Retour sur l’épisode de fortes pluies du 8 au 10 mars dans le Sud-Est
11/03/2024Le Sud-Est a été concerné par l’épisode de fortes précipitations sous l’influence de la dépression Monica dans la journée du samedi 9 mars, la nuit de samedi à dimanche, et dimanche 10 mars au matin.
Que s'est-il passé pendant cet épisode de fortes pluies ?
Lié à la dépression Monica, qui a circulé entre le Golfe de Gascogne et la France ce week-end, un épisode de fortes pluies s’est mis en place sur la Lozère, l'Ardèche, le Var et les Alpes-Maritimes, générant des cumuls de pluies inhabituels pour un mois de mars, mais pas exceptionnels par rapport aux épisodes méditerranéens rencontrés habituellement en automne ou en hiver.
- En plaine, sur cet épisode, on observe globalement 60 à 90 mm, localement 100 à 140 mm dans l'arrière pays nîmois, Mont Bouquet, 30 à 50 mm en Camargue.
- Sur les Cévennes, 70 à 100 mm sur le piémont des Gardons, 110 à 160 mm sur le Viganais/Aigoual/Causses, localement 120 à 170 mm sur les Hautes Cévennes (limite Ardèche).
- Côté Lozère/Ardèche, on est à 90 à 150 mm globalement, localement 170-180 mm vers Villefort.
- Dans le Var, les cumuls ont souvent dépassé les 100 mm.
De violentes rafales de vent supérieures à 100 km/h ont balayé la Haute-Loire et la Loire.
La neige, observée généralement au-dessus de 1000 m a occasionné d’importants cumuls sur les Alpes du sud, les Pyrénées et le Massif central, avec à la clé un risque important de coulées de neige et d’avalanches (Mercantour, Haute-Bigorre, Aspe Ossau, Cantal, Puy-de-Dôme).
Quelques rafales de vent relevées entre le 9/03 à 4h00 hier et le 10/03 4h00 :
- Loire :
- SAINT-CHAMOND (42, 394 m) : 104,4 km/h à 19 h 30 le 10 mars ;
- SAINT-ETIENNE (42, 640 m) : 96,8 km/h à 13 h le 10 mars.
- Haute-Loire :
- LANDOS-CHARBON (43, 1148 m) : 113,8 km/h à 10 h le 10 mars.
Quels sont les précédents à cette période de l’année ?
Le plus souvent rencontré à l’automne et bien que peu courant à cette période de l’année, un épisode de fortes précipitations près de la Méditerranée au mois de mars n’est pas inédit. Il existe des précédents récents :
- mars 2022 : plus de 400 mm relevés sur les cévennes héraultaises, jusqu’à 150 mm en plaine, à Béziers (34) par exemple ;
- 28 février - 1er mars 2018 : 83 mm à Narbonne (11), 173 mm à Béziers (34), 130 mm à Aigues-Mortes (30 );
- mars 2013 : 232 mm à Portel-les-Corbières (11), 180 mm à Durban (11), 151 mm à Céret (66), 171 mm à Opoul (66), 222 mm à Solenzara (2A), 179 mm à Conca (2A) ;
- mars 2011 : cumuls de 250 à plus de 500 mm sur les Cévennes et le sud des Pyrénées-Orientales, 100 à 250 mm sur le reste du Languedoc-Roussillon et 150 à 200 mm sur la façade orientale de la Corse.
En ce qui concerne spécifiquement le Var et les Alpes-Maritimes :
- 2 et 3 mars 2024 : cumuls dépassant localement les 100 mm ;
- 26 mars 1999 : jusqu’à 110 mm à Saint-Raphaël (83) ;
- 13 mars 1980 : jusqu’à 170 mm à Sospel (06) ;
- 18 mars 1971 : 113 mm à Sospel (06), 115 mm à Saint-Martin-du-Var (06).
Quel lien avec le changement climatique ?
Le nombre d'événements de fortes précipitations près de la Méditerranée varie fortement d’une année à l’autre. On note cependant :
- une intensification des fortes précipitations entre 1961 et 2022 : augmentation de 12 % des maxima annuels de cumuls quotidiens ;
- un doublement de la fréquence des épisodes méditerranéens les plus forts entre 1961 et 2022.
Les études scientifiques s’accordent pour conclure à une augmentation de l’intensité de ces événements méditerranéens dans un climat plus chaud. Le sixième rapport du GIEC indique une augmentation des pluies extrêmes sur le nord-ouest de la Méditerranée avec une confiance faible pour le niveau de réchauffement 1,5 °C et une confiance élevée pour 4 °C de réchauffement au niveau mondial.