Changement climatique Feux de forêts dans le sud de la France.

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Feux de forêts : un risque accru par le réchauffement climatique

03/06/2024

En asséchant la végétation, le réchauffement climatique entraîne une augmentation du danger météorologique de feux de forêts. Les différentes études de Météo-France ont analysé l'évolution de cet aléa au cours du siècle passé et pour les prochaines décennies : il augmente depuis les années 1960 et devrait encore augmenter au cours du XXIe siècle.

Du réchauffement aux incendies

  • Des températures plus élevées favorisent l'évapotranspiration des plantes. La végétation s'asséchant, elle devient plus sensible au développement des incendies. 
  • Sur certaines régions, le réchauffement climatique devrait également entraîner une baisse de la pluviométrie durant les saisons propices aux incendies, aggravant le phénomène. C'est le cas de tout le bassin méditerranéen, où tous les modèles climatiques simulent un assèchement. Cette zone est ainsi définie comme un « hotspot » du changement climatique dans le dernier rapport du GIEC.
  • Des hivers plus chauds favorisent les attaques de parasites (insectes et champignons) qui sont généralement détruits ou affaiblis par les gelées. Ces attaques entraînent des dépérissements importants de certaines forêts et landes de buis. Une fois morts, ces végétaux deviennent particulièrement vulnérables et constituent un stock de combustible disponible extrêmement important pour les incendies.

Des événements extrêmes plus fréquents dans un climat réchauffé

Dans un contexte de réchauffement global et accéléré, les événements extrêmes se multiplient. Les canicules seront plus intenses et plus fréquentes.
Selon l'Organisation mondiale de la météorologie, le changement climatique d'origine humaine provoque une augmentation de la sévérité et du nombre des feux, sur des zones géographiques plus étendues avec un allongement de la saison des feux.
L'évolution des conditions de températures et de sécheresse favorise le développement des feux de forêt et de végétation autour du Bassin Méditerranéen et plus largement en France. 

Feux de Forêt et conditions météorologiques

Les conditions de propagation et d’intensité des feux de forêt étant fortement liées aux conditions météorologiques. Parmi tous les indices utilisés dans le cadre de ses études Feu et Changement Climatique, Météo-France s’appuie sur l’Indice Forêt Météorologique (IFM) qui caractérise la propension d’un feu de forêt à s’aggraver et se propager sous l’influence des conditions météorologiques.
Il est évalué à partir de paramètres météorologiques : température, humidité de l’air, vitesse du vent et précipitations. 
Ces données alimentent un modèle numérique qui simule l’état hydrique de la végétation et le danger météorologique quotidien d’incendie qui en découle. 

En France : une extension géographique et temporelle du danger de feux de forêt et végétation

Sous l’influence principale de l’augmentation de la température, qui augmente les conditions de sécheresse de la végétation, les dernières études montrent une extension spatiale et temporelle des zones exposées au danger Feux de Forêt et Végétation comme le montre l'évolution des cartes de sensibilité feu météorologique* aux feux ci-dessous.

  • L’extension des territoires exposés au risque de feux progresse vers le nord, y compris dans des régions pas ou très peu concernées jusqu’ici. La quasi-totalité du territoire devrait être confrontée au risque de feux. Ainsi, 90 départements de métropole ont été concernés par au moins un feu significatif en 2022. Médiane du nombre annuel de jours IFM≥40 –  Horizon 1990 de référence

    Médiane du nombre annuel de jours IFM≥40 –  Horizon 1990 de référence 
     

    Médiane du nombre annuel de jours IFM≥40 –  Horizon Milieu de siècle

Médiane du nombre annuel de jours IFM≥40 –  Horizon Milieu de siècle 

  • Les simulations rendent également compte d’un allongement de la saison des feux, entraînant un démarrage plus précoce de la saison estivale feu et une fin de campagne plus tardive. En fin de siècle, certaines régions pourraient être concernées par 1 à 2 mois supplémentaires de saison feu.
  • Cette augmentation s’accompagne d’une intensification encore plus forte sur les zones qui étaient déjà parmi les plus exposées. En fin de siècle, ce cœur de saison plus marqué (période concernée par les jours de danger les plus forts) pourrait se traduire par 2 à 3 semaines supplémentaires concernées par les dangers les plus forts. D’une durée actuelle de 1 à 2 semaines, cette période avec un niveau de danger très élevé pourrait atteindre 1 mois dans certaines régions en fin de siècle. 

Ces travaux réalisés par Météo-France sur le danger météorologique de feux de forêt et végétation en climat futur sont actuellement poursuivis dans des collaborations avec d’autres partenaires, et notamment l’ONF, afin de croiser nos résultats obtenus uniquement sur l’aléa météorologique avec les informations sur les implantations et sensibilités des végétations, et aboutir à des cartes de synthèse de l’évolution du risque feux de forêt et végétation en climat futur.

Ces travaux de Météo-France ont également été repris dans les travaux de la mission interministérielle sur la prévention et la lutte contre l’incendie de forêt et autres végétation dans un contexte d’extension et d’intensification du risque dû au changement climatique, et permis les modélisations complémentaires des équipes de l’ONF et de l’INRAe.

*On peut étudier des conditions « élevées » de sensibilité météorologique aux feux de forêt et végétation à partir du nombre de jours où l’IFM quotidien dépasse le seuil de 40.