Météo-France
Le climat futur en France : à quoi s'adapter ?
20/03/2025Températures et précipitations moyennes, variabilité interannuelle, événements extrêmes et impacts climatiques… À quoi ressemblera la France avec un réchauffement de 4 °C (par rapport à la période préindustrielle) ? Il est indispensable de connaître précisément les évolutions climatiques futures pour s’adapter.
À quel climat s’adapter selon la TRACC ?
Météo-France a rassemblé dans un rapport intitulé « À quel climat s’adapter selon la TRACC ? » une synthèse scientifique en deux parties décrivant le futur climatique de l’Hexagone et de la Corse. Il s’agit d’un document à vocation pédagogique pour faciliter la prise en compte de la Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC) par tous les acteurs de l’adaptation.
Télécharger le rapport « À quel climat s’adapter en France selon la TRACC ? » :
Vers une France à +4 °C
Le réchauffement moyen en France hexagonale et en Corse, attribué au changement climatique en 2023, est de +1,7 °C par rapport à la période préindustrielle et de nombreux effets sont déjà visibles. Ils influencent profondément l'ensemble des activités et des territoires. Sans renoncer aux efforts d’atténuation consistant à limiter les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines, il est nécessaire de préparer nos sociétés à une aggravation du changement climatique.
En effet, l’Europe se réchauffe plus vite que la moyenne planétaire. Ces niveaux de réchauffement se traduiraient en France hexagonale et en Corse par une hausse des températures moyennes de :
- +2 °C en 2030 ;
- +2,7 °C en 2050 ;
- +4 °C en 2100.
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Changement climatique : vivre à +4 °C en 2100*
Températures extrêmes
10 fois plus de jours de vagues de chaleur**
24 nuits chaudes (supérieures à 20 °C) par an
Jusqu’à 120 nuits sur le littoral méditerranéenFeux de forêt
Risque météorologique élevé sur tout le territoire
Jusqu’à 80 jours sur les régions méditerranéennesPluies intenses
+15 % d’intensité aggravant le risque d’inondation**
Enneigement
Moins de 2 mois de neige en moyenne montagne
Sécheresse des sols
Jusqu’à 2 mois supplémentaires de sol sec**
* En moyenne, selon la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC). Le réchauffement climatique se traduirait en France hexagonale et en Corse par une hausse des températures moyennes de +2,7 °C en 2050 et +4 °C en 2100 par rapport à 1900, avec des impacts sur notre vie quotidienne.
** Par rapport à la période de référence 1976-2005.
Températures et précipitations : à quoi s’attendre en 2100 ?
Dans une France à +4 °C, la température moyenne annuelle s’élèvera à 14,2 °C (contre 10,9 °C sur la période 1976-2005). Elle pourrait même atteindre des pointes à 15 °C sur l’agglomération parisienne, ce qui correspond au climat actuel de la région de Montpellier, et grimper au-delà de 18 °C sur la moitié sud, climat actuel de l’Andalousie.
Contrairement aux températures, l’évolution des précipitations présente des incertitudes importantes. À l’échelle annuelle, la valeur moyenne du changement est généralement faible avec une légère augmentation sur le quart nord-est du pays et une baisse dans le sud-ouest. Au niveau saisonnier, les contrastes se renforceraient : +15 % de précipitations en hiver en moyenne et -20 % en été.
Au-delà des évolutions moyennes, la variabilité interannuelle, c’est-à-dire les différences d’une année à l’autre, se maintiendra, voire se renforcera. En d’autres termes, si les valeurs moyennes du futur peuvent ressembler parfois aux valeurs extrêmes d’aujourd’hui, les « records » de demain seront bien plus sévères. En matière de température, l’année record 2022 deviendra à l’horizon 2100 une référence exceptionnellement fraîche tandis que des années plus chaudes de 2 °C à 3 °C en moyenne sont attendues.
Des extrêmes plus sévères
D’ici 2100, le réchauffement attendu transformera profondément notre climat…
Des étés de plus en plus caniculaires
Les températures extrêmes ont des impacts importants sur la santé humaine, la biodiversité et sur de nombreuses activités socio-économiques.
Record sur 20 ans de la température maximale de la journée la plus chaude de l'année selon les niveaux de réchauffement © Météo-France
Les étés futurs seront plus chauds que tous ceux connus jusqu’à aujourd’hui. Des températures supérieures à 40 °C pourront se produire tous les ans et des records de chaleur pourraient atteindre localement jusqu’à 50 °C. Il faut s’attendre à 10 fois plus de jours de vague de chaleur à l’horizon 2100.
Les régions méditerranéennes, habituées à des températures élevées, connaîtront ces épisodes de manière de plus en plus fréquente et durable. Les nuits chaudes, au-delà de 20 °C, seront la norme, avec jusqu’à 120 nuits par an sur le littoral méditerranéen.
Nuits chaudes : quelques valeurs sur 6 villes en France
Nombre moyen de nuits chaudes [valeurs minimales et maximales entre crochets]
À l’inverse, le nombre de jours de gel se réduira à une quinzaine de jours en moyenne sur la France. Dans les régions littorales et le sud, les gelées deviendront rares (seulement quelques jours par an) avec, cependant, un risque de dégâts importants si elles se produisent à des stades végétatifs plus avancés.
Jours de gel : quelques valeurs sur 6 villes en France
Nombre moyen de jours de gel [valeurs minimales et maximales entre crochets]
Des pluies intenses plus fortes
L’évolution des pluies intenses peut avoir des conséquences importantes sur les risques d’inondation par ruissellement et concerne de nombreux secteurs comme l’urbanisme, les transports ou l’agriculture via l’érosion des sols. Au-delà de l’augmentation des températures et notamment des extrêmes chauds, le changement climatique renforce globalement les pluies intenses.
Ainsi, dans une France à + 4 °C, les pluies intenses se renforceront, avec +15 % en moyenne et jusqu’à +20 % sur la moitié nord du pays, aggravant le risque d’inondation, notamment dans les secteurs fortement imperméabilisés comme les villes.
Évolution des pluies maximales quotidiennes annuelles selon les niveaux de réchauffement © Météo-France
Diminution de la ressource en eau
La ressource en eau est essentielle pour de nombreux usages (eau potable, agriculture, industrie, énergie) ainsi que pour les milieux naturels. Avec l’augmentation des températures et l’évolution saisonnière du cumul de précipitation, le changement climatique a de fortes conséquences sur le cycle de l’eau et la ressource en eau disponible.
L’évapotranspiration potentielle de la végétation augmentera fortement à l’échelle de la France (+ 20 %). La baisse du bilan hydrique s’accentuera, de façon plus marquée dans les régions méridionales avec des pertes d’eau supérieures à 200 mm par an, ce qui représente un tiers du cumul annuel de précipitations en moins.
Davantage de sécheresse
Toujours dans le contexte d’un niveau de réchauffement à +4 °C, la France connaîtra 1 mois supplémentaire de sol sec dans la moitié nord et jusqu’à 2 mois dans la moitié sud. Les sécheresses deviendront fréquentes en été et se poursuivront souvent en automne. Une sécheresse comme celle de 2022 deviendra un événement ordinaire en été. Certains événements de sécheresse pourront même s’étaler sur plusieurs années consécutives.
Évolution du nombre annuel de jours de sol sec selon les niveaux de réchauffement © Météo-France
Un risque de feux de forêt généralisé
Sous l’influence principale de l’augmentation de la température, qui accentue la sécheresse de la végétation, le changement climatique entraîne une aggravation du risque météorologique de feux de forêt. En 2022, 90 départements de l’Hexagone ont été concernés par au moins un feu significatif.
Pour un niveau de réchauffement en France à + 4 °C, les feux de forêt et de végétation, déjà fréquents dans le sud, gagneront du terrain, avec un risque élevé qui s’étendra régulièrement à tout le territoire. Ainsi certaines régions de la moitié nord (régions de la Loire au Bassin parisien) connaîtront un risque de feu élevé selon des fréquences rencontrées à ce jour sur l’arrière-pays méditerranéen. Quant aux régions méditerranéennes, le nombre de jours de risque élevé sera multiplié par deux. Enfin, la saison de risque élevé ou modéré de feux s’allongera de 1 à 2 mois dans certaines régions.
L’enneigement en baisse
La présence de neige en montagne est importante pour la ressource en eau. Or, dans un climat plus chaud, il y aura de plus en plus d’hivers peu enneigés même si cela pourra fortement varier d’une année à l’autre.
Dans une France à + 4 °C, le nombre de jours de neige au sol en hiver (enneigement supérieur à 5 cm) se réduira drastiquement sur tous les massifs.
En moyenne montagne, la saison d’enneigement continu deviendra inférieure à 2 mois, avec des conséquences multiples sur les activités et les milieux naturels.
L’urgence d’adapter notre société
Face à ces dérèglements, l’atténuation et l’adaptation sont essentielles : gestion de la ressource en eau, protection des forêts, amélioration des infrastructures et réponse aux risques. Ce rapport souligne l’importance de nous préparer dès maintenant à un climat différent avec des extrêmes plus sévères.
Comment adapter nos territoires ?
Toutes les régions de l’Hexagone ne sont pas exposées ni sensibles de la même façon aux différents risques climatiques. L’adaptation de nos sociétés nécessite de traduire la connaissance du climat futur en information directement interprétable et de la mettre en relation avec les vulnérabilités des territoires. Ainsi Météo-France fournit aux décideurs locaux un grand nombre d’indicateurs climatiques proches des impacts aux différents horizons de la TRACC à travers une large gamme de services climatiques couvrant différentes vulnérabilités : Climadiag Commune, Climadiag Agriculture ou Climadiag Chaleur en ville.
L’enjeu est de proposer une véritable aide à la décision en matière d’élaboration des stratégies d’adaptation au changement climatique.
La TRACC s’applique aussi à l’outre-mer et Météo-France proposera prochainement des jeux de projections climatiques adaptés pour chacun des territoires.
Les auteurs du rapport de Météo-France « À quel climat s’adapter selon la TRACC ? » : Jean-Michel Soubeyroux, Brigitte Dubuisson, Sébastien Bernus, Raphaëlle Samacoïts, Fabienne Rousset, Michel Schneider, Agathe Drouin, Thumette Madec, Marc Tardy, Lola Corre, Samuel Morin et Samuel Somot.