A la une Météo-France a fortement contribué au 6e rapport du GIEC.

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6e rapport du GIEC : les contributions de Météo-France

20/03/2023

Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) vient de rendre public la synthèse de son 6e rapport d’évaluation.

Chaque nouvel exercice du GIEC représente un travail colossal qui mobilise l’ensemble de la communauté internationale de la recherche sur le climat. Météo-France y contribue ainsi fortement, directement et indirectement. Pour ce 6e rapport d’évaluation, Météo-France a activement contribué à enrichir la connaissance du climat passé et de ses évolutions à venir.

Le 6e rapport d’évaluation GIEC (AR6)

Les rapports du GIEC fournissent un état des lieux régulier des connaissances les plus avancées. Ce rapport de synthèse est le 6e rapport complet, après ceux parus en 1990, 1995, 2001, 2007 et 2013. Il regroupe les travaux suivants :

  • Changement climatique 2021: les bases physiques du changement climatique. C’est le résultat du groupe de travail 1.  
  • Changement climatique 2022 : impacts, adaptation et vulnérabilité. C’est le résultat du groupe de travail 2. 
  • Changement climatique 2022 : atténuation du changement climatique. C’est le résultat du groupe de travail 3. 

Ce rapport d’évaluation porte aussi les connaissances des rapports dits rapports spéciaux suivants :

  • Rapport spécial sur le réchauffement planétaire de 1,5 °C (SR15), 2018.
  • Rapport spécial sur le changement climatique et les terres émergées (SRCCL), 2019
  • Rapport spécial sur l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique (SROCC), 2019.

Les points clés du rapport

  • La planète subit un réchauffement sans précédent : + 1,1 °C par rapport à la période préindustrielle (1850-1900). Il s’agit d’une augmentation sans équivalent depuis 2000 ans. Les activités humaines sont responsables de ce réchauffement.

  • La température moyenne mondiale aura entre 40% et 60% de chance chaque année de dépasser 1,5 °C au début des années 2030.

  • Les projections correspondant aux engagements actuels de réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre pour les prochaines décennies mènent à un réchauffement planétaire de l'ordre de 2,8 °C.

  • Les choix que nous faisons aujourd’hui conditionneront le monde de demain.

Les contributions de Météo-France

Les contributions de Météo-France, en chiffres

 

En chiffres

Dans le cadre de CMIP6, 35 000 années de simulation, générant environ 1.3 Po de données, ont été réalisées.

Nos personnels de recherche ont contribué à l'écriture du rapport

Acteur majeur de l’étude du climat, Météo-France occupe une place importante dans la recherche mondiale. Les équipes du Centre national de recherches météorologiques (CNRM) de Météo-France et du CNRS, et de la Direction de la Climatologie et des Services Climatique (DCSC), contribuent à approfondir la compréhension du climat, ses évolutions et ses impacts.

Hervé Douville, chercheur Météo-France au CNRM, a passé trois ans à travailler pour le groupe de travail 1 du GIEC en tant qu’auteur principal coordinateur de chapitre - chapitre 8 - sur les changements du cycle de l’eau. C’est le plus haut niveau d’auteur pour l’écriture d’un rapport du GIEC. D’autres chercheurs ont contribué en tant qu’auteurs à deux rapports spéciaux : c’est le cas de Roland Séférian dans le rapport spécial sur le réchauffement climatique de 1.5 °C (SR15), de Samuel Morin dans le rapport spécial Océan et Cryosphère (SROCC).

Nos personnels de recherche ont contribué à développer de nouveaux modèles pour représenter les évolutions du climat

Les chercheurs du CNRM se sont engagés dans le 6e exercice de simulations climatiques (CMIP6) permettant de mieux connaître le climat de la planète et ses évolutions passées et futures utilisé par le GIEC. Il permet de représenter plus finement les interactions entre l’atmosphère, les océans, les surfaces continentales et la cryosphère. Il intègre désormais également la modélisation du cycle du carbone, l’influence sur le climat des gaz à effet de serre et des polluants atmosphériques. La finesse de ces projections et leurs résolutions permet même de représenter les effets de l’utilisation des surfaces agricoles. Ces résultats de simulation ont été utilisés dans les derniers rapports du GIEC (6e cycle).

Une nouvelle méthode de projections alliant observations et modélisation

Les projections climatiques sont basées sur des simulations de modèles climatiques, qui sont affectées par plusieurs sources d’incertitude. Mais, en ce début de XXIe siècle, le réchauffement s’accroît et les observations deviennent de plus en plus informatives sur l’amplitude du changement climatique passé.

En utilisant une nouvelle méthode statistique, nos chercheurs ont ajusté le réchauffement climatique attendu au XXIe siècle en combinant les dernières simulations climatiques et les observations réalisées depuis 1850. Cette méthode permet de réduire l’incertitude issue des simulations climatiques en prenant en compte les observations.

La France se réchauffe plus vite que le reste du globe

L’Europe est le continent qui se réchauffe le plus vite, sa température a cru de plus du double de la moyenne mondiale au cours des 30 dernières années. En France métropolitaine, le réchauffement était de +1,7 °C en 2020 par rapport à 1900, avec une accélération depuis les années 1980.
Pour un scénario d’émissions intermédiaires, correspondant globalement à la mise en place des engagements des états en matière d’émissions de gaz à effet de serre (SSP2-4.5), le réchauffement en France atteindrait +3,8 °C en 2100 par rapport à 1900-1930, pour un réchauffement de +2,7 °C sur l’ensemble de la planète. 
Ce sont les résultats d’une nouvelle étude de Météo -France et du CNRS, combinant modélisation et observations à l’échelle du pays, parue à l’automne 2022.
De ce fait, ces résultats sur la France ne sont pas inclus dans ce 6e rapport  d’évaluation du GIEC.

Une meilleure qualification de la baisse de l’enneigement dans les Alpes

Jusqu’à présent, les études menées sur l’évolution de l’enneigement se limitaient à des zones assez restreintes de la région alpine et se basaient sur les données de quelques dizaines de stations de mesure au maximum. Une étude inédite, à laquelle des chercheurs de Météo-France ont contribué, a collecté et exploité les données de plus de 2 000 stations de mesure réparties dans les Alpes européennes pour décrire de manière plus robuste les tendances de l’enneigement. 

La durée d’enneigement a diminué de 22 à 34 jours au cours des 50 dernières années, en particulier à basse et moyenne altitude (en dessous de 2000 m d’altitude en général). Le manteau neigeux y a tendance à se constituer plus tard en hiver et, à toutes altitudes, à disparaître plus tôt au printemps, une conséquence directe du changement climatique.
Cette étude a été prise en compte dans l’analyse de l’évolution de la cryosphère par dans le rapport du GIEC (GT1, Août 2021).