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Alpes : un mois d'enneigement perdu en 50 ans

18/03/2021

Dans un contexte de réchauffement du climat, une étude publiée dans The Cryosphère et cosignée par des chercheurs de Météo-France montre que l'enneigement dans l'arc alpin à basse et moyenne altitude se réduit tant du point de vue de la durée d’enneigement que de la hauteur de neige. On a ainsi perdu près d'un mois d'enneigement depuis 50 ans sur l'ensemble des Alpes.

Près d’un mois d’enneigement perdu depuis 50 ans

D’après cette étude publiée dans la revue The Cryosphere et signée notamment par des chercheurs de Météo-France (Direction de la climatologie et des services climatiques et Centre national de recherches météorologiques (Météo-France/CNRS)), l’ensemble des Alpes a perdu, en basse et moyenne altitude, près d’un mois d’enneigement depuis un demi-siècle. C’est la première étude à évaluer l'enneigement de ce massif dans son ensemble.

Entre 1971 et 2019, la période durant laquelle il y a de la neige au sol chaque hiver s'est réduite en moyenne de 22 à 34 jours dans les Alpes, en dessous de 2 000 mètres d'altitude.
La baisse constatée de la neige en montagne est une tendance de fond, qui vient confirmer les études précédentes, réalisées à des niveaux locaux ou nationaux. On dispose de ce fait d'une analyse globale de l'enneigement à l'échelle de l'ensemble des Alpes.
Pour calculer ces estimations, les scientifiques ont rassemblé et uniformisé des données d’observation très disparates, venues de 2 000 stations météo de six pays (Italie, France, Allemagne, Autriche, Slovénie, Suisse), pour constituer une base de données homogène.
Le constat est clair : l'enneigement diminue dans les Alpes. Le nombre de jours entre les premières neiges (novembre-décembre) et la fonte du printemps est en constant amenuisement, environ 5 jours tous les 10 ans en dessous de 2 000 mètres. Toutefois, cette tendance de fond se superpose à de fortes variations de l’état du manteau neigeux d’une année à l’autre.
En plus du raccourcissement de la période enneigée, la hauteur de neige moyenne entre 1 000 et 2 000 m a baissé de 2,8 cm par décennie dans le nord des Alpes. C’est encore pire dans le sud de l’arc alpin où la baisse est de 4,1 cm par décennie.

L’explication est double : d'un côté, les précipitations hivernales apportent progressivement de plus en plus de pluie et de moins en moins de neige, ce qui réduit la constitution du manteau neigeux ; de l'autre, ce dernier fond plus rapidement. Dans les deux cas, l’augmentation de température est responsable de ces tendances.
Tout laisse à penser que cette dynamique globale est causée par le réchauffement climatique. À plus haute altitude, la constitution du manteau neigeux est moins affectée par le réchauffement car il fait en général suffisamment froid pendant les épisodes de précipitation pour que ces dernières se produisent sous forme de neige en hiver. L’accélération de la fonte au printemps touche en revanche toutes les altitudes.

Samuel Morin, ancien directeur du Centre d’étude de la neige et directeur actuel du Centre national de recherches météorologiques (Météo-France/CNRS) et cosignataire de l’article, conclut en affirmant que quoi qu’on fasse à court terme en termes de gaz à effet de serre, on assistera à une réduction de l’enneigement à basse et moyenne altitude qui sera comprise entre 10 et 40 % d’ici à 2050 dans les Alpes.

Plus d'informations sur notre compte @meteofrance sur Twitter.

En savoir plus sur cette étude

Et pour tout savoir, l'étude complète (en anglais).