Pluies diluviennes sur le Sud-Ouest : un épisode exceptionnel

Comment expliquer l’intensité du phénomène orageux qui a touché le sud-ouest la nuit dernière ?

Un épisode pluvio-orageux intense était prévu, provoqué par de l'air chaud et humide dans les basses couches de l’atmosphère et une goutte froide en altitude sur le proche Atlantique. Le temps était instable sur l'ouest de la France mercredi. Dans un axe de convergence de vent, des orages particulièrement intenses se sont formés en mercredi soir entre le Gers et la Haute-Vienne. Outre les quantités très importantes d’eau disponibles dans l’atmosphère, c’est le lent déplacement, le caractère peu mobile de ces fortes pluies qui étaient inquiétants.
 

Ces pluies sont-elles exceptionnelles ?

De telles intensités sont historiques. Il s’agit même d’un épisode pratiquement improbable pour le climat d’Agen, dont l'occurrence s'explique en partie par l'effet du changement climatique.

Sur l’aéroport d’Agen-La Garenne, entre 19 h et 22 h, il est tombé 128,8 mm de pluie, soit l'équivalent de plus de 2 mois de pluie. La normale pour un mois de septembre sur cette station d'Agen est de 59,3 mm. 

Entre 19 h 45 et 21 h 10, il est tombé 89,4 mm de pluie, dont 80,9 mm en une heure, ce qui dépasse de loin les records de pluie mesurés sur une si courte durée à cette station (50,4 mm en une heure le 14 mai 1988). Il est même davantage tombé en 1 h 25 à Agen que durant les 24 heures les plus pluvieuses jamais mesurées à la station, des mesures qui dataient jusque-là du 12 février 1990 avec 82,6 mm ! 

Bien sûr, par nature, les pluies orageuses sont ponctuelles, c’est donc intéressant d’élargir le comparatif à tout le sud-ouest. Les 128,8 mm relevés en 3 heures sont proches du record régional de 140 mm en 3 heures relevés à Sainte-Livrade-sur-Lot (Lot-et-Garonne) le 27 juillet 2006. Il s’agit donc d’une intensité rare à l’échelle de tout le Sud-Ouest. 

Dans d’autres villes du Lot-et-Garonne et du Gers, les quantités relevées, de 60 à 80 mm en 3 heures, ont également dépassé la normale du mois de septembre, ce qui en fait un épisode remarquable au-delà de la seule ville d’Agen.

Ces épisodes de pluies diluviennes exceptionnelles semblent pourtant se répéter. Est-ce lié au changement climatique ?

Effectivement, dans un climat réchauffé par l’homme, ces épisodes météorologiques classiques prennent d’autres proportions. L’atmosphère est plus chargée en vapeur d’eau, les cumuls de pluies associés à ce type d’épisode deviennent ainsi de plus en plus importants, avec des conséquences parfois catastrophiques.

Sous l’effet du changement climatique, les événements de fortes précipitations s'intensifieront et deviendront plus fréquents. À l'échelle mondiale, les fortes précipitations s'intensifieront d'environ 7 % pour chaque degré de réchauffement. 
Les fortes précipitations et les inondations devraient augmenter par rapport aux 20-40 dernières années dans la plupart des régions d'Afrique, d'Asie, d'Amérique du Nord et en Europe. Plus le réchauffement sera élevé, plus ces changements seront importants.