Météo-France
Changement climatique : quel impact sur les cyclones ?
20/10/2025Un cyclone est une violente perturbation atmosphérique qui se forme dans les régions tropicales, engendrant de fortes rafales de vent, des précipitations intenses et une mer dangereuse. Le changement climatique augmente leur intensité notamment avec des pluies cycloniques plus intenses.
Cyclones, des observations récentes
Ces phénomènes naissant sur les océans, ils pouvaient passer inaperçus avant l’arrivée des satellites. Depuis les années 1970, la mise en place d’un réseau complet de satellites, scrutant la Terre en permanence, a permis de constituer une base de données de plus en plus homogène et précise des cyclones.
Lire aussi : qu'est-ce qu'un cyclone ?
Les cyclones en augmentation dans l’Atlantique nord depuis 1970
Avec un recul de seulement une cinquantaine d’années, il est important de rester prudent sur la climatologie des cyclones. Cependant, depuis les années 1970, on observe une augmentation de l’activité des cyclones tropicaux dans l’Atlantique nord, en lien avec une anomalie chaude de la température de surface de la mer sur ce bassin. L’origine anthropique ou naturelle de cette anomalie océanique reste débattue : elle peut être liée à une variabilité naturelle à des échelles multi-décennales, mais certaines études mettent en avant la contribution de la baisse des concentrations des aérosols (en réponse aux normes environnementales mises en place à la fin du 20e siècle). La fréquence des cyclones dans ce bassin semble augmenter plus fortement dans les années 2000. En 2020, un nombre inédit de 30 systèmes cycloniques a été observé.
Cyclones et changement climatique : des simulations délicates
Les rapports successifs du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) documentent toujours plus la complexité des changements qui pourraient se produire à l’avenir sur le développement et le cycle de vie des cyclones tropicaux. Il est cependant très difficile de simuler l’évolution des cyclones sous l’effet du changement climatique. En effet, beaucoup de modèles qui simulent l’évolution du climat à l’échelle du globe ont des résolutions (échelle spatiale la plus petite représentée dans les modèles) d’une centaine de kilomètres, ce qui est trop grossier pour bien représenter ces phénomènes. Néanmoins, l’arrivée récente de modèles à plus haute résolution permet de disposer d’un ensemble de simulations climatiques sur lesquelles on peut s’appuyer pour délivrer des messages robustes.
En climat futur, les cyclones devraient être plus pluvieux
Les simulations du climat pour le 21e siècle du sixième rapport du GIEC indiquent que la violence des cyclones augmente sous l’effet du changement climatique. Leur intensité moyenne pourrait augmenter de 5 % et la proportion de cyclones très intenses (cyclones de catégorie 4 et 5) devrait augmenter de 14 %.
Actuellement, les modèles projettent une baisse de la fréquence des phénomènes cycloniques dans le futur, même si très récemment, on a vu apparaître quelques simulations indiquant une augmentation.
Quant aux pluies cycloniques, une robuste tendance indique une augmentation de près de 12 % pour un réchauffement global de 2 °C.
Enfin, l’élévation du niveau des océans fait peser un risque accru d’inondation associée aux cyclones tropicaux. Néanmoins, ce risque pourrait être modulé localement par des changements de fréquence et d’intensité.
Sur le bassin sud-ouest de l’océan Indien, les simulations climatiques indiquent :
- une augmentation des précipitations associées à un système tropical ;
- un renforcement de l’intensité des systèmes les plus intenses ;
- une augmentation de la proportion des cyclones les plus forts relativement à la totalité des systèmes dépressionnaires ;
- la possibilité que les cyclones les plus intenses puissent évoluer à des latitudes plus australes, exposant ainsi les Mascareignes à un risque accru.
> Consulter le rapport BRIO (Building Resilience in the Indian Ocean)
« Les travaux scientifiques convergent tous vers la conclusion que le réchauffement de la planète entraîne des pluies plus abondantes lors de ces épisodes cycloniques. Chaque augmentation de 1 °C de la température de l’atmosphère entraîne une augmentation de 7 % des précipitations dans les cyclones. » Fabrice Chauvin, chercheur à Météo-France
Comment expliquer le renforcement des pluies cycloniques ?
Le changement climatique réchauffe la température de l’océan à la surface du globe et bouleverse la circulation générale de l’atmosphère. Une température de surface de l’océan plus élevée ne « facilite » pas forcément la naissance de cyclones. Mais un cyclone déjà bien formé « puisera » bien plus d’énergie pour se renforcer dans une atmosphère humidifiée au-dessus d’océans réchauffés. En effet, la capacité de l’atmosphère à contenir de l’humidité augmente avec sa température. Ce supplément d’humidité disponible sera à l’origine d’un renforcement des pluies cycloniques.
Quels sont les impacts des cyclones ?
Les vents violents associés au cyclone peuvent endommager, voire détruire des bâtiments, des installations et les réseaux d'électricité et de téléphone. Les massifs forestiers peuvent être fortement touchés.
Les fortes pluies peuvent également provoquer des inondations par ruissellement et par débordement des cours d’eau, mais aussi des glissements de terrain, des coulées de boues et des laves torrentielles (coulées de débris).
Sur le littoral, le cyclone a pour conséquence d'élever le niveau de la mer à laquelle s'ajoutent les vagues formées par les vents pouvant conduire à des inondations par submersion marine. Ces conditions sont également défavorables à l’évacuation des précipitations via les cours d’eau vers la mer.

Crédit photo : Infoclimat / tpin
Quelle est la part du changement climatique dans la survenue d’un phénomène cyclonique ?
Les cyclones tropicaux font partie des phénomènes météorologiques pour lesquels il est difficile d’estimer la contribution du changement climatique dans la survenue d’un événement en particulier. Néanmoins, quelques études d’attribution d’événement singulier ont cherché à simuler des cyclones observés en les transposant dans des conditions de climat futur ou de climat pré-industriel. Cette approche a notamment permis de donner une estimation de la contribution du changement climatique dans le taux de pluies cycloniques, pour quelques cyclones historiques (notamment Harvey en 2017 qui avait inondé le Texas).
Quels domaines de recherche sont en cours à Météo-France ?
Dans le passé, vue la faible résolution des modèles, l’activité cyclonique a été abordée à travers des indices de cyclogénèse, qui sont une combinaison de variables de grande échelle favorables à la naissance de cyclones. L’intérêt de cette approche est qu’elle peut être appliquée aux modèles à basse résolution.
Le développement de modèles globaux à haute résolution fait également partie des développements en cours à Météo-France.
Le projet SOCLE Outre-mer (OM) a pour but de fournir des services climatiques pour les outre-mers sur la même base que dans l’Hexagone. La modélisation régionale est largement utilisée dans le cadre de ce projet, ce qui permettra de représenter plus finement les cyclones tropicaux. Des indicateurs d’activité cyclonique pour chaque bassin océanique concernant les outre-mers seront calculés.