Météo : un début de semaine encore bien arrosé avec des risques de crue
11/12/2023En ce début de semaine, la France reste sous l’emprise du flux perturbé d’ouest/sud-ouest. Une rivière atmosphérique se déploie sur l’Atlantique et se prolonge sur le pays entre le Poitou-Charentes et les Alpes, en ondulant et en évoluant peu en trajectoire, apportant de la pluie continue et des cumuls importants sur son passage, notamment sur les Alpes.
Des phénomènes dangereux peuvent se produire. Restez informés en consultant la Vigilance météorologique et les conseils de comportement.
Une énième séquence pluvieuse sur le pays
Ce lundi, 20 à 30 mm de pluie sont encore attendus sur Poitou-Charentes, 30/50 mm (localement 60/70 mm) sur le Limousin, 20/40 mm généralement en Auvergne-Rhône-Alpes, mais ponctuellement jusqu'à 90/100 mm sur les Alpes du nord.
La masse d’air associée est très douce, et propulse la limite pluie-neige à des altitudes inhabituelles pour la saison (bien au-delà des 2000 m), ce qui se traduit par une fonte nivale importante, lessivant par endroits tout le manteau neigeux, constitué depuis le début du mois. Cela se traduit par une montée rapide des cours d’eau avec des risques de crues.
Ce temps maussade se poursuit jusqu’à jeudi, avec toutefois des cumuls en baisse, les précipitations se produisant majoritairement sous forme d’averses sur une grande partie de l’Hexagone, les régions méditerranéennes restant à l’écart des pluies.
La rivière atmosphérique
Dans certaines situations d’ouest, les perturbations sont favorisées par une puissante alimentation en humidité sur l’océan Atlantique. On parle de rivière atmosphérique, lorsqu’on observe un long corridor d’atmosphère humide continu depuis les régions subtropicales, les Bermudes ou les Antilles par exemple, jusqu’au continent européen. Cette continuité, depuis la source humide subtropicale jusqu’à l’exutoire européen, est rendue possible par la succession et la coordination de plusieurs dépressions sur l’Atlantique qui, par leur mouvement de rotation, œuvrent simultanément, telles des pompes, pour impulser l’air chaud et humide plus au nord.
La rivière atmosphérique apparaît ainsi comme un long filament nuageux régulier qui transporte de manière très efficace de l’humidité constamment réalimentée vers des latitudes tempérées.
Dans un climat plus chaud, on s'attend avec un niveau de confiance élevé à une augmentation de la force et de la durée des rivières atmosphériques, ce qui entraînera une augmentation des précipitations et une intensification des épisodes de pluie diluvienne associés sur l’Europe occidentale ou la côte ouest des Etats-Unis.
L’augmentation de la capacité de l’atmosphère à contenir de l’humidité (+7% d’humidité par degré supplémentaire d’après la relation de Clausius-Clapeyron) entraîne une intensification similaire pour les événements de pluies extrêmes et accroît le risque d’inondations.
Deux mois très pluvieux sur la France
Depuis le 18 octobre, les perturbations pluvieuses se sont succédé sur nos territoires mettant fin à une longue période de temps sec. En deux mois, les cumuls de pluies ont été remarquables, parfois records (Pas-de-Calais, Charente, Limousin, Savoies…), avec un cumul agrégé sur la France de 334 mm sur les 60 derniers jours (valeur inédite sur 60 jours glissants, tous mois confondus depuis la mise en place de cet indicateur en 1959).
Ce cumul agrégé cache toutefois de fortes disparités sur le pays. Dans ces régimes d’ouest, certaines régions françaises restent protégées par le relief, comme le pourtour méditerranéen. Sur les 60 derniers jours, une large partie du Languedoc-Roussillon et le nord-est de la Corse présentent notamment des déficits pluviométriques importants.
Vers un changement de régime de temps à partir de vendredi
À partir de vendredi, une hausse de champs se met en place par l’ouest du pays, les hautes pressions s’installent sur la France pour plusieurs jours laissant augurer un temps sec, le retour du soleil en montagne, et de la grisaille en plaine. Les températures baissent graduellement et se rapprochent des normales de saison d’ici à ce week-end.