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L’océan face au changement climatique

05/03/2020

En absorbant la chaleur, l'océan a un important effet modérateur sur le climat et ses changements. Il est aussi particulièrement vulnérable au réchauffement climatique global et à l'augmentation du contenu atmosphérique des gaz à effet de serre.

Points clés

  • Le niveau global moyen de la mer a augmenté d'environ 15 cm au cours du XXe siècle.
  • Le niveau de la mer augmente actuellement plus de deux fois plus vite. Cela va s'accélérer pour atteindre jusqu'à 1,10 m en 2100 si les émissions de gaz à effets de serre ne sont pas fortement réduites, et selon les régions ces valeurs varient de + ou - 30 %.
  • Les événements extrêmes du niveau de la mer, qui se produisent maintenant rarement (typiquement une fois par siècle) pendant les fortes marées et les fortes tempêtes, deviendront plus fréquents (typiquement une fois par an).
  • Au cours du siècle, et sans efforts majeurs d'adaptation, de nombreux littoraux seront exposés à des risques élevés de submersion marine, d'érosion côtière et de salinisation des sols. 

L'océan et la cryosphère au centre du dernier rapport spécial du Giec

Les eaux marines se réchauffent, ce qui a des conséquences sur les propriétés et la dynamique de l'océan, sur ses échanges avec l'atmosphère et sur les habitats des écosystèmes marins. Pendant longtemps, les discussions sur le changement climatique n'ont pas pris les océans en compte. Cependant, notre capacité à comprendre et anticiper l'évolution du climat terrestre dépend de notre connaissance fine des océans et de leur rôle sur le climat. C'est ce que souligne le dernier rapport spécial du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) « Océan et cryosphère dans le contexte du changement climatique », approuvé le 24 septembre 2019 par les 195 pays membres du Giec.

L'océan se réchauffe

La capacité de l'océan à stocker la chaleur est bien plus efficace (absorption de 93 % de l'excédent d'énergie résultant de l'augmentation de la concentration atmosphérique des gaz à effet de serre due aux activités humaines) que les continents (3 %) et l'atmosphère (1 %). Le réchauffement récent causé par l'émission des gaz à effet de serre due aux activités humaines n'affecte pas que les basses couches de l'atmosphère et la surface des continents. Grâce à des mesures de température de la mer collectées au cours des 5 à 6 dernières décennies sur les 1 000 à 2 000 premiers mètres de l'océan, à partir de navires, de bouées océanographiques et de mouillages et plus récemment par des flotteurs permettant de faire des profils verticaux automatiques (le projet international Argo) des premiers 2 000 m de la colonne d'eau, les océanographes ont observé que l'océan s'est réchauffé de façon importante sur cette période.

  • Plus de 90 % de la chaleur excédentaire accumulée dans le système climatique depuis 50 ans à cause du réchauffement anthropique est stockée dans l'océan (de 15 à 20 fois plus que dans la basse atmosphère et que sur les terres émergées).

    D'ici à 2100, il absorbera 2 à 4 fois plus de chaleur que pendant la période allant de 1970 à l'heure actuelle si le réchauffement planétaire est limité à 2 °C, et jusqu'à 5 à 7 fois plus, si les émissions sont plus élevées. La fréquence des vagues de chaleur marines a doublé depuis 1982 et leur intensité augmente. Dans le futur, elles seront 20 fois plus fréquentes avec un réchauffement de 2 °C et 50 fois plus fréquentes si les émissions continuent d'augmenter fortement.
     

  • L'océan a absorbé 20 à 30 % des émissions anthropiques de dioxyde de carbone depuis les années 1980, ce qui a entraîné son acidification. S'il continue d'absorber du carbone jusqu'en 2100, il deviendra toujours plus acide.

    Ces bouleversements des océans ont des répercussions sur la répartition et l'abondance de la faune et de la flore marines. Les changements dans la répartition des populations de poissons ont réduit le potentiel de capture global. À l'avenir, ce potentiel diminuera encore dans certaines régions, en particulier les océans tropicaux, mais augmentera dans d'autres, telle que l'Arctique.

Le réchauffement océanique induit des effets secondaires qui pourraient être très importants voire catastrophiques et que l'on connaît encore mal. Parmi ceux-ci, il y a évidemment la contribution de ce réchauffement à l'élévation du niveau moyen de la mer.

La hausse du niveau de la mer pourrait atteindre jusqu'à 1,10 m d'ici 2100

La fonte des glaciers et des calottes glaciaires entraîne une élévation du niveau de la mer et les phénomènes côtiers extrêmes sont de plus en plus intenses.

Selon le rapport, alors que le niveau de la mer a augmenté d'environ 15 cm à l'échelle mondiale au cours du XXe siècle, cette hausse est actuellement plus de deux fois plus rapide, 3,6 mm par an, et continue de s'accélérer.

Et le niveau de la mer continuera d'augmenter pendant des siècles. Cette hausse pourrait atteindre 30 à 60 cm environ d'ici 2100 et ce, même si le réchauffement planétaire est limité à une valeur bien en dessous de 2 °C. Il pourrait atteindre 60 à 110 cm si ces émissions continuent d'augmenter fortement.