info météo Illustration d'une inondation

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Inondations : la dépression Elisa apporte de nouvelles pluies, principalement dans le Pas-de-Calais

09/11/2023

La dépression Elisa a causé vendredi encore de très fortes pluies sur les départements côtiers du nord du pays. Ces intempéries s’inscrivent dans la continuité d’une période pluvieuse exceptionnelle.

De très fortes pluies ont en effet affecté le nord-ouest du Pas-de-Calais (notamment le Boulonnais et la Flandre intérieure) depuis dimanche 5 novembre, s’ajoutant elles-mêmes aux précipitations substantielles des jours précédents sous l’effet de la tempête Ciarán. De nombreux cours d'eau réagissent fortement à ces précipitations cumulées et provoquent des inondations.

Suivez l'évolution de la situation en consultant la Vigilance météorologique et VigiCrues.
 

Des averses soutenues et orageuses jusqu’à vendredi

Jeudi, le front pluvieux de la dépression qui a été nommée Elisa s’est évacué vers l’est du pays. C’est dans le ciel de traîne qui se met en place sur tout le pays que les pluies vont concerner de façon récurrente les zones déjà impactées par des inondations.

Fortes pluies liées à la dépression Elisa

Elisa, située jeudi au nord-ouest de l’Irlande, a évolué vers la Manche. Avec la mise en place d’un régime d’averses parfois soutenues et orageuses, le département du Pas-de-Calais a été placé en vigilance rouge pour Pluie-inondation avec des cumuls attendus jusqu’à vendredi après-midi de 50 à 70 mm, localement 80 à 90 mm. Les plus forts cumuls concernent l’ouest du département.

Ces fortes pluies font réagir les cours d’eau du Nord et du Pas-de-Calais et provoquent des crues exceptionnelles. Vigicrues a placé les cours d’eau de la Liane, de la Canche et de l’Aa en vigilance rouge Crues, dans le Pas de Calais, pour des crues exceptionnelles.

De nouvelles pluies sur des cumuls déjà exceptionnels 

Sur le Pas-de-Calais, les cumuls de pluie ont atteint des niveaux remarquables sur la durée, conduisant à des débordements de cours d’eau, avec des crues exceptionnelles.
Depuis le début du mois de novembre, le Pas-de-Calais a connu des passages pluvieux actifs, avec la succession de deux perturbations associées aux dépressions Ciarán, puis Domingos.
Sur les trois dernières semaines, le cumul de pluie à l’échelle du département atteint quasiment 250 mm, ce qui est supérieur à la référence climatologique pour octobre et novembre (89 et 99 mm respectivement).

250 mm de pluie signifie que 250 litres d'eau tombent sur un mètre carré de la zone concernée.

Sur le Boulonnais et la Flandre intérieure, il a par endroits plu en 6 jours l’équivalent de ce qui tombe en moyenne sur tout un mois de novembre. Les cumuls atteignent par endroit plus de 200 mm.

Sur les quinze derniers jours, certaines stations du Pas-de-Calais ont enregistré des cumuls de pluie qui ont, chaque année, une chance sur 100 de se produire (on parle alors de durée de retour centennale), comme à :

  • 275 mm à Bainghen ;
  • 263 mm à Nielles-les-Blequin ;
  • 240 mm à Boulogne-sur-mer ;
  • 230 mm au Touquet.

D'autres régions de la France sont touchées par des crues importantes notamment la région des Charentes. L’ancienne région Poitou-Charentes connaît également une succession de journées pluvieuses depuis le 18 octobre dernier.

Les cumuls de précipitations ont été plus importants sur les deux-tiers Sud de la région avec un cumul de précipitations entre le 18/10 et le 06/11 dépassant 300 mm, soit quatre fois la référence climatologique.
Les pluies accumulées en deux semaines sont généralement équivalentes au double de ce qu'on peut attendre au cours d'un mois de novembre (normales 1991-2020).
Depuis le 23 octobre, certaines stations ont enregistré des cumuls de pluie qui ont chaque année, une chance sur 100 de se produire (durée de retour centennale) comme à  :

  • 238,5 mm à La Rochelle (17)
  • 260 mm à Niort (79)
  • 212 mm à Rioux-Martin (16)
  • 235 mm à Montemboeuf (16)

De telles quantités d’eau font réagir les cours d’eau et occasionnent des crues parfois exceptionnelles.

Quel est l’impact du changement climatique ? 

De manière générale, sous l’effet du changement climatique, on s’attend à une intensification des précipitations les plus fortes. Ceci résulte généralement de l’effet combiné de la plus grande capacité d’une atmosphère plus chaude à contenir de la vapeur d’eau, et de l’apport de chaleur et d’humidité induit par une surface océanique plus chaude.

Seule une étude d’attribution spécifique pourra analyser à quel point l’événement exceptionnel de fortes précipitations en cours, et ses conséquences, a été aggravé par le changement climatique. 

En effet, selon le 6e rapport du GIEC (2022), la fréquence des fortes précipitations a augmenté, avec un degré de confiance élevé, pour l’Europe du Nord et avec un degré de confiance moyen pour l’Europe de l’Ouest.

Les projections climatiques futures indiquent une augmentation des précipitations extrêmes dans ces régions. Selon ce même rapport, sur l’Europe de l’Ouest et l’Europe centrale, on observe une tendance à l’augmentation des crues. Cette augmentation s'amplifiera avec un réchauffement planétaire de 2 °C ou plus (confiance élevée).

  • Une dépression nommée Elisa
    • La dépression à l’origine des phénomènes météorologiques multiples sur le Nord et l’Ouest du pays a été nommée Elisa en raison des pluies très intenses qu’elle engendre sur les régions déjà concernées par les inondations.
      Elisa est le nom suivant Domingos dans la liste des noms de dépressions du consortium de services météorologiques du sud-ouest de l’Europe pour 2023-2024. Nommer les dépressions permet de communiquer plus efficacement à l’approche de phénomènes dangereux
    • Les noms sont habituellement donnés aux tempêtes pour prévenir des risques de vents violents. Ce n'est toutefois pas la première fois qu’une dépression est baptisée pour attirer l’attention sur d’autres phénomènes exceptionnels qu’elle engendre. Par exemple, le 2 août 2023, la dépression Patricia a été nommée en lien avec un épisode de Vigilance Vagues-Submersion de niveau Orange ayant touché plusieurs départements bretons.

      Pourquoi et comment sont nommées les tempêtes ?
      En partenariat avec les services météorologiques AEMET (Espagne), IPMA (Portugal), IRM (Belgique) et METEOLUX (Luxembourg), Météo-France nomme les dépressions susceptibles de toucher l'un de ces quatre pays. Voici la liste des noms de tempêtes établies pour 2023-2024