L’effet de lac
27/02/2020L'expression « effet de lac » est originaire des États-Unis, où l'on observe fréquemment, dans certaines régions proches des Grands Lacs, de fortes de chutes de neige localisées dans le temps et dans l'espace. Ce phénomène survient lorsqu'une masse d'air polaire continentale, froide et sèche, est rendue instable par son passage au-dessus d'une surface maritime plus douce.
Qu’est-ce que l’effet de lac ?
Le mécanisme physique en jeu, appelé « suradiabatisme », peut également être observé en France, le plus souvent près des côtes de la Manche, où de fortes chutes de neige peuvent se produire localement. Lors de l'hiver 2009/2010, on avait relevé jusqu'à 60 cm dans le Cotentin et 50 cm dans les Côtes-d'Armor en quelques jours, entre le 5 et le 10 janvier.
Lors de vagues de froid hivernales, de l'air froid stationne sur le continent. Suivant la direction des vents, cette masse d'air initialement très stable peut être poussée au-dessus de surfaces maritimes au contact desquelles elle va se réchauffer et s'humidifier. Le fort contraste thermique entre la surface maritime, « chaude », et la masse d'air froide qui la survole génère de la convection. Les averses apportent parfois de la pluie froide et, plus fréquemment, du grésil ou de la neige.
L'intensité des averses dépend de deux facteurs : la distance parcourue par la masse d'air au-dessus de l'eau et la présence plus ou moins importante d'air froid en altitude.
Les averses sont en général très localisées. Elles ont tendance à s'organiser en lignes stationnaires suivant la direction du vent. Selon son intensité, des congères peuvent en outre se former.
Lorsque les averses pénètrent à l'intérieur des terres, au contact des surfaces froides, elles ne sont plus alimentées en énergie à leur base et s'atténuent progressivement.
Où observe-t-on le phénomène dans le monde ?
Aux États-Unis, c'est surtout dans la région des Grands Lacs qu'il se produit. L'air polaire venu du Canada glisse régulièrement vers la côte est américaine et survole les Grands Lacs. Les vents de nord-ouest, dominants lors de ces épisodes, provoquent des effets de lac principalement sur les rivages est et sud des Grands Lacs. Ces derniers reçoivent beaucoup plus de neige que les autres rivages, jusqu'à 6 à 7 m de neige par an, contre 2 m sur les autres rives. Il s'observe particulièrement entre la mi-novembre et la mi-janvier, moment où la différence de température entre l'eau – encore relativement douce – et l'air – déjà froid – est la plus marquée.
Les côtes occidentales des îles japonaises de Honshu et Hokkaido sont également particulièrement sujettes à ce phénomène. Les masses d'air glaciales venues de Sibérie orientale traversent alors la mer du Japon, relativement douce. Les quantités de neige qui tombent sur les rivages exposés sont considérables : 6 à 7 m de neige sur les rivages exposés, jusqu'à 12 à 15 m sur les hauteurs environnantes.
L'effet de lac en France
L'effet de lac peut se produire lorsqu'une masse d'air très froid stationne sur le continent européen pendant une vague de froid. Des vents de nord, nord-est ou est, peuvent être à son origine, principalement près des côtes de la Manche, notamment en Bretagne et Normandie. Les cumuls sont souvent les plus importants dans le Cotentin, le bocage normand et l'intérieur des Côtes-d'Armor. Fin février/début mars 2005, toutes les côtes de la Manche avaient été concernées par un épisode de ce type, avec 40 à 60 cm dans le bocage normand et des congères de 1 m.
De tels évènements peuvent aussi être observés le long des côtes aquitaines, sur le Pays basque, quand le vent prend une composante nord-ouest, surtout sous forme orageuse. La neige y est alors plus rare, mais l'activité pluvieuse voire orageuse (avec grésil) importante.
La Corse n'est pas épargnée : lorsque de l'air glacial en provenance d'Europe centrale s'infiltre sur l'Italie, la façade orientale de l'île peut recevoir des chutes de neige jusque sur les plages et de grosses quantités à basse altitude sur le relief.