadiag Agriculture et Forêt ?

Climadiag Agriculture et Forêt est un service mis à disposition en accès libre aux acteurs de la filière agricole et forestier. Il leur permet d’évaluer la vulnérabilité de leurs pratiques et de leurs territoires au changement climatique pour près de 300 indicateurs ciblés par productions agricoles (grandes cultures, élevage, arboriculture...) et de premiers indicateurs dédiés à la forêt, pour une résolution géographique précise (8 km). Ces résultats permettent de poser des diagnostics correspondant aux différents niveaux de réchauffement (+2 °C à l'horizon 2030 , +2,7 °C à l'horizon 2050 et +4 °C à l'horizon 2100) fixés par la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC). Les résultats présentés s’appuient sur une approche multi-modèles pour prendre en compte les incertitudes liées aux simulations climatiques.

Vidéo L’agriculture face au réchauffement climatique : comment s’adapter ?

Reportage avec Sophie Martinoni-Lapierre, directrice de la climatologie et des services climatiques de Météo-France, Nicolas Métayer, directeur adjoint et responsable de l'activité climat de Solagro et Fabien Dutertre, conseiller énergie/climat à la chambre d'agriculture du Nord - Pas de Calais.

Des indicateurs pour les filières agricoles et forestières

Climadiag Agriculture et Forêt propose près de 300 indicateurs :

  • Indicateurs climatiques : il s’agit d’indicateurs généralistes comme la température, la pluviométrie, le cumul de déficit hydrique, le cumul de rayonnement, la vitesse moyenne du vent, etc.
  • Indicateurs agro-climatiques : ce sont des indicateurs qui croisent des variables climatiques avec des phénomènes impactant les productions agricoles. On retrouve les indicateurs spécifiques aux céréales à paille (blé, orge, etc.), aux cultures à cycle estival (maïs, tournesol), des indicateurs ciblant les difficultés possibles lors du semis (faibles précipitations) et les conditions climatiques automnales (jours de gel, déficit hydrique), des indicateurs ciblant la sensibilité des bovins aux vagues de chaleur, ainsi que les besoins en chauffage et ventilation des bâtiments d'élevage fermés, des indicateurs ciblant l'évolution de la disponibilité thermique pour la vigne, l’évolution de la fraîcheur des nuits pré-vendanges, etc.
  • Indicateurs pour la forêt : bilan hydrique, température, nombres de jours de gel, nombre de jours chauds, etc.

L’utilisateur peut ajuster finement les périodes et seuils des indicateurs pour disposer d’une information ciblée et permettre d’adapter ses pratiques. 

Les utilisateurs peuvent  également simuler les stades de développement des cultures de blé tendre, blé dur, maïs grain et maïs ensilage afin d’évaluer plus finement les impacts possibles des évolutions climatiques. La thématique Forêt sera complétée par de nouveaux indicateurs, notamment des indicateurs bioclimatiques liés à l’évolution des populations de ravageurs et des indicateurs du risque de feu, afin de renforcer l’accompagnement des acteurs forestiers face au changement climatique.

  • Afficher la transcription

    Date de maturité du blé tendre

    L’augmentation des températures entraîne une précocification de la date de récolte.
    Par exemple, à Bourges, pour une date de semis au 15 octobre, la date de maturité du blé tendre était le 6 juillet en 2010. Cette date devrait être le 3 juillet à l'horizon 2030 et le 29 juin à l'horizon 2050.
    Cela peut éviter l’échaudage mais réduire le potentiel de rendement.

     

  • Afficher la transcription

    Inconfort thermique des vaches laitières

    La vache laitière est très sensible aux conditions chaudes, au-delà de 25 °C elle peut souffrir de la chaleur, ce qui entraînera une diminution de la quantité de lait produite.
    Par exemple, à Nantes, le nombre de jours par an avec une température maximale supérieure à 25 °C était de 45 jours en 2010. Il devrait être de 53 jours à l’horizon 2030 et de 69 jours à l'horizon 2050.

  • Afficher la transcription

    Indice de fraîcheur des nuits (°C)

    Des nuits fraîches (10 – 15 °C) pendant la phase de maturation aident à préserver l’acidité naturelle
    du raisin (nécessaire dans l’équilibre du vin) et permettent le développement d’arômes complexes.
    À Avignon, la moyenne des températures minimales pendant la phase de maturation du raisin, période du 1er au 30 septembre, était de 15,43 °C en 2010. Elle devrait être de 16,15 °C à l'horizon 2030 et de 16,98 °C à l'horizon 2050.

Exemple de graphique sur Climadiag Agriculture montrant l’évolution du nombre de jours chauds pendant les vendanges en 2030, 2050 et 2100 à Landiras (33)

Retour d’expérience

Fabien DUTERTRE
Conseiller Energie / Climat
Chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais

Quel usage faites-vous de Climadiag Agriculture ? 

« Nous utilisons Climadiag Agriculture essentiellement pour faire des calculs d'indicateurs climatiques et agroclimatiques, dans le but de sensibiliser à la fois les agriculteurs, les conseillers, les élus, et inciter à des transitions. L’objectif est de faire prendre conscience du changement climatique qui est existant aujourd'hui et dont on commence à avoir clairement des conséquences observables au niveau agricole. »

Quelles mesures d’adaptation peuvent être envisagées pour adapter les exploitations ?

« En termes de mesures d'adaptation, plusieurs solutions existent, tout dépend de l'horizon dans lequel on se situe. Si l’on regarde sur du court terme, ce sera plutôt des mesures d'adaptation qui sont liées à des pratiques culturales ou des choix variétaux. Par contre, si l’on commence à se projeter à plus long terme, horizon 2050 voire au-delà, de nouvelles cultures peuvent être étudiées. Si l’on veut travailler sur de nouvelles variétés, il faut se poser les questions dès aujourd'hui car une variété met à peu près dix ans à être développée. »