
© Météo-France / L’Œil du climat / Clément Viala
Réchauffement climatique : quels impacts en France en 2050 ?
11/04/2025Un réchauffement de +2,7 °C en France hexagonale et Corse correspond à un réchauffement planétaire de +2 °C, ce que l’accord de Paris indiquait comme seuil limite à ne pas franchir : c’est donc une valeur qui n’a rien d’anodin. En effet, les experts estiment qu’à ce niveau, les phénomènes extrêmes comme les canicules, les sécheresses, les feux de forêt et les inondations deviendront beaucoup plus fréquents et intenses.
Les projections climatiques pour 2050 : une France à +2,7 °C
À l’horizon 2050, la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC) considère un réchauffement dû aux activités humaines de +2,7 °C par rapport à la période préindustrielle. Ce chiffre se fonde sur les tendances actuelles d’émissions de gaz à effet de serre et leurs traductions en termes de réchauffement dans les dernières simulations analysées par le GIEC.
Météo-France a préparé les jeux de données pour traduire cette évolution climatique à l’échelle locale et permettre de mieux préparer les territoires, les infrastructures, les secteurs économiques et les citoyens aux défis climatiques qui se profilent.
Alors, avec ce seuil de 2,7 °C, à quels impacts concrets peut-on s’attendre d’ici 2050 ?
- En France, les vagues de chaleur seront 5 fois plus fréquentes mais aussi plus longues (possibles de début juin à mi-septembre).
- Le nombre de nuits chaudes et pénibles pour la santé humaine, lorsque la température ne descend pas en dessous de 20 °C, augmentera particulièrement dans les centres urbains et dans le Sud.
- Alors qu’il était extrêmement rare au 20e siècle en France, le seuil des 37 °C sera atteint en moyenne tous les ans et, localement, des records de chaleur jusqu’à 48 °C, voire 50 °C, deviendront possibles.
Les chiffres clés du réchauffement climatique en 2050
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Quel climat en 2050 dans une France à +2,7 °C ?*
Températures extrêmes
5 fois plus de jours de vagues de chaleur**
12 nuits chaudes (supérieures à 20 °C) par an
Jusqu’à 100 nuits sur le littoral méditerranéenFeux de forêt
Risque météorologique élevé sur tout le territoire
Jusqu’à 60 jours sur les régions méditerranéennesPluies intenses
+10 % d’intensité aggravant le risque d’inondation**
Enneigement
Moins de 3 mois de neige en moyenne montagne
Sécheresse des sols
1 mois supplémentaire de sol sec**
* En moyenne, selon la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC). Le réchauffement climatique se traduirait en France hexagonale et en Corse par une hausse des températures moyennes de +2,7 °C en 2050 et +4 °C en 2100 par rapport à 1900, avec des impacts sur notre vie quotidienne.
** Par rapport à la période de référence 1976-2005.
Les impacts du réchauffement climatique à l’horizon 2050
Ces hausses de températures auront des effets importants sur nos sociétés :
- une augmentation de la consommation énergétique pour le refroidissement des bâtiments ;
- une plus grande pression sur les ressources en eau et sur le vivant ;
- des risques d'incendies accrus, particulièrement dans les zones méditerranéennes.
En parallèle de l’augmentation des vagues de chaleur, la diminution de l’intensité des vagues de froid affecte également les écosystèmes naturels, le froid hivernal jouant comme un rôle régulateur pour la dormance des végétaux et protecteur contre le développement de certaines maladies ou proliférations d’espèces de ravageurs.
Quant aux impacts sanitaires, ils sont nombreux : aggravation de l’exposition des populations sensibles aux vagues de chaleur, risques infectieux et épidémiques en hausse (dengue, paludisme, chikungunya, etc.).
L’impact du réchauffement climatique sur l’eau et l’agriculture
Le changement climatique a des conséquences sur le cycle de l’eau. De nombreux impacts sont déjà visibles et mesurables : épisodes de pluies intenses, baisse de l’enneigement…
À +2,7 °C, la gestion des ressources en eau deviendra un défi. Certaines régions, notamment dans le sud de la France, seront plus durement touchées par les sécheresses récurrentes. Pour l’agriculture, dépendante à la fois de la ressource en eau et des conditions thermiques, des questions majeures d’adaptation se poseront dans certaines filières. Des cultures emblématiques comme la vigne, les céréales ou les arbres fruitiers pourraient ne plus être adaptées aux terroirs actuels où elles se développent.
Une importante sécheresse touche les coteaux de Bourgogne © Infoclimat / meteo78
Le saviez-vous ?
Afin d’accompagner les professionnels du secteur agricole dans leur démarche d’adaptation, Météo-France et Solagro proposent l’outil en ligne Climadiag Agriculture. En accès gratuit, il permet d’évaluer la vulnérabilité d’une exploitation selon 250 indicateurs ciblés par productions agricoles (grandes cultures, élevage, arboriculture…) et pour une résolution géographique précise.
Quant à la gestion de la ressource en eau, le portail DRIAS-Eau fournit un ensemble de données hydrologiques en climat futur et permet de visualiser, sous forme de cartes, l’évolution de la ressource en eau au plus près des territoires, à court, moyen et long terme (et très prochainement selon la TRACC).
Les infrastructures face au réchauffement climatique
La trajectoire de réchauffement anticipée par la TRACC implique également de revoir nos infrastructures. Les bâtiments, les routes, les systèmes de gestion des eaux et les réseaux d’énergie doivent être conçus pour mieux résister aux températures extrêmes et aux conditions climatiques plus changeantes. Par exemple, dans les zones urbaines, les îlots de chaleur devront être traités pour réduire les effets des canicules. Pour atténuer cet effet, il est nécessaire de repenser l’urbanisme et de réfléchir à des scénarios pour végétaliser les espaces urbains, utiliser des matériaux réfléchissants, ce qui permet de rafraîchir l’air et de rendre nos villes plus respirables.
Afin d’optimiser la consommation d’énergie des bâtiments, Météo-France propose des données de températures spécifiques pour quantifier les dépenses d’énergie nécessaires au maintien d’une température de confort des bâtiments.
La prévention des feux de forêt et de végétation
© Météo-France / L’Œil du climat / Morgane Lebret
Les températures élevées, combinées à des périodes prolongées de sécheresse, augmenteront le risque d’incendies de forêt, en particulier dans le sud de la France. En effet, la sécheresse et les températures élevées accroissent la sensibilité de la végétation au feu : les végétaux se dessèchent, devenant plus sensibles au développement et à la propagation des incendies. Les données climatiques mises à disposition pour la TRACC permettent de mieux anticiper ces risques et d’adapter les stratégies de prévention et de lutte contre les risques d’incendie.
L’adaptation des territoires
Les collectivités jouent un rôle clé dans la mise en œuvre des stratégies d’adaptation nécessaires. Avec les indicateurs de la TRACC, les villes peuvent anticiper les impacts climatiques en adaptant leurs plans d’urbanisme. Des projets comme la création d’écoquartiers, la gestion durable des eaux pluviales et l’intégration de zones ombragées ou de végétation en ville permettent de réduire les effets de la chaleur et de mieux gérer les ressources.
L’outil Climadiag Commune permet d’accéder gratuitement à une synthèse des évolutions climatiques attendues dans votre commune autour de 5 thématiques clés (climat, agriculture, risques naturels, tourisme, santé).
Agir pour limiter les impacts du réchauffement
En mettant à disposition les données climatiques pour la TRACC, Météo-France vise à aider l’ensemble des acteurs publics et privés à anticiper les impacts climatiques et mettre en œuvre des actions concrètes d’adaptation pour en réduire les conséquences.