Entretiens 26 services météorologiques ont décidé de renforcer leur collaboration en recherche et développement afin d'améliorer leurs modèles de prévision numériques du temps à haute résolution.

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Sciences : un ACCORD historique pour affiner les codes des modèles de prévision météo

04/12/2020

C’est historique : vendredi 27 novembre, 26 services météorologiques ont décidé de renforcer leur collaboration en recherche et développement afin d'améliorer leurs modèles de prévision numériques du temps à haute résolution. Ces 26 pays ont signé la mise en place d’un consortium unique, nommé ACCORD. Météo-France est à la tête de ce consortium pour 5 ans.
Claude Fischer, ingénieur à Météo-France, pilotera le programme ACCORD. Explications...

La signature du consortium ACCORD par 26 organismes météo nationaux représente une avancée historique pour la prévision météorologique. Que représente ce consortium ?

Il s’agit de mettre en synergie les équipes de recherche et développement de l’ensemble des services météorologiques nationaux partenaires. L’objectif premier sera l’amélioration de la prévision numérique du temps à haute résolution et à courte échéance. Les progrès attendus portent notamment sur la prévision des phénomènes extrêmes, comme les très fortes précipitations, les vents forts, le brouillard, les phénomènes de couche-limite, la prévision en milieu montagneux, etc. 
La météorologie repose fondamentalement sur des collaborations transfrontalières. ACCORD est ainsi une fusion entre les consortiums  Aladin, Lace et Hirlam. La carte des pays partenaires couvre des pays en Europe et en Afrique du Nord. Cette signature est un pas important dans le développement de la coopération européenne et internationale autour des projets de développement en Prévision numérique du temps (PNT). Elle vient confirmer le rayonnement technologique de Météo-France et de ses équipes de recherche.

Quels seront les apports du consortium pour la prévision numérique du temps ?

Concrètement, ACCORD, c’est une centaine d’experts internationaux (100 à 120 ETP) qui vont travailler main dans la main et sous une même bannière pour améliorer les méthodes, ainsi que les codes, de leurs modèles de prévision numérique du temps. Les équipes vont chercher à affiner et à enrichir ces codes numériques pour atteindre leurs objectifs scientifiques. Il s’agit aussi de permettre aux membres du consortium de pouvoir installer localement des configurations des systèmes de prévision répondant à leurs attentes et à leurs missions. 

Il faut savoir que la très large majorité des codes de nos chaînes de PNT est basée sur les codes développés dans le cadre de cette synergie internationale. C’est déjà le cas du modèle global1 de Météo-France, Arpege, qui est développé dans le cadre du partenariat IFS/Arpege entre Météo-France et le CEPMMT. Dans le contexte du consortium ACCORD, ce sont les codes des modèles de PNT à domaine limité dont il est question. Ainsi, le code du modèle opérationnel régional de Météo-France, Arome, repose en partie sur le code IFS/Arpege et possède par ailleurs toute une série d’extensions propres qui, justement, sont complètement intégrées dans la collaboration ACCORD.
Quel que soit l’angle par lequel on aborde le développement des modèles opérationnels de Météo-France, la dimension des collaborations internationales apparaît tout de suite !

1 À l’échelle de toute la sphère terrestre.

Quels sont les enjeux stratégiques pour la recherche que portera ACCORD sur les 5 ans à venir ?

Pour l’aspect opérationnel et la prévision à courte échéance, l’objectif dans ACCORD est de permettre d’affiner la prévision des phénomènes extrêmes. Mais effectivement, un consortium de cette ampleur permet aussi de préparer les enjeux stratégiques auxquels les organismes météorologiques du monde entier seront confrontés dans les années à venir. 
En terme de résolution spatiale par exemple, l’objectif est d’aller vers des modèles à l’échelle hectométrique. ACCORD s’attachera aussi à améliorer la représentation du système-Terre et des interactions entre l’atmosphère et les différents compartiments de notre environnement. La modélisation de la composition atmosphérique ou encore l’application de techniques de l’intelligence artificielle seront évaluées.
Le consortium travaillera à l’adaptation des codes aux futures architectures des calculateurs. La dimension probabiliste de la PNT ne sera pas oubliée. L’assimilation des données et l’utilisation d’une variété de sources d’observations sera aussi une composante du programme de recherche d’ACCORD.

ACCORD ne démarrera pas de zéro. Il s’agira de poursuivre les travaux déjà en cours dans le cadre de l’ancien partenariat Aladin-Lace-Hirlam, en renforçant encore leur coordination et en dotant le nouveau groupe d’une gouvernance et d’un pilotage intégrés. Sur un plan R&D, un enjeu sera donc de maintenir l’excellence et le dynamisme des développements actuels, tout en faisant émerger des thèmes nouveaux.