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Des sécheresses qui se répètent sans être identiques

10/08/2020

Il convient de distinguer la sécheresse météorologique, de la sécheresse agricole et de la sécheresse hydrologique.
• La sécheresse météorologique correspond au déficit de précipitations et peut être calculée sur un mois, sur une saison ou sur une période plus longue.
• La sécheresse des sols, dite "agricole", se caractérise par un déficit en eau des sols superficiels (entre 1 et 2 m de profondeur), suffisant pour altérer le bon développement de la végétation. Elle dépend des précipitations et de l'évapotranspiration des plantes. Cette notion tient compte de l'évaporation des sols et de la transpiration des plantes (l'eau puisée par les racines est évaporée au niveau des feuilles). La sécheresse agricole est donc sensible aux précipitations, à l'humidité et à la température de l'air, au vent mais aussi à la nature des plantes et des sols.
• La sécheresse hydrologique se manifeste enfin lorsque les lacs, rivières ou nappes souterraines montrent des niveaux anormalement bas. Elle dépend des précipitations mais aussi de l'état du sol influant sur le ruissellement et l'infiltration. Le réseau hydrographique et les caractéristiques des nappes déterminent les temps de réponse aux déficits de précipitations observés sur différentes périodes.

La sécheresse météorologique 2020 a débuté au printemps

Le mois de juillet 2020 a été marqué par un cumul de précipitations exceptionnellement déficitaire de plus de 70 %, quasi généralisé à l’ensemble de la France. Mais, depuis le début de la saison hydrologique (septembre 2019), le bilan reste encore à ce jour excédentaire à l’échelle du pays après un automne et un hiver excédentaires. Cette situation est meilleure que l’an passé puisque à la même époque, on mesurait un déficit proche de 20 % sur la même période septembre 2018-juillet 2019.

Mais depuis le printemps 2020 (avril notamment), un déficit de pluie marqué concerne à nouveau les Hauts de France, la Champagne-Ardenne, la Haute-Normandie, l’Île-de-France et la Bourgogne. Cette sécheresse météorologique touche sensiblement les mêmes régions que les événements de 2019 et 2018.

Qu’en est-il de la sécheresse agricole ?

La sécheresse agricole se caractérise avec l’humidité des sols superficiels. Durant le mois de juillet 2020, les sols superficiels se sont nettement asséchés du fait de l’important déficit pluviométrique et de températures plus élevées que la normale en seconde partie de mois, favorisant l’évaporation. Ainsi, la sécheresse des sols déjà présente sur le nord du pays et près de la Méditerranée s’est accentuée et s’est étendue à une grande partie du territoire.

Début août 2020, la quasi totalité du pays présente un déficit, c’est-à-dire une « anomalie de sol sec » à l’exception de la Bretagne et de quelques zones situées autour de la Méditerranée qui ont bénéficié récemment de précipitations abondantes lors d’importants orages. Pour plus de détails, lire notre dernier bulletin de suivi hydrologique complet.

En revanche, toute la zone située au nord d’une ligne allant de Cherbourg à Grenoble se situe à un niveau « sec décennal », c’est-à-dire à un niveau de sécheresse que l’on ne rencontre en moyenne que tous les dix ans. Les régions Grand Est, Bourgogne - Franche-Comté et Hauts-de-France sont particulièrement touchées, avec un niveau de sécheresse localement proche de 1976 qui fait office de « référence » en la matière.

La vague de chaleur actuelle aggrave la situation de stress hydrique pour les cultures et la végétation en général ainsi que pour les animaux d’élevage ou la faune sauvage. Pour les dix prochains jours, des passages perturbés peu actifs devraient concerner principalement le nord du pays, alors qu’un temps le plus souvent instable se développera notamment près des reliefs. Ces précipitations apporteront un peu de répit sur le front de la sécheresse.

Qu’en est-il de la sécheresse hydrologique ?

Même s’il existe un caractère répétitif, la sécheresse actuelle est totalement différente de celle de 2019. L’année dernière, la sécheresse (météorologique) d’hiver avait été très marquée avec un remplissage des nappes phréatiques très insuffisant puis le printemps avait également été très humide suivi d’un été caniculaire et d’une sécheresse des sols brutale.

Cette année, au début du mois de mars, des records d’humidité des sols avaient été battus suite à un hiver très arrosé avec des records de pluie notamment sur le Grand-Est. La période de « recharge des nappes » a ainsi été globalement plus favorable en 2020.

Mais la situation peut varier localement de manière importante et les pressions actuelles sur les milieux aquatiques nécessitent néanmoins une grande attention.

Les sécheresses et le changement climatique

Ces événements de sécheresse à répétition sont bien en partie liés au changement climatique. La hausse des températures induit une évapotranspiration plus importante de la végétation et donc un assèchement des sols. Cette évolution est déjà constatée sur la majorité des régions françaises et va continuer de s’aggraver dans les prochaines décennies.