Un passage à la nouvelle année exceptionnellement doux

Point d’orgue à l’exceptionnelle année 2022

La Saint-Sylvestre ponctue l’année record 2022 de façon symbolique, puisqu’il s’agit, à l’échelle de la France, de la journée présentant le plus fort excédent thermique de l'année (par rapport aux moyennes 1991-2020) devant le 18 juin (+8,2 °C) et le 28 octobre (+7,4° C). 

La nuit du 30 au 31 décembre a été la plus douce jamais observée en hiver (décembre/janvier/février), depuis le début des archives en 1947. L’indicateur national de température minimale atteint 11,2 °C sur la France, battant le précédent record de 11,1 °C le 19 janvier 2007.

Une masse d’air extrêmement doux a gagné la France dans la nuit du 30 au 31 décembre, et le mercure affichait, au petit matin, des valeurs dépassant les records mensuels de chaleur de décembre en cours, dans certaines villes du nord de la France, comme à Abbeville, Lille, Valenciennes, Cambrai ou Charleville-Mézières !

De nombreux records de températures minimales élevées ont été validés sur une trentaine de stations du réseau synoptique de Météo-France (environ 150 stations), situées principalement sur une large partie nord-ouest.

Liste non exhaustive de records mensuels de température minimale quotidienne élevée battus le 31 décembre 2022.

La douceur est marquée également l’après-midi et les températures dépassent localement les 24 °C au pied des Pyrénées.

Cette Saint-Sylvestre historique, s’est démarquée par de nombreux records de chaleur également, des records emblématiques par endroits.

Liste non exhaustive de records mensuels de température maximale quotidienne élevée battus le 31 décembre 2022.

Pour une période du 15 décembre au 15 janvier, toutes années confondues depuis 1947, le 31 décembre 2022 (ou la Saint-Sylvestre !) se classe au 2^nd rang des journées les plus douces avec 14,05 °C derrière le 16 décembre 1989 (14,7 °C). Le 1^er janvier 2023 comme le 30 décembre 2021 occupent la 3^e place avec un indicateur national moyen de 13,3 °C.

Un premier de l’an dans la lignée

L’année 2023 débute de façon exceptionnelle, même si l’indicateur thermique national, avec 13,3 °C, se positionne un peu en dessous de celui du 31 décembre 2022.  

Il s’agit de la journée la plus douce jamais observée en France en janvier, à quasi-égalité avec le 19 janvier 2007.

Encore une fois, les records sont nombreux, principalement sur le flanc est de la France, pour les températures minimales.

Liste non exhaustive de records mensuels de température minimale quotidienne élevée battus le 1^er janvier 2023.

L’après-midi est exceptionnellement douce sur la France.  Les températures maximales se rapprochent localement du seuil de chaleur de 25 °C dans les Landes et les Pyrénées Atlantiques. Les records de chaleur tombent sur plusieurs régions de France. 

Liste non exhaustive de records mensuels de température maximale quotidienne élevée battus le 1^er janvier 2023.

Des records mensuels nationaux battus également en Europe

Cette exceptionnelle douceur concerne une grande partie de l’Europe également. 

Le 31 décembre,  la station de Prague Klementinum établit un nouveau record mensuel avec 17,7 °C, battant les 17,4 °C du 05/12/1961.

Les records mensuels sont nombreux en Allemagne, comme à Berlin Tempelhof où on mesure  17,9 °C, pulvérisant le précédent record de 16,0 °C le 24/12/1977.

Au Luxembourg, la station climatique de référence située sur l’aéroport Findel enregistre un nouveau record mensuel de température maximale pour décembre  avec 15,7 °C, battant les 14,7 °C du 17/12/2019.

Le 1^er janvier, de nombreux records sont enregistrés dans plusieurs pays. C’est le cas en Pologne, où la station de Varsovie pulvérise littéralement son précédent record de chaleur pour un mois de janvier, avec une température de 18,9 °C, contre 13,8 °C, en 1993, soit plus de 5 degrés !

Les records nationaux sont battus également en République tchèque avec 19,4 °C à Budejovice-Roznov, au Danemark, avec  12,6 °C à Abed, en Lituanie avec 14,9 °C à Druskininkai, et au Liechtenstein avec 20,0 °C à Vaduz.

En Allemagne, plusieurs stations ayant battu leur record mensuel de chaleur de décembre la veille, récidivent pour le record mensuel de janvier. C’est le cas à Berlin-Tempelhof, avec 16,2 °C le 1^er janvier 2023 ( précédent record 15,5 °C 10/01/1991), à Dresde avec 18,3 °C (précédent record 16,2 °C le 10/01/2015), ou encore Stuttgart avec 17,2 °C (précédent record 17,1 °C le 10/01/1991) .

Peut-on y voir la marque du changement climatique ?

Cette vague de douceur hivernale exceptionnelle est en cohérence avec le changement climatique. La raréfaction des vagues de froid est un marqueur du  changement climatique : la dernière vague de froid à l’échelle du pays remonte à février 2012 … plus de 10 ans. Les pics de douceur ou de chaleur précoces sont en revanche plus fréquents.

Cependant, on constate que les épisodes anormalement chauds se multiplient dans le climat récent, tandis que les épisodes de froid se raréfient.

Parmi les 20 périodes en fin d’années les plus douces à l’échelle de la France depuis 1947 (24 au 31 décembre), on dénombre huit années appartenant au XXI^e siècle : 2002, 2015, 2012, 2013, 2017, 2009, 2019 et 2021. Parmi les vingt périodes en fin d’années les plus froides à l’échelle de la France depuis 1947 (24 au 31 décembre), on dénombre 5 années appartenant au XXI^e siècle : 2006, 2001, 2008, 2010 et 2005.

Quelles conséquences peuvent avoir ces températures inédites ?

Les vagues de douceur hivernales sont généralement bien ressenties, car elles sont sans impact sur la santé contrairement aux canicules ou vagues de froid, et sans conséquence en termes de surmortalité. Mais, les vagues de douceur ne sont pas sans impact négatif : les conséquences sur l’enneigement, les risques accrus d’avalanches, la fonte des neiges précoce qui alimente les fleuves avec risque de crues, sans oublier les conséquences sur l’agriculture car une végétation qui démarre est ensuite fragilisée par le gel. Le froid est également nécessaire pour le cycle végétal avec la destruction des parasites.