De la fraîcheur aux Saints de glace : est-ce toujours d’actualité ?
13/05/2024En France, les premières semaines du mois de mai s'accompagnent souvent de changements de temps marqués, avec des températures oscillant entre des valeurs presque estivales ou encore quasi hivernales. Les Saints de glace, entre le 11 et le 13 mai, sont ainsi une période traditionnellement redoutée pour les gelées tardives. Selon les croyances populaires remontant jusqu'au Moyen-Âge, une fois cette période passée, le gel ne serait plus à craindre. Est-ce réellement le cas ?
Qui sont les Saints de glace ?
Les Saints de glace sont au nombre de trois : Saint Mamert (11 mai), Saint Pancrace (12 mai) et Saint Servais (13 mai). Selon la tradition populaire, ils ont la réputation d'apporter le froid et la gelée, signature d'un ultime sursaut de l'hiver : « Les Saints Servais, Pancrace et Mamert : à eux trois, un petit hiver ». La plupart des calendriers mentionnent actuellement d'autres saints à souhaiter ces jours-là : Estelle, Achille et Rolande. Le changement date de 1960, l'Église catholique romaine ayant décidé de « remplacer » ces fameux trois saints associés aux inquiétudes des jardiniers.
En France, les premières semaines du mois de mai s'accompagnent souvent de changements de temps marqués, avec des températures oscillant entre des valeurs presque estivales ou encore quasi hivernales. Les Saints de glace sont ainsi une période traditionnellement redoutée pour les gelées tardives. Selon les croyances populaires, une fois cette période passée, le gel ne serait plus à craindre. En observant les températures minimales ces dernières années les 11, 12 et 13 mai, on constate qu'elles sont, sans surprise, contrastées d'une année sur l'autre. Par ailleurs, des gelées en plaine ne sont pas impossibles après les Saints de glace.
Des Saints de glace peu gélifs ces dernières années
Cette année 2024, après les fréquentes gelées matinales de la deuxième quinzaine d’avril, les températures ont été proches des normales de saison ou au-dessus lors de la première quinzaine de mai. On n’a pas enregistré de gelées sous abri en plaine, même si le 3 au matin, des températures minimales parfois basses ont été relevées dans l’ouest et le sud du pays.
Les Saints de glace correspondent à la fin d’une période anticyclonique et plutôt chaude sur la France. Ainsi les températures minimales, déjà supérieures aux normales de plus d’un degré en moyenne le 11, se sont radoucies encore par la suite. Le 13, l’écart aux normales a atteint près de 4 degrés. Les températures minimales ont même été au-dessus de 15 °C à Toulouse, Paris et Strasbourg.
En 2023, le mois de mai a démarré avec des températures en moyenne douces pour la saison puis ont été plus proches des valeurs de saison, voire légèrement fraîches pour les Saints de glace. Mais pas de pic de froid ! Et encore moins de gelées !
En 2022, les journées du 11 au 13 mai sont restées très douces pour la saison. Un épisode inédit de chaleur précoce du 15 au 22 mai a ensuite concerné la France qui a ainsi connu son mois de mai le plus chaud depuis 1900.
En 2021, du 11 au 13 mai, la France a connu des températures 2 °C en dessous des normales et le mois de mai a été marqué par une persistance de températures fraîches, sans gelées néanmoins.
En 2020, la France a connu un net rafraîchissement mais peu de gelées.
Après une période extrêmement douce depuis courant avril sur la plupart des régions, les températures ont connu une baisse brutale avec, par exemple, à Metz (Moselle) une baisse de 17 degrés entre le 10 et le 11 mai. Des petites gelées sont enregistrées localement en plaine dans le nord et le nord-est du pays comme le 11 avec -0,7 °C à Épinal (Vosges) ou le 13 avec -0,7 °C à Charleville-Mézières (Ardennes).En 2020, la France a connu un net rafraîchissement mais peu de gelées
Après une période extrêmement douce depuis courant avril sur la plupart des régions, les températures ont connu une baisse brutale avec, par exemple, à Metz (Moselle) une baisse de 17 degrés entre le 10 et le 11 mai. Des petites gelées sont enregistrées localement en plaine dans le nord et le nord-est du pays comme le 11 avec -0,7 °C à Épinal (Vosges) ou le 13 avec -0,7 °C à Charleville-Mézières (Ardennes).
En 2019, la période des Saints de glace n'a pas été particulièrement fraîche mais le pays avait connu quelques records de froid, des petits flocons de neige sur le nord du pays le 4 et des gelées tardives du 4 au 7 mai. La journée du 5 mai 2019 a été la plus froide du mois avec une moyenne de 8 °C sur la France, soit plus de 5 °C en dessous de la normale. Une telle température moyenne n'avait pas été observée au mois de mai sur le pays depuis le 6 mai 1991.
En 2018, la France a connu un épisode de froid tardif pour les Saints de glace avec des petites gelées le 11 sur la moitié nord et des températures maximales plusieurs degrés en dessous des normales. Avec 9,2 °C le 13, Nîmes (Gard) n'avait jamais enregistré une température maximale aussi basse en mai depuis 1926.
En 2017, la période des Saints de Glace a été plutôt douce, proche des normales. Les dernières petites gelées en plaine se sont cependant produites juste avant, le 10 mai, sur le quart nord-est, avant une séquence de temps estival à la mi-mai.
En 2016, la période des 11,12 et 13 mai avait été plutôt douce, proche des normales, donc sans gelée. Quelques rares petites gelées isolées s'étaient en revanche produites en plaine (en dessous de 500 m) après les Saints de glace, le 15 et le 16, sur le nord du pays. À noter qu'à l'échelle nationale, le mois de mai 2016 a été très proche de la normale côté température (-0,1 °C).
En 2015, il avait fait très chaud pendant la période des Saints de Glace, avec des températures au-delà des 30 °C sur de nombreuses régions (jusqu'à 33,7 °C à Saint-Étienne le 13 mai, un record de chaleur précoce pulvérisé). Après un début de mois de mai sans gel, quelques gelées en plaine avaient été observées sur les régions du Limousin à la Champagne le 21.
En 2014, un rafraîchissement s'était produit pendant cette période, mais les rares (et dernières) gelées observées en plaine l'ont été juste après, entre le 14 et le 17 mai, au cœur d'un mois de mai globalement assez proche des normales en matière de température (déficit de 0,3 °C).
En 2013, bien qu'aucune gelée n'ait été observée durant cette période, le mois de mai a été remarquablement froid : le plus froid depuis mai 1987, avec une température moyenne inférieure de 2,3 °C à la normale. On a observé localement des gelées en plaine entre le 24 et le 27 mai.
En 2012, après des nuits très douces le 11 et dans une moindre mesure le 12, le temps s'est rafraîchi au nord, et quelques gelées ont été observées les 14 et 17 (-2 °C à Chaumont en Haute-Marne). 2011 n'a pas non plus connu des Saints de glace marquants.
Les Saints de glace ont véritablement justifié leur réputation en 2010, avec quelques gelées éparses le 12, plus répandues sur les régions proches de la Manche le 13, gagnant les régions du Centre-Ouest au nord du pays les 14 et 15. On a ainsi relevé -2 °C à Pleucadeuc (Morbihan) le 13, -3 °C à Flers (Orne), -1 °C à Caen (Calvados) et au Touquet (Pas-de-Calais) le 14.
En 2009, 2008 et 2007, aucune trace des Saints de glace n'a été observée. En 2006, la période a été plus fraîche, mais sans gelée significative. On a toutefois relevé quelques gelées en plaine le 1er juin !
Étude de 130 stations sur plus de 70 ans
On étudie 130 stations en métropole, en plaine (altitude max 400m), en s'intéressant aux occurrences de gelées entre le 14 mai et le 30 juin (inclus). La période temporelle est 1951-2023, soit 73 années.
Sur 73 années étudiées, il y a 49 années où au moins une station en France métropolitaine a mesuré du gel entre les Saints de Glace et le 30 juin. On a donc 67% des cas (soit 2 années sur 3) où la dernière période de froid de l'année a eu lieu après les Saints de Glace. Ce phénomène est donc faux 2/3 du temps.
On peut souligner une tendance à la baisse des périodes de gel à grande échelle, puisque après 1995, c'est l'année 2012 qui compte le plus de stations avec gelée la même année, au nombre de 31 seulement. Avant 1995, il y avait régulièrement des années où 30 stations ou plus mesuraient des gelées après les Saints de Glace.
Si on regarde par décennie, on constate que la décennie 1990 compte le plus d'années sans mesure de gel (5 années, soit 50%), bien qu'elle contienne 1995, l'année comportant le maximum de stations ayant mesuré du gel (70 stations). La décennie 2010 compte le moins d'années sans mesure de gel (2 années, soit 20%). Il gèle donc plus régulièrement entre 2010 et 2020 qu'entre 1990 et 2000, mais à moins d'endroits.