Planète Chutes de neige impressionnantes sur le Japon - © Sayaka Mori, twitter : @sayakasofiamori

Sayaka Mori, twitter : @sayakasofiamori

Japon : records de chutes de neige après une année chaude

16/12/2020

Au sein d’une année 2020 exceptionnellement chaude et après des journées quasi estivales en novembre, le Japon expérimente actuellement d’abondantes chutes de neige dans le nord et l’ouest du pays. Ces chutes de neige résultent de l’effet combiné de masse d’air glacial en provenance de Sibérie sur une mer du Japon encore particulièrement chaude pour la période.

2020 une année exceptionnelle au Japon !

Au Japon comme en France, en Sibérie et sur une très grande partie de l’Asie, 2020 est une année exceptionnellement chaude, tellement chaude qu’elle est très bien partie pour terminer à la première place des années les plus chaudes depuis le début des mesures en 1880, l’ancien record au Japon datant … de l’an dernier (2019).

À l’instar de la France, le mois de novembre dernier a d’ailleurs été exceptionnellement ensoleillé au Japon, et le sixième mois de novembre le plus doux sur l’archipel nippon (en France des records d’ensoleillement ont été battus en novembre, qui a terminé à la 8e place des mois de novembre les plus doux en France). Au Japon, des « journées estivales » (*avec au moins 25 °C en journée) se sont produites jusqu’au 20 novembre, avec localement 28 °C à Takada.

Froid sibérien

Le 3 décembre dernier, la barre des -50 °C a été franchie pour la première fois de la saison en Sibérie orientale avec -51 °C à Delyankir. Quatre jours plus tard, le 7 décembre, le mercure descendait à - 50,5 °C à Verhojansk. Cette station avait battu en juin de façon frappante son record absolu de chaleur avec 38 °C le 20 juin.

Le 10 décembre, le mercure chute même à - 55,1 °C à Ojmjakon, toujours en Sibérie orientale et -55,6 °C le lendemain. Ces valeurs pourraient sembler extraordinairement basses si l’on oubliait que la normale de décembre y est de - 49 °C, et que l’on reste malgré tout très loin des records de froid pour la période (- 63 °C). Passer sous la barre des - 60 °C commencerait à devenir remarquable dans le climat actuel.

Neiges nippones

Ces masses d’air glaciales, normales à cette époque de l’année en Sibérie orientale, ont déboulé en Asie de l’Est. Selon Maximiliano Herrera des températures aussi basses que -27 ° C en Corée du Nord, -19 ° C en Corée du Sud et -41 ° C en Chine ont été mesurées dans le sillage de ces vents froids advectés vers les mers du Japon, de Chine et de Corée.

Comme la mer du Japon est encore particulièrement chaude pour la période, à des niveaux d’ailleurs exceptionnellement élevés, l’arrivée de cette masse d’air glacial sur ces eaux douces a permis des chutes de neige particulièrement considérables, avec des records de hauteurs de neige en 24/48 heures. À Takade, dans la province de Niigata, au niveau de la mer, là où il faisait encore 28 °C il y a trois semaines, il tombe une belle neige fondue depuis deux jours, avec près de 150 mm tombés sous forme de neige fondue. À Fujiwara vers 700 m d'altitude, dans la province de Gunma, il est tombé 162 cm en 48 heures, dont 1m 50 en 36 heures, 128 cm en 24 heures, et 76 cm en 12 heures. Le phénomène en jeu est connu sous le nom d’ « effet de lac ». Il est décrit précisément ici.

Concrètement, les températures relativement chaudes de la mer fournissent l'ingrédient pour de fortes précipitations qui sont sous forme solide dès la basse altitude dans le nord et l’ouest du pays.

Le Japon est un des endroits où l’effet de lac s’exprime le mieux au monde. Les cumuls de neige par hiver peuvent atteindre 12 à 15 mètres par endroits sur le relief exposé.

D’ici jeudi, les cumuls de neige pourraient de nouveau atteindre localement 100 à 150 cm. On peut enfin noter qu’en hiver sous influence de La Niña, le Japon est traditionnellement concerné par des chutes de neige plus abondantes qu’à l’accoutumée.