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Changement climatique : 10 points clés pour comprendre le 6e rapport du Giec

09/08/2021

Notre planète se réchauffe sous l’effet de nos activités. Chaque année, nous vivons de nouvelles catastrophes climatiques. Pour limiter le réchauffement en cours, chaque degré compte. Le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a rendu public cet été 2021 la première partie du 6e rapport qui s’intéresse aux bases physiques du changement climatique.
Que faut-il en retenir ?

Le rapport du Giec sur les bases physiques du changement climatique

Retrouvez l'intégralité du rapport et le résumé pour décideurs.
https://www.ipcc.ch/assessment-report/ar6/

 

Ce que l'on constate

Les principales constations scientifiques du rapport.

1. Il fait de plus en plus chaud sur le globe

La température mondiale a déjà augmenté de plus de 1 °C par rapport à la période préindustrielle (1850-1900). Et ce réchauffement s’accélère. Durant les 50 dernières années, la température globale à la surface de la Terre a connu une augmentation sans équivalent depuis 2000 ans.
Ce degré de réchauffement global a déjà des conséquences partout sur le globe. Les terres se réchauffent plus vite que les océans. Et certaines régions se réchauffent plus vite que d’autres. C'est le cas du bassin méditerranéen par exemple qui pourrait subir 3 °C de chaleur supplémentaires l'été dès 2050 pour un réchauffement global de 2 °C.

2. Le climat change à un rythme sans précédent

Les évolutions du changement climatique sont rapides et de plus en plus intenses. Elles sont sans précédent dans l’histoire de notre climat moderne.

Ces changements affectent tous les composants de notre système climatique. Les indicateurs des changements climatiques dans l'atmosphère, les océans et la cryosphère atteignent des niveaux et évoluent à des rythmes jamais vus depuis des siècles ou des milliers d'années.

Le taux d'élévation du niveau moyen de la mer à l'échelle mondiale depuis 1900 environ a augmenté plus rapidement qu'au cours de tout autre siècle précédent depuis au moins 3 000 ans
Au cours de la dernière décennie, la couverture annuelle de la glace de mer arctique a atteint son niveau le plus bas depuis au moins 1850 et la couverture à la fin de l'été n'a jamais été aussi faible depuis au moins 1 000 ans. La perte de masse des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique a été quatre fois plus importante au cours de la période 2010-2019 que pendant la période 1992-1999.

+1,09 °C : le réchauffement de la température de surface de la planète sur la période  2011-2020 par rapport à 1850-1900. Sur ces 1,09 °C, 1,07 °C sont dûs aux activités humaines.

+20 cm : l’élévation du niveau moyen mondial de la mer entre 1901 et 2018.

3. Des extrêmes plus fréquents et plus intenses

Sécheresses, feux de forêts, canicules, submersions marines, pluies intenses… les extrêmes climatiques sont de plus en plus fréquents et puissants. Ils n’épargnent désormais aucune région du globe.

Il est pratiquement certain que l'intensité et la durée des vagues de chaleur ont augmenté dans la plupart des régions terrestres depuis 1950, tandis que les extrêmes de froid sont devenus moins fréquents et moins graves.

Et ces extrêmes ne surviennent souvent pas seuls. La superficie des terres touchées par des phénomènes extrêmes simultanés a augmenté. Vagues de chaleur et sécheresses se produisent plus souvent simultanément, la fréquence des incendies augmente dans la région méditerranéenne, le nord de l'Eurasie, aux États-Unis et en Australie, de même que celle des inondations composées.

4. Les activités humaines sont responsables de ce réchauffement

L’Homme est responsable de ce réchauffement. Il est établi que l'influence humaine a réchauffé le système climatique. Les concentrations actuelles de CO2 n'ont pas été observées depuis au moins 2 millions d'années.

La fourchette probable du réchauffement net de la surface dû à l'activité humaine est de 0,8 °C-1,3 °C, avec une estimation centrale de 1,07 °C pour un réchauffement de 1,09 °C à la surface du globe.

C’est une des importantes avancées scientifiques de ce rapport depuis le précédent : on sait désormais attribuer la part imputable aux activités humaines dans les extrêmes climatiques grâce à des méthodes statistiques complexes.

 

Ce qui nous attend

Les avenirs possibles du climat.

5. Le réchauffement s’accélère

La température à la surface du globe vers 2050 sera plus élevée qu'aujourd'hui dans tous les scénarios d'émissions envisagés dans ce rapport.

5 nouveaux scénarios

Pour parvenir à ces résultats, la communauté internationale en climatologie a réalisé un important exercice de simulations numériques du climat passé et futur. Un ensemble central de cinq nouveaux scénarios d'émissions est utilisé de manière cohérente dans ce rapport pour explorer la réponse du climat à un éventail plus large de gaz à effet de serre, d'utilisation des terres et de polluants atmosphériques que celui évalué dans le précédent rapport (AR5).

Selon le scénario le plus « pessimiste » (SSP5 8,5 – croissance économique rapide alimentée par des énergies fossiles), l'augmentation de la température moyenne globale atteindrait 3,3 °C à 5,7 °C en 2100. Le scénario le plus vertueux, le SSP1 1,9 – marqué par une forte coopération internationale et donnant priorité au développement durable – permet de contenir le réchauffement sous l'objectif des 2 °C (1,0 °C-1,8 °C) au prix d'efforts d'atténuation très importants.

Cet ensemble de scénarios est à l'origine des projections de l'évolution du système climatique réalisées à l'aide d'une hiérarchie de modèles, allant des modèles climatiques simples aux modèles complexes. Ces projections tiennent également compte de l'activité solaire et le forçage de fond à long terme des volcans.

6. Chaque degré compte

De nombreux changements dans le système climatique, comme les vagues de chaleur sur terre et dans les océans, les fortes précipitations, les précipitations abondantes, les sécheresses et la perte de la glace de mer arctique, du manteau neigeux et du pergélisol, s'accentuent avec l'augmentation du réchauffement climatique.

Chaque demi-degré supplémentaire de réchauffement climatique entraîne des augmentations significatives des extrêmes de température, de l'intensité des fortes précipitations et des sécheresses dans certaines régions.

L'occurrence d'événements extrêmes, rares dans le climat actuel, augmentera avec le réchauffement planétaire. L'intensité des extrêmes de température sera d'autant plus marquée que le réchauffement climatique sera fort.

7. Des extrêmes accentués par le réchauffement

 • Températures
L'augmentation la plus importante de la température des jours les plus chauds est prévue dans certaines régions de latitudes moyennes et semi-arides, à un rythme environ 1,5 à 2 fois supérieur à celui du réchauffement planétaire. La plus forte augmentation de la température des jours les plus froids est prévue dans les régions arctiques, à environ 3 fois le taux de réchauffement global.

    • Fortes pluies
Les événements de fortes précipitations s'intensifieront et deviendront plus fréquents. À l'échelle mondiale, les fortes précipitations s'intensifieront d'environ 7 % pour chaque degré de réchauffement.

    • Cyclones tropicaux
      La proportion de cyclones tropicaux intenses et les vitesses maximales des vents des cyclones tropicaux les plus intenses augmenteront à l'échelle mondiale avec l'augmentation du réchauffement climatique.

    • Sécheresse
La superficie des terres touchées par l'augmentation de la fréquence et de la gravité des sécheresses augmentera avec le réchauffement climatique.

    • Niveau de la mer
La fréquence des événements extrêmes de niveau de la mer augmentera au cours du XXIe siècle, de sorte que des événements extrêmes de niveau de la mer ne se produisant qu'une fois par siècle se produiront chaque année dans les régions côtières en 2100.

 

La moyenne annuelle des précipitations terrestres mondiales augmentera. Les précipitations augmenteront très probablement aux hautes latitudes et pour les océans tropicaux, mais diminueront probablement sur une grande partie des régions subtropicales.

Au cours du XXIe siècle, les précipitations de la mousson terrestre mondiale devraient augmenter en réponse au réchauffement climatique.

8. Toutes les régions seront touchées

Toutes les régions connaîtront de nouveaux changements climatiques à court ou moyen terme dans les 30 prochaines années.

D'ici 2050, si le réchauffement climatique atteint 2 °C, les seuils de chaleur extrême connus pour être critiques pour la santé, l'agriculture et d'autres secteurs, seront plus fréquemment dépassés.

Pour un réchauffement planétaire de 1,5°C, les changements régionaux comprennent : une augmentation de la température annuelle de surface et, par conséquent, l'allongement des saisons chaudes et le raccourcissement des saisons froides, l'augmentation des extrêmes de chaleur et une diminution des extrêmes de froid.

Les fortes précipitations et les inondations devraient augmenter par rapport aux 20-40 dernières années dans la plupart des régions d'Afrique, d'Asie, d'Amérique du Nord et en Europe. Plus le réchauffement sera élevé, plus ces changements seront importants.

 

9. Des conséquences irréversibles

De nombreuses conséquences du changement climatique en cours sont irréversibles à l'échelle du siècle ou du millénaire, en particulier pour les changements dans les océans, les calottes glaciaires et le niveau global de la mer.

Les émissions passées ont entraîné des changements futurs inévitables de la température des océans et de l'élévation du niveau de la mer due à l'expansion thermique des océans, qui sont irréversibles à des échelles de temps centennales à millénaires.

Les calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique continueront, par exemple, à perdre de la masse tout au long de ce siècle.

10. L’avenir de notre climat dépend de l’évolution de nos émissions

Il existe une relation quasi linéaire entre les émissions cumulatives de CO2 et le réchauffement climatique qu'elles provoquent.

Des réductions strictes des émissions influencent fortement les changements des facteurs d'impact climatique au-delà de 2040. D'ici la fin du siècle, cette atténuation limite fortement la fréquence des niveaux extrêmes des mers, réduit considérablement la fréquence des événements dépassant les seuils de chaleur dangereuse et limite le nombre de régions où ces dépassements se produisent.

Des réductions rigoureuses des émissions de CO2 et d'autres gaz entraîneront des effets perceptibles sur la composition de l'atmosphère et la qualité de l'air en quelques années.