Infos climat Il fait exceptionnellement chaud en France pour une fin octobre.

GettyImages

Épisode de chaleur tardif inédit en France

28/10/2022

La France connaît, depuis mi-octobre, un épisode de chaleur tardif exceptionnel par sa durée et son intensité. Les températures sont largement supérieures aux normales de saison, avec des pointes supérieures à 30 °C observées dans le sud du pays. Le mercure grimpe encore d’un cran : avec hier jeudi et ce vendredi, ces journées s’annoncent comme les journées les plus chaudes de la semaine.

Comment qualifier les températures de ce mois d’octobre ?

La France connaît, depuis mi-octobre, un épisode de chaleur tardif exceptionnel qui se prolonge jusqu’à la fin du mois. Les températures sont partout en France supérieures de 4 à 5 °C aux normales de saison et atteignent des niveaux dignes d’une fin d’été.

Des records mensuels de chaleur ont été battus, comme à Figari, avec 32,5 °C le 23 octobre, du jamais vu en octobre depuis l’ouverture de la station en 1979.
Bordeaux a enregistré, le 16 octobre dernier, les 30 °C les plus tardifs de l’histoire de la station. 

Cette douceur concerne aussi des stations situées plus au nord, comme Le Mans, avec 26,6 °C le 27 octobre. Le seuil des 25 °C n’avait jamais été dépassé après le 20 octobre depuis 1951, début des mesures à cette station.

On relève en effet, depuis mi-octobre, des niveaux de chaleur jamais vus si tard dans la saison, dans le sud-ouest notamment avec par exemple :

  • 30,3 °C à Tarbes les 18 et 19 octobre ;
  • 29,6 °C à Agen les 18 octobre ;
  • 29,6 °C à Toulouse les 23 octobre ;
  • 31,4 °C à Biarritz le 18 octobre ;
  • 31,1 °C à Pau et Mont-de-Marsan le 18 octobre 2022.

Cet épisode de chaleur est aussi significatif la nuit, avec des nuits dites « tropicales » observées cette fin octobre sur le sud du pays. Plusieurs records de températures minimales ont été enregistrés.

À Marignane, le mercure n’est pas descendu sous les 21,9 °C la nuit du 24 octobre, une valeur jamais atteinte par le passé sur l’ensemble du mois d’octobre. Cette « nuit tropicale » est la plus tardive enregistrée sur cette station. De même, Montpellier enregistre sa nuit tropicale la plus tardive le 23 octobre avec 20,5 °C ainsi que Arles le 24 octobre avec 21,2 °C.

Le ciel étant voilé par des nuages élevés sur le Sud-Ouest, ce phénomène s’est amplifié la nuit dernière (du 27 au 28 octobre 2022) avec les valeurs mesurées suivantes : à Socoa (Pyrénées-Atlantiques), près de Saint-Jean-de-Luz, la température la plus basse observée ce vendredi matin a été de 24,7 °C, valeur qui n’avait jamais été mesurée en octobre depuis l’ouverture de la station en 1923.

Cet épisode concerne l’ensemble du pays. L'indicateur thermique national (c'est-à-dire la température moyenne enregistrée dans 30 stations météo réparties sur l'ensemble du territoire) est au-dessus de 17° C depuis le 15 octobre excepté un jour, le mardi 25 octobre avec 16,25 °C. C'est totalement inédit. Et cette série exceptionnelle n’est pas terminée, elle devrait durer encore jusqu’à la fin du mois.

Comment l’expliquer ?

Une vaste zone dépressionnaire s’étend sur le proche Atlantique. Dans le flux de sud-ouest à l’avant, de l’air très doux, en provenance des Canaries et de la péninsule Ibérique, remonte depuis cette dernière quinzaine sur une grande partie du pays. L’isolement en goutte froide de la dépression atlantique favorise la circulation d’épisodes nuageux et très faiblement pluvieux qui ne pénètrent pas au-delà de la Bretagne.

À quoi s’attendre ces prochains jours ?

Une masse d’air extrêmement douce pour la saison remonte en cette fin de semaine sur la France et ces températures inédites vont encore monter de quelques degrés entre jeudi et samedi. Dans le Sud-Ouest, les maximales vont de nouveau talonner les 30 °C  avec souvent 27 à 29 °C en Aquitaine. On pourrait même atteindre ou dépasser le seuil de forte chaleur de 30 °C sur les Pyrénées-Atlantiques, les Landes et les Hautes-Pyrénées, au pied de la chaîne pyrénéenne. Elles atteindront généralement 24 à 27 °C entre les Charentes, le Centre-Val de Loire, jusqu’au Lyonnais, voire plus sur le nord de l’Auvergne, où on pourrait atteindre les 30 °C vendredi. On attend 26 à 28 °C en Provence et 20 à 25 °C ailleurs. Seul le Finistère, sous un ciel plus gris, restera sous la barre des 20 °C. Autour du golfe du Lion, des entrées maritimes assez compactes limiteront la hausse des températures, qui s’échelonneront alors de 23 à 25 °C.

Ces températures remarquables devraient se maintenir samedi , elles commenceront à fléchir dimanche, grâce à un temps plus perturbé sur l’ouest, tout en restant encore au-dessus (de 3 à 4 degrés) des températures moyennes de l’automne. La semaine prochaine, le passage au mois de novembre verra un retour très progressif aux valeurs de saison. 

Des températures jamais vues après un 25 octobre depuis le début des mesures sont susceptibles d’être atteintes dans certaines villes, comme à Bordeaux ou Clermont-Ferrand.

À l’échelle du pays, on connaîtra très probablement la journée la plus chaude lors d’une troisième décade d’octobre.
Le précédent record de l’indicateur de température moyenne de 18,9°C le 26/10/2006 a déjà été battu ce 23 octobre et devrait être encore augmenté ces prochains jours.

Les minimales vont rester élevées la nuit prochaine, du même ordre que la nuit passée, avec plusieurs recors de douceur nocturne à la clé dans plusieurs stations avec notamment plus de 20 °C par endroits dès l’aube vendredi sur les Pyrénées-Atlantiques,  des minimales autour de 17-18 °C, voire plus localement de la Nouvelle-Aquitaine au nord de l’Auvergne, et autour de 15 °C à Paris et Lille.

A-t-on connu des épisodes similaires par le passé ?

Des pics de douceur, voire de chaleur exceptionnelle, peuvent se produire fin octobre et y compris jusqu’à la mi-novembre. Par exemple, un pic de chaleur exceptionnelle avait concerné la France du 6 au 9 novembre 2015 avec des températures atteignant, le 8 novembre dans le Sud-Ouest, 27,8 °C à Biarritz ou 26,7 °C à Bordeaux, mais aussi 26,2 °C à Vichy ou 24 °C à Colmar le 7.
Plusieurs épisodes de grande douceur ont eu lieu durant la dernière décade d'octobre. On peut citer par exemple :
    • jusqu'à 26,4 °C le 31 octobre 2014 en moyenne sur l'Aquitaine ;
    • jusqu’à 26,1 °C le 26 octobre 2017 en moyenne sur Midi-Pyrénées.

Il s'agit cependant souvent de pics de douceur assez courts. L'épisode de chaleur en cours depuis le 15 octobre 2022 est inédit par sa durée à l'échelle du pays. Il vient achever un mois d’octobre dans les plus chauds jamais mesurés en France.

Quel lien avec le changement climatique ?

Cet épisode s'inscrit dans un contexte de changement climatique visible. Les épisodes de chaleur, en plus d'être plus fréquentes et plus intenses, deviennent plus précoces et plus tardives, à l'instar de celle que nous observons.