De la neige à Noël ?
20/12/2023Si l’imaginaire populaire associe souvent la neige à Noël, elle a toujours été rare à cette période, bien que plus importante dans le Nord-Est. Et cette probabilité va diminuer avec le changement climatique.
Entre 1950-2022, la présence de neige au sol à Noël a été observée en moyenne une dizaine de fois du Nord-Est au Massif central, bien plus rarement sur la moitié ouest du pays avec deux à quatre occurrences et exceptionnellement sur les régions au climat méditerranéen.
Des épisodes de neige moins fréquents
Avec le dérèglement climatique, les épisodes de neige en plaine sont beaucoup moins fréquents depuis les années 1980, comme la durée d’enneigement sur les massifs.
Par rapport aux précédentes normales 1981-2010, le nombre annuel moyen de jours de neige (avec observation de neige) a diminué d’environ 2 jours en plaine à Bourges (18), Caen (14), Roissy (95), Rouen (76), Lyon (69) et de 3 à 4 jours à Besançon (25) ou Bâle-Mulhouse (68). Depuis la fin des années 1960 (normale 1961-1990), la diminution est un peu plus marquée avec notamment 6 jours de moins à Rouen.
À titre d’exemple, certaines régions étaient coutumières de la neige l’hiver comme à Nancy, Strasbourg ou Besançon. Ces dernières années, ces villes ont moins de jour avec de la neige au sol.
Prenons l’exemple de Besançon : on a perdu 8 jours par an en moyenne de neige au sol entre la période 1961-1990 (28 jours/an) et 1991-2020 (19,7 jours/an).
Le dernier Noël blanc à Besançon date de 2010. Au vu des prévisions, ce Noël 2023 sera le 13e Noël d’affilée sans neige au sol à Besançon. Une telle série de « Noëls verts » ne s’est jamais produite à Besançon depuis 1949.
Noël 2023 sera-t-il un Noël blanc ?
Entre le 24 et le 26 décembre, la France sera concernée par des courants d’ouest très doux, avec des passages pluvieux surtout sur les régions nord. Les premières tendances laissent apparaître que Noël de cette année sera très doux, estimé à 4 degrés au dessus des normales 1991-2020. La limite de la neige sera très élevée, souvent au-dessus de 2000 m, et par conséquent il pleuvra même sur les sommets des Jura et des Vosges. A fortiori, le risque de neige est nul en plaine. Cependant, la neige au sol restera présente dans les Alpes et dans les Pyrénées, au-delà d’une certaine altitude.
Quelques exemples de noëls blancs
- Noël 2010, 3 à 10 cm recouvrant un large quart nord-est, de Lille à Limoges, en passant par Rouen et Paris, mais aussi sur l’est du Massif central et Rhône-Alpes en remontant jusqu’au Nord-Est, où les hauteurs de neige furent plus conséquentes avec 26 cm à Strasbourg le 25, 15 cm à Nancy ;
- Noël 1996 : nombreuses chutes de neige sur l’Ouest, notamment sur les Pays de la Loire avec par exemple 12 cm à Angers le 25 et 7 cm au Mans le 24 ;
- Noël 1986 : les régions de l'est sont touchées par un épisode de neige avec 18 cm de neige relevés à Strasbourg le 24, 16 cm à Lyon et 12 cm à Dijon le 25. La neige s’était alors invitée jusqu’en vallée du Rhône avec par exemple 8 cm à Montélimar le 25 ;
- Noël 1962, il a neigé sur de nombreuses villes de la moitié sud comme Bordeaux, Toulouse, Clermont-Ferrand et même à Marseille avec 32 cm relevés le 24, au cours du Noël le plus froid du siècle.
Dans le futur, la neige sera-t-elle présente en plaine ?
Quand les températures sont de plus en plus élevées, d’une part, les épisodes de pluie deviennent plus fréquents, au détriment des chutes de neige, et d’autre part, la neige présente au sol fond plus rapidement. Épaisseur et durée de l’enneigement diminuent ainsi inévitablement sous ce double effet de l’augmentation de la température.