Infos météo Attention aux pluies intenses sur le Sud-Est !

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Aline : pluies diluviennes dans le Sud-Est, orages, vents violents et vagues submersion

20/10/2023

La dépression Aline touche le Sud-Est et la Corse cette fin de semaine. De fortes pluies se sont abattues cette nuit et ce vendredi matin sur les Alpes-Maritimes, notamment dans les vallées déjà fragilisées par la tempête Alex il y a 3 ans. Des orages violents, de fortes rafales et des vagues submersion sont encore prévus ce vendredi.

Vigilance : des phénomènes dangereux sont prévus

Cet épisode particulièrement intense nécessite une attention particulière. La vigilance rouge, le plus haut niveau du dispositif a été déclenché sur les Alpes Maritimes.  C’est le 22e épisode de Vigilance rouge pour fortes précipitations  déclenché en France depuis la naissance du dispositif en 2001. Le déclenchement de la vigilance permet aux pouvoirs publics de déployer des moyens adaptés au niveau local pour protéger les populations. Comprendre le dispositif de vigilance

Des phénomènes dangereux sont prévus. Restez informés en suivant la Vigilance et les consignes des autorités.  

Consultez les conseils de comportements ici.

Quelle est la situation ?

Un épisode méditerranéen a touché le Sud-Est avec des pluies intenses, de fortes rafales et des vagues importantes. Il s’est mis en place avec le creusement de la dépression Aline dans le golfe de Gascogne. Il engendre de très fortes pluies orageuses sur le Sud-Est du pays, des vents forts sur la Côte d’Azur, ainsi qu’une mer particulièrement forte sur les littoraux. Des cellules orageuses peu mobiles déversent en très peu de temps des quantités de pluies équivalentes à un mois de pluie “normale” et provoquent des inondations rapides dans certaines vallées. Sur la Vallée de la Vésubie, il est tombé l’équivalent d’un mois de pluie dans la nuit du jeudi au vendredi 20 octobre.
Ces pluies ont provoqué des crues du Var et de ses affluents dans les Alpes-Maritimes ainsi qu’une crue importante du Doux en Ardèche. 
 

Les épisodes méditerranéens.- Les régions en bordure de la mer Méditerranée sont les plus exposés aux épisodes méditerranéens. Le Gard, l’Ardèche, l’Hérault et la Lozère figurent en tête des départements où l’on observe le plus souvent des épisodes apportant plus de 200 l/m2 de pluie en 24 heures mais tous les départements de l’arc méditerranéen peuvent être concernés. Sur le pourtour méditerranéen, plus de 9 millions d’habitants sont exposés à des phénomènes méditerranéens intenses. 

Quelles sont les zones les plus touchées par cet épisode ?

Les cumuls en 24 h ont atteint localement 100 à 150 mm sur l'intérieur des Alpes-Maritimes, localement davantage, comme à Saint-Martin-Vésubie avec 170 mm. Les impacts sur le terrain ont été parfois conséquents, notamment dans les vallées sinistrées par la tempête Alex en octobre 2020.

Sur l'ensemble de l'épisode, les cumuls de pluie peuvent atteindre jusqu'à 200 mm sur le Mercantour, et notamment dans les vallées de la Roya, de la Tinée et de la Vésubie.

Les pouvoirs publics ont rapidement déployé des moyens au niveau local pour protéger les populations suite au déclenchement de la vigilance rouge pluie-inondation.

Les départements Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes n’ont pas été épargnés par les fortes pluies. Depuis le début d'évènement, on relève 100 à 130 mm sur les montagnes les plus arrosées notamment le Champsaur, le Valgaudemar et le Dévoluy où la durée de retour des cumuls est de l'ordre de 20 ans.

Sur les 24 dernières heures, l’Ardèche subit également des intensités de pluies conséquentes avec 150 à 200 mm de pluie sur le relief, localement près de 250 mm dans les Cévennes ardéchoises.

La dépression Aline a généré des fortes rafales dans plusieurs départements placés en orange entre 90 et 100 km/h en plaine comme à l’ouest de Lyon avec 100 km/h ou 93 km/h à Bron et jusqu’à 140 km/h en altitude 

Il a également beaucoup plu du Lyonnais à la Haute-Marne, en Bourgogne, en Bresse, avec 50 à 80 mm en 24 h, soit des cumuls de pluie rarement observés, même en automne. 
 

100 à 250 mm en un jour… Que représentent de telles quantités de pluies ? Est-ce habituel à cette période de l’année ? 

200 mm de pluies précipitées signifie que 200 litres d'eau s’abattent par mètre carré sur la zone concernée… C’est énorme. Le mois d’octobre est un des mois les plus arrosés en moyenne climatologique dans le Sud-Est. De l’Ardèche aux Hautes-Alpes, Alpes de Haute-Provence et Alpes maritimes, il est tombé globalement l’équivalent de trois semaines de précipitations moyenne d’octobre. Sur la vallée de la Vésubie, il est tombé l’équivalent d’un mois de pluie dans la nuit du jeudi au vendredi 20 octobre. 
 

Cet épisode touche des territoires déjà dévastés il y a trois ans par la tempête Alex.  Cet épisode est-il similaire ? 

Sur les Alpes-Maritimes, des pluies de cette intensité n’ont pas été mesurées depuis la tempête Alex les 2 et 3 octobre 2020. Les cumuls de pluie liés à la dépression Aline sont cependant moins importants que ceux mesurés lors de la tempête Alex. Sur les Alpes-Maritimes, la tempête Alex avait déclenché un épisode méditerranéen sans précédent : 500 l/m² de pluies à Saint-Martin-Vésubie en 24 heures, soit des intensités de pluie qui ne se produisent normalement qu’une fois par siècle. Les cumuls sur la journée du 2 octobre 2020 avaient dépassé 300  l/m² sur de nombreux postes avec de très fortes intensités dans l’arrière-pays. 

Aujourd’hui, le cumul en 24 h a atteint 170  l/m² à Saint-Martin-de-Vésubie. Mais ces forts cumuls se sont produits sur des zones fragilisées. 

Sur les Alpes-Maritimes, l’épisode de ce 20 octobre reste ainsi le plus significatif depuis la tempête Alex de 2020. 
 

Les plus importantes intensités pluvieuses s’évacuent. Comment évolue la situation ? A quoi s’attendre aujourd’hui ?

Même si d’autres averses sont envisagées dans l’après-midi sur les Alpes du sud, pouvant occasionner encore localement des cumuls supérieurs à 30 mm, le gros des pluies est passé sur le Sud-Est. La Côte d’Azur retrouve un temps sec. 

Des vigilances crue de niveau orange sont en cours pour certains cours d’eau du nord de l’Ardèche, ainsi que le fleuve Var et ses affluents dans les Alpes maritimes. 

Le temps est par ailleurs perturbé sur l’ensemble du pays. Une autre dépression particulièrement creuse concerne les régions du Centre-Ouest ce vendredi. Tout au long de la journée, elle provoquera des rafales atteignant 100/110 km/h sur les côtes aquitaines voire ponctuellement 120 km/h. Dans les terres, les rafales sont un cran en-dessous mais atteignent 80/90 km/h, ponctuellement 100 km/h. Cette dépression remontera vers la Bourgogne en se comblant.

Quel est l’impact du changement climatique sur les épisodes méditerranéens ?

L’analyse des événements pluvieux extrêmes méditerranéens au cours des dernières décennies met en évidence une intensification des fortes précipitations et une augmentation de la fréquence des épisodes méditerranéens les plus forts.
De manière générale, sous l’effet de la hausse de la température, l’atmosphère peut contenir davantage de vapeur d’eau, qui peut davantage se transformer en pluies, ce qui conduit à une intensification des précipitations.
Le 6e rapport du GIEC confirme l'intensification attendue de ces épisodes de fortes précipitations si le réchauffement global continue à s'intensifier et dépasse 2 °C.

Avec une mer plus chaude doit-on s’attendre à plus d’épisodes méditerranéens ou plus intenses ?

Une température anormalement chaude de la mer Méditerranée en automne peut rendre les épisodes méditerranéens plus intenses en permettant à l’atmosphère de stocker plus d’humidité sur son trajet vers les côtes. Il est important de noter néanmoins que la température de la mer n’est qu’un des ingrédients nécessaires à la survenue des quantités importantes de pluie et ne saurait être suffisante. C’est avant tout les conditions atmosphériques que l’on rencontrera cet automne, qui détermineront l’occurrence et l’intensité des épisodes méditerranéens.