Août 2023 : une canicule tardive exceptionnelle sur une grande partie du pays
25/08/2023 À l’échelle nationale, la France a connu du 17 au 24 août sa 47e vague de chaleur depuis 1947. Avec une durée de 8 jours, il s’agit de la vague de chaleur tardive la plus longue à l’échelle du pays et la plus intense, notamment sur les régions Provence - Alpes - Côte d’Azur et Occitanie.
Une vague de chaleur inédite à cette période de l’année
Sur le centre-est du pays, l’épisode de chaleur a démarré autour du 10 août. La journée du jeudi 17 août, l’ensemble du territoire à l’exception de la pointe bretonne et des frontières du Nord a enregistré des températures élevées pour la saison. Cette chaleur a gagné en intensité sur l’arc méditerranéen, la vallée du Rhône puis le Sud-Ouest du pays au fil des jours, avec un pic les 23 et 24 août.
Les journées du lundi 21 au jeudi 24 août ont été les journées les plus chaudes jamais enregistrées en France après un 15 août. La température moyenne en France (indicateur thermique France) a culminé à 27,8 °C le 24 août. Cette valeur masque des contrastes marqués entre le nord-ouest du pays, épargné par la canicule, et les régions de la vallée du Rhône ou du Sud-Ouest. La vague de chaleur a par exemple débuté le 9 août dans le département de l’Ardèche, et le 10 août dans le département du Rhône.
Le nord du pays est resté à l’écart de la vague de chaleur
Par contraste avec les régions du sud les plus impactées, les températures maximales sont restées loin des records mensuels et absolus sur le nord et le nord-ouest du pays. On a ainsi relevé 31,9 °C à Paris-Montsouris les 18 et 23 août, 30,3 °C à Beauvais (60) et 29,1 °C à Lille (59) le 23 août. Sur ces régions, les températures la nuit sont restées généralement en-deçà des seuils de canicule, à l’exception de la nuit du 18 au 19 août 2023 où certains records absolus de température minimale élevée ont été établis :
- Amiens (80) : 21,7 °C (précédent record 21,5 °C le 12/08/2020) ;
- Beauvais (60) : 21,5 °C (précédent record 21,4 °C le 09/08/2020) ;
- Charleville-Mézières (08) : 20,1 °C (précédent record 19,4 °C le 27/07/2006).
Des valeurs anormalement élevées de températures minimales et maximales dans la moitié sud
Cet épisode se caractérise également par le nombre très important de records absolus battus, tous mois confondus. Sur les 261 postes du réseau dans les 19 départements concernés par la vigilance rouge canicule :
- 23 % ont battu un record de température minimale (9 postes dans l’Ardèche et 7 postes en Lot-et-Garonne) ;
- 49 % ont battu un record absolu de température maximale.
Températures maximales du 23 août 2023. © Météo-France
D’autre part, la commune de Villariès (31) a enregistré 43,7 °C lors de la journée du 23 août, ce qui constitue la température la plus élevée mesurée en France au mois d’août.
Une vague de chaleur longue et très intense sur les régions concernées
À l’échelle de la France, la vague de chaleur a duré 8 jours du 17 au 24 août avec un pic d’intensité le 24 août et se classe au 6e rang en termes de sévérité.
Sur les départements placés en vigilance rouge canicule, la canicule a été plus courte que celle d’août 2003 mais plus intense, avec des niveaux de températures souvent plus élevés, de jour comme de nuit.
En Provence - Alpes - Côte d’Azur, la vague de chaleur tardive a duré 14 jours (du 12 au 25 août) avec une intensité moindre que celle que la région a connue en 2019 du 25 juin au 8 juillet et d’une durée beaucoup plus courte que la canicule d’août 2003.
En revanche, en Auvergne - Rhône - Alpes comme en Occitanie, la vague de chaleur d’août 2023 (du 11 au 25 août) a été comparable en durée à la canicule d’août 2003 avec un pic d’intensité inédit. En termes de sévérité, l’épisode de 2023 a été plus sévère que la canicule de juillet 2022 (31/07 au 13/08/2022) et se classe au 2e rang, derrière la canicule historique d’août 2003.
Des séries remarquables de températures supérieures à 40 °C
De nombreux postes ont mesuré des températures dépassant le seuil des 40 °C durant cet épisode. 14 % de la superficie du territoire a été concerné par des températures supérieures à 40 °C (moyenne 1991-2020: 3 %), quasi-autant qu’en 2022 (19 %) mais moins qu’en 2003 (33 %) où l’épisode était généralisé, ou encore 2019 (37 %) où il y a avait eu 2 canicules touchant d’abord la moitié nord puis la moitié sud.
D’autre part, des séries remarquables de périodes très chaudes caractérisées par des maximales dépassant 40 °C sont d’ores et déjà recensées. En France métropolitaine, les séquences de plus de 3 jours avec des températures supérieures à 40 °C sont très rares. Elles ont été le plus souvent mesurées durant les canicules d’août 2003 ou de l’été 2019 (juin ou juillet).
Parmi ces séries:
- Montségur (26) durant 5 jours du 20 au 24 août 2023 (série inédite avec la série du 4 au 8 août 2003) ;
- Aubenas (07) durant 4 jours du 20 au 23 août 2023 (série inédite avec la série du 4 au 7 août 2003) ;
- Carcassonne (11) durant 4 jours du 20 au 23 août 2023 (série inédite) ;
- Pont-Saint-Esprit (30) durant 4 jours du 20 au 23 août 2023 (série beaucoup moins marquée que les 11 jours du 4 au 14 août 2003) ;
- Cordes-sur-Ciel (81) durant 4 jours du 21 au 24 août 2023 (série inédite) ;
- Orange (84) durant 4 jours du 20 au 23 août 2023 (série inédite, 3 jours du 11 au 13 août 2003.
Plus de 40 °C en France ?
De décennies en décennies, le seuil des 40 °C est plus fréquemment franchi en France. Depuis 2000, cela s’est produit en moyenne 13 fois par an (seuil des 40 °C) contre 1 fois par an entre 1950 et 1999. La décennie 2020 a déjà devancé les précédentes, alors que seules trois années se sont écoulées (2020, 2021 et 2022)
Il reste très rare de mesurer des températures supérieures à 40 °C après un 15 août. Depuis 1950, seules 6 années ont été marquées par une chaleur supérieure à ce seuil après un 15 août en 1987, 2000, 2009, 2010, 2011, 2012 et 2021 . Pendant cet épisode, entre le 15 et le 24 août 2023, ce seuil a été franchi 49 fois.
Comment expliquer cet épisode de fortes chaleurs ?
De l’air très chaud remontant par le sud a conduit à la mise en place d’un dôme de chaleur.
Un dôme de chaleur est une vaste zone anticyclonique à tout étage de l’atmosphère qui emprisonne l’air déjà chaud et le réchauffe par compression (un peu à l’image d’une pompe à vélo).
De tels épisodes sont -ils liés au changement climatique d'origine humaine ?
Cet épisode de chaleur tardif s’inscrit dans la logique du réchauffement climatique qui implique que de tels épisodes pourraient s’avérer plus fréquents ou tardifs durant la saison estivale. Le réchauffement climatique joue un rôle amplificateur et favorise une extension des vagues de chaleur au-delà de la saison estivale. Les six précédents épisodes de chaleur tardifs ont eu lieu au cours du 21e siècle alors que pendant toute la seconde moitié du 20e siècle, aucune vague de chaleur aussi tardive n’a été recensée à l’échelle nationale.
L’indicateur thermique national atteindra lors de cet épisode tardif des valeurs proches de valeurs record mesurées lors des épisodes de juin et juillet 2019, voire d’août 2003.
Quantifier précisément l’impact du changement climatique sur cet épisode de chaleur demande une étude d’attribution après la fin de l’événement. Les études d’attribution portant sur les vagues de chaleur observées en 2022 ont démontré une contribution des activités anthropiques sur l’intensité de ces vagues.