Une fin décembre exceptionnellement douce

04/01/2023

Le mois de décembre a été très contrasté du point de vue thermique en France : après une période froide entre le début de mois et le 18 décembre, plus marquée sur la moitié nord, un flux de sud-ouest faiblement perturbé a apporté une grande douceur sur l’ensemble du pays à partir du 19.

La 3e décade de décembre la plus douce jamais enregistrée

Ainsi entre le 17 et le 19 décembre, les températures ont gagné plus de 9 degrés en moyenne sur le pays en 48 heures. L’écart s’élève même à près de 13 degrés en Bretagne. La région Grand Est a pour sa part vu le thermomètre grimper en moyenne de 16,5 degrés en trois jours du 17 au 20.

Températures moyennes quotidiennes en France en décembre 2022, comparées aux normales 1991-2020. © Météo-France

La troisième décade de décembre (du 21 au 31) est la plus douce en France depuis le début de la série de données en 1947, avec un écart à la normale de 5,5 degrés. Avec une température moyenne de 11,2 °C à l’échelle du pays, le précédent record datant de 2002 (10,4°C) est assez largement battu. Cette valeur de 11,2 °C est légèrement plus élevée que pour une première décade d’avril normale (moyenne 1991-2020). Entre le 20 et le 31, 9 jours ont connu des températures dépassant les normales de plus de 5 degrés, le paroxysme ayant été atteint le 31, avec un écart de plus de 8 degrés. De nombreux records mensuels de températures minimales et maximales ont été battus en cette Saint-Sylvestre (cf. article détaillé).

Date	21/12	22/12	23/12	24/12	25/12	26/12	27/12	28/12	29/12	30/12	31/12	01/01
Tmin (°C)	7,9	11,1	12,9	10,3	10,1	7,7	4,0	6,8	8,7	5,3	14,3	11,4

Températures minimales quotidiennes (en °C) à Paris-Montsouris du 21 décembre au 1^er janvier. La valeur du 31 constitue un record mensuel.

Date	21/12	22/12	23/12	24/12	25/12	26/12	27/12	28/12	29/12	30/12	31/12	01/01
Tmax (°C)	11,4	13,5	14,5	12,6	13,7	11,6	7,8	11,3	11,7	14,4	15,9	15,4

Températures maximales quotidiennes (en °C) à Nancy-Essey du 21 décembre au 1^er janvier.

À noter que 2021 avait déjà connu une fin d’année remarquablement douce, avec une température moyenne sur le pays de 10,7 °C entre le 24 et le 31 décembre. En revanche, les 21 et 22 avaient été des journées froides, ce qui explique que la moyenne décadaire de fin décembre 2021 ne figure pas sur le podium.

D'autres fins d'année remarquables

Avant 2022 et 2021, la fin d'année 2002 était à ce jour la plus chaude que la France ait connue depuis 1947. Cette année-là, l'indicateur thermique de température moyenne sur la France avait atteint 10,45 °C entre le 24 et 31 décembre. La France connaissait une douceur digne d'un mois de mars. Le 29 décembre, on mesurait 20,5 °C à Pau (64) !

Plus récemment, 2015 s'est aussi terminée dans une grande douceur, avec un indicateur thermique national de 9,8 °C entre le 24 et le 31 décembre. La fin d'année 2015 fut à l'image de l'ensemble du mois de décembre, au premier rang des plus chauds depuis 1900.

En 2012, les conditions anticycloniques et un flux de sud-ouest ont fait grimper le mercure en fin d'année. On a ainsi relevé 25,7 °C à Luchon, au pied des Pyrénées, le 24 décembre 2012.

La fin d'année 1978 fut aussi exceptionnellement douce, dans un flux océanique perturbé. Des records de douceur nocturnes furent battus, avec 10 °C au plus frais de la nuit à Lyon-Bron le 28 décembre.

Peut-on y voir la marque du changement climatique ?

Ces vagues de douceur hivernales exceptionnelles sont en cohérence avec le changement climatique. La raréfaction des vagues de froid est un marqueur du changement climatique : la dernière vague de froid à l’échelle du pays remonte à février 2012 … plus de 10 ans.
Les pics de douceur ou de chaleur précoces sont en revanche plus fréquents.

Cependant, on constate que les épisodes anormalement chauds se multiplient dans le climat récent, tandis que les épisodes de froid se raréfient.

Parmi les 20 périodes en fin d’années les plus douces à l’échelle de la France depuis 1947 (24 au 31 décembre), on dénombre neuf années appartenant au XXI^e siècle : 2002, 2015, 2012, 2013, 2017, 2009, 2019, 2021 et 2022.
Parmi les vingt périodes en fin d’années les plus froides à l’échelle de la France depuis 1947 (24 au 31 décembre), on dénombre 5 années appartenant au XXI^e siècle : 2006, 2001, 2008, 2010 et 2005.

Quelles conséquences peuvent avoir ces températures inédites ?

Les vagues de douceur hivernales sont généralement bien ressenties car elles sont sans impact sur la santé contrairement aux canicules ou vagues de froid, et sans conséquence en termes de surmortalité.
Mais, les vagues de douceur ne sont pas sans impact négatif : les conséquences sur l’enneigement, les risques accrus d’avalanches, la fonte des neiges précoce qui alimente les fleuves avec risque de crues, sans oublier les conséquences sur l’agriculture car une végétation qui démarre est ensuite fragilisée par le gel. Le froid est également nécessaire pour le cycle végétal avec la destruction des parasites.

Décembre 2022 : succession d’un temps hivernal puis quasi printanier

Un coup de froid s’est abattu sur la France début décembre avec de fortes gelées et quelques journées par endroits sans dégel sur un grand quart nord-est. Cet épisode froid a été suivi après le 18 d’un redoux remarquable avec une remontée spectaculaire des températures qui ont atteint des valeurs records, notamment le 31.

Retrouvez le bilan climatologique complet de décembre.