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Retour sur l’épisode méditerranéen du 31 août au 1er septembre 2025
01/09/2025Une perturbation a lentement traversé le pays dimanche 31 août en se renforçant. Durant la nuit de dimanche à lundi, elle a gagné le Sud-Est. Un épisode méditerranéen s’est mis en place, avec des orages caractérisés par de très fortes intensités pluvieuses.
Retour sur la chronologie de l’épisode
Dans la nuit de dimanche à lundi, des pluies orageuses très intenses ont concerné le Gard et le Vaucluse, avec des intensités marquées (80 à 100 mm en une heure, rafales à 134 km/h à Orange). La Drôme et l’Ardèche ont également enregistré 30 à 70 mm localement (45 mm en une heure à Buis-les-Baronnies, sud de la Drôme).
Lundi matin, l’axe pluvieux s’est concentré sur les Bouches-du-Rhône, avec 70 à 80 mm relevés entre Marignane et le nord-ouest d’Aix-en-Provence. Les précipitations durant la matinée ont été temporairement plus faibles. Le Var a été touché en mer par des pluies très intenses (jusqu’à 170 mm estimés à 20 km du littoral).
L’après-midi et en soirée, les orages forts ont persisté à l’est du Rhône. En début de soirée, une supercellule était encore très active sur le littoral varois, puis l’épisode s’est terminé.
Comment cet épisode a-t-il été anticipé, notamment en matière de Vigilance ?
Dès la carte de Vigilance du dimanche à 6 h, la basse et la moyenne vallée du Rhône étaient identifiées pour des Vigilances orange pluie-inondation et orages sur la nuit de dimanche à lundi, et lundi. Plus précisément, 10 départements ont été placés en Vigilance orange orages et/ou pluie-inondation (Gard, Lozère (uniquement orages), Ardèche, Drôme, Isère, Vaucluse, Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence, Bouches-du-Rhône et Var) sur l’ensemble de la durée de l’épisode.
En première partie de nuit, les trois départements à l’est du Rhône (Gard, Lozère et Drôme) étaient concernés, rejoints en deuxième partie de nuit par les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et la Drôme.
À partir de 6 h, la Vigilance orange s’est concentrée sur les 7 départements à l’est du Rhône jusqu’à 18 h. Seul le Var a été prolongé de 18 h à 20 h du fait de l’activité orageuse encore présente.
L’anticipation de l’événement a donc été parfaitement appréhendée, et son suivi a nécessité un ajustement, avec la prolongation de la Vigilance orange sur le Var entre 18 h et 20 h. La couleur orange de la Vigilance était également adaptée aux intensités orageuses et pluvieuses sur les départements du Gard, du Vaucluse, de la Drôme et des Bouches-du-Rhône. Elle était en revanche un peu surestimée sur l’Ardèche, les Alpes-de-Haute-Provence, les Hautes-Alpes, l’Isère et le Var. Des cellules orageuses intenses se sont en effet produites en mer, à proximité immédiate du littoral varois, estimées jusqu’à 170 mm de précipitations cumulées.
Quels cumuls sur les départements les plus impactés ?
Les cumuls de pluie sur 24 h ont atteint localement jusqu’à :
- 162 mm à Uzès (Gard) ;
- 128 mm à Orange (Vaucluse) ;
- 91 mm à Marignane (Bouches-du-Rhône) ;
- 78 mm à Mirabel-aux-Baronnies (Drôme).
À noter également : des intensités horaires remarquables ont été mesurées dans le Gard et le Vaucluse avec 80 à 100 mm en une heure.
La carte ci-dessous montre une estimation des cumuls de précipitation sur 24 heures entre le 31 août (à 20 h locales) et le 1er septembre (à 20 h locales), à partir du croisement des données de lame d’eau radar (estimation des cumuls de pluies au sol) et de pluviomètres.
Cet épisode méditerranéen est-il exceptionnel, notamment à cette période ?
L’épisode se situe dans une période où les épisodes méditerranéens sont classiques (fin d’été, début d’automne).
Il n’apparaît donc pas exceptionnel par sa période d’occurrence.
En revanche, les cumuls localement très élevés et les intensités horaires remarquables en font un épisode marquant, même s’il reste dans la gamme de ce qui est déjà observé lors de précédents épisodes méditerranéens.
Quel est l’impact du changement climatique sur les épisodes méditerranéens ?
Les épisodes méditerranéens sont plus intenses et les événements qui dépassent les 200 mm en 24 heures sont deux fois plus nombreux aujourd’hui que dans les années 60. Dans le climat futur, on s’attend à une augmentation de l’intensité de ces évènements méditerranéens.
De manière générale, on peut s’attendre, dans un climat plus chaud, à une intensification des pluies extrêmes : en effet, sous l’effet de la hausse de la température, l’atmosphère peut contenir et transporter davantage de vapeur d’eau. Ainsi, le sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) indique une intensification attendue des précipitations extrêmes quotidiennes à l’échelle globale, avec une confiance élevée, et également sur le nord-ouest de la Méditerranée pour des niveaux de réchauffement élevés.
Selon la Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC), les précipitations intenses pourraient augmenter de 15 % en moyenne sur la France, avec des hausses allant jusqu’à 20 % sur la moitié nord du pays, dans une France à +4 °C, à l’horizon 2100. Cette intensification concerne l’ensemble des événements pluvieux, notamment les épisodes hivernaux dans le nord de la France, mais aussi les épisodes méditerranéens.