Pourquoi, au printemps, fait-il parfois plus chaud au nord qu’au sud ?

Exemples d’écarts de températures maximales

Cela transparaît sur les différences climatologiques calculées sur la période 1991/2020 en choisissant deux villes représentatives d’un climat océanique altéré, l’une au nord (Paris) et l’autre au sud (Toulouse).

L’excédent de Toulouse sur Paris sur les températures maximales quotidiennes est de l’ordre de 2 à 3 degrés sur la plupart des mois (il atteint même temporairement 3,5 degrés vers fin septembre/début octobre). Mais cet excédent se réduit à moins de 1 degré entre le 16 avril et le 10 mai.

En hiver, le jet stream vigoureux

En hiver, le courant d’ouest vigoureux (jet stream) impose une dominante de flux d’ouest perturbé qui s’accompagnent de masses d’air homogènes sur la France, mais souvent quand même plus douces au sud qu’au nord.

Quand le robinet d’air doux atlantique s’arrête temporairement, des situations de blocage anticyclonique se mettent en place, favorisant l’intrusion d’air froid de façon privilégiée par le nord-est de la France. Dans ces situations, les écarts de températures peuvent augmenter si un conflit de masse d’air sépare les masses d’air continentales plus froides au nord de l’air océanique dévié vers le sud (situation qui s’est produite en janvier 2024).

Au printemps, le jet stream faiblit

Au printemps, des poches d’air froid issues des régions polaires profitent de l’affaiblissement du jet stream pour trouver un chemin plus aisé vers le sud, sous forme de « gouttes froides » qui en s’isolant soit vers la péninsule ibérique, soit vers le sud de la France ou la Méditerranée occidentale, vont provoquer un temps durablement frais, nuageux et instable sur les régions méridionales du pays.

Au même moment, l’air chaud va se retrouver dévié vers le nord de la France. Profitant de conditions anticycloniques sur le nord du continent, les températures maximales seront boostées par l’ensoleillement, le soleil durant les mois d’avril et de mai étant déjà haut dans le ciel.

19 degrés de plus au nord

La situation d’orages localement violents du 1er mai 2024 a mis en évidence une inversion des masses d’air avec des températures beaucoup plus basses dans le Sud-Ouest que dans le Nord-Est et globale-ment plus fraîches au sud qu’au nord.

L’écart de 19 degrés entre Strasbourg d’une part (28,6 °C), Pau (9,6 °C) et Tarbes (9,5 °C) d’autre part a rappelé une situation analogue archétypale de ce renversement de valeurs : le 27 avril 1993 avec le même écart entre les 29 degrés de Strasbourg et Colmar et les 10 degrés de Carcassonne et Albi.