Précipitations

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La neige industrielle

09/01/2025

Lors de périodes de temps calme et froid l’hiver, malgré l’absence de perturbation, il arrive qu’il neige dans certaines agglomérations ou à proximité de complexes industriels. Liée à la conjonction de conditions météorologiques hivernales particulières et aux activités humaines, cette neige est dite “industrielle” , “urbaine” ou encore “de pollution”.

Qu’est-ce que la neige industrielle ?

Dans certaines conditions anticycloniques, dans une masse d’air froid et humide, les particules émises par les activités humaines peuvent jouer le rôle de noyaux de condensation autour desquels va s’agglomérer la vapeur d’eau pour former des flocons de neige.

L’appellation “neige industrielle“ peut inquiéter ou donner l’impression que ce serait de la “fausse neige“. On devrait donc plutôt parler de "neige de stratus" ou de "neige de basses couches".

Comment se forme la neige industrielle ?

Ces chutes de neige se produisent par temps calme et froid en présence d’un puissant anticyclone hivernal. L’anticyclone agit alors comme un couvercle piégeant les particules en suspension dans l’air près du sol et empêchant la dispersion de l’humidité et de la pollution avec une forte inversion de température.

 

L'œil de l'expert : l'inversion de température, c'est quoi ?

Une inversion de température décrit une situation très stable où la température croit avec l’altitude. Dans ces conditions, les particules d’air ne peuvent pas avoir de mouvements ascendants et restent bloquées dans les basses couches de l’atmosphère où les particules fines émises localement s’accumulent. C’est l’opposé d’une situation instable où les particules d’air tendent naturellement à s’élever.

 

En hiver, ces conditions sont propices aux stratus et aux brouillards tenaces dans les plaines et les vallées. Lorsque la température est négative, le brouillard peut déposer du givre, on parle alors de “brouillard givrant”.

Mais à elles seules ces conditions ne suffisent que rarement à produire de la neige. En fait, c’est la pollution liée aux industries, à la circulation, aux appareils de chauffage qui va venir charger l'air ambiant d’humidité supplémentaire mais aussi de petites particules solides appelées “noyaux de condensation”.

Par température négative et en l'absence de vent, la vapeur d’eau se fixe sur ces noyaux, gèle et se transforme en neige. Cette neige très fine tombe souvent sous forme d’aiguilles, c’est là une de ses spécificités. Par ailleurs, comme toute chute de neige, elle peut réduire considérablement la visibilité et vient se déposer principalement dans les zones proches de ses sources de pollution.

Ce phénomène peut s’avérer extrêmement localisé, car ailleurs, sous des conditions météorologiques identiques mais dans une atmosphère non chargée de particules fines, aucun nuage ne se forme.

Neige industrielle en Alsace

Un épais brouillard ainsi que la neige industrielle (issue de la pollution) donnent cette ambiance hivernale sur la plaine d'Alsace et rendent les axes secondaires parfois glissants. © Infoclimat/sylvain 68

Comment prévoir la neige industrielle ?

Il s’agit d’un phénomène difficile à prévoir. La difficulté de prévision de ce phénomène tient à deux aspects :

  •  il est parfois difficile de bien prévoir la persistance des conditions froides et humides dans les très basses couches de l’atmosphère, une difficulté inhérente à la prévisibilité des nuages bas ;
  •  mais surtout les émissions humaines très locales (industries) ne sont pas prises en compte dans les modèles météorologiques : la concentration en noyaux d'origine industrielle et la physique qui régit la formation de glace à leur surface ne sont pas intégrées dans les modèles de prévision. Ces derniers ne peuvent ainsi pas prévoir de telles chutes de neige qui sont, encore une fois, extrêmement localisées.

Neige industrielle en Hongrie

Neige industrielle en Hongrie © Image du satellite Sentinel-2 de Copernicus (programme de l'UE) - Contains modified Copernicus Sentinel Data [2025]