Inondations catastrophiques en Allemagne et Belgique
16/07/2021Une goutte froide, bloquée depuis le début de la semaine sur le sud-ouest de l'Allemagne, provoque d'importantes chutes de pluie sur le nord-est de la France, l'ouest de l'Allemagne, le Luxembourg et l'est de la Belgique. La journée du 14 juillet a été particulièrement pluvieuse en Belgique et dans l’ouest de l’Allemagne marquée par des inondations catastrophiques aux conséquences dramatiques. Les quantités de pluie ont diminuées depuis, mais elles tombent sur des sols saturés et des cours d'eau déjà en crue. La situation reste donc encore difficile ce vendredi.
Plus de deux mois de pluies en 12 heures
Les cumuls sur la journée du 14 juillet sont impressionnants :
- 154 mm à Cologne (dont 145 mm en 12 heures, ce qui est considérable) ;
- 144,8 mm à Kall-Sistig ;
- 129,2 mm à Dahlem-Schmidtheim ;
- 124,1 mm à Schneifelforsthaus ;
- 119,4 mm à Lissendorf ;
- 114,4 mm à Lüdenscheid.
À ces cumuls, s'ajoutent aussi ceux de la veille (13 juillet) presque sur les mêmes zones géographiques :
- 88,3 mm à Hirschberg ;
- 85,1 mm à Hof ;
- 82,0 mm à Querfurt-Mühle Lodersleben ;
- 81,2 mm à Seegebiet Mansfelder Land-Röblingen ;
- 76,8 mm à Eslohe ;
- 71,4 mm à Gevelsberg-Oberbröking.
En 72 heures, les cumuls du 13 au 15 juillet ont atteint jusqu’à 182 mm en Allemagne, à Nachrodt-Wiblingwerde, une commune de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Le Luxembourg a été aussi touché par d’intenses précipitations. 74 mm ont été mesurés en 12 heures à l’aéroport Findel, un nouveau record de précipitation en 12 heures pour ce pays.
Une situation météo de blocage
Depuis le début de l’été, l’Europe de l’Ouest n’a pas été épargnée par de fréquents passages pluvio-orageux, en lien avec de régulières gouttes froides, circulant sur le flanc occidental de conditions anticycloniques de blocage sur l’Europe du Nord et de l’Est. C’était vrai en juin, et c’est aussi le cas en cette mi-juillet. Ainsi, les rivages de la Baltique et la Scandinavie connaissent actuellement un été très chaud qui a contribué, d’une certaine manière, à un fort contenu en vapeur d’eau sur une grande partie de l’Europe du Nord. Ce fort contenu en eau de l’atmosphère est souvent invoqué par les climatologues comme la principale raison de l’augmentation de la fréquence des événements pluvieux extrêmes, déjà observée, à cause du réchauffement climatique.
La situation météorologique qui a provoqué cette situation est liée à une goutte froide. La goutte froide de cette semaine, de part son déplacement relativement lent, a provoqué des pluies abondantes et durables sur une partie nord-est de la France, ouest de l’Allemagne et est de la Belgique. En aspirant de l’air chaud et humide de la Méditerranée, une vaste perturbation pluvieuse s’est organisée sur l’Allemagne de l’Ouest et le Benelux. Les contenus en eau précipitable sur le nord de l’Allemagne ont atteint un niveau très rare (45 mm), renforçant le côté diluvien des précipitations, entraînant des inondations aux conséquences dramatiques.
Ces précipitations se sont produites sur des sols déjà proches de la saturation comme on le voit sur ces cartes issues du modèle IFS (entre lundi et jeudi), avec des lames d’eau régulières, encore une fois, depuis le début de l’été sur l’Europe de l’Ouest.
Beaucoup de pluie dans le Nord-Est de la France aussi
La journée du 14 juillet 2021 a également été très pluvieuse en France, en lien avec le même retour d’occlusion qui a arrosé abondamment la Belgique et l’Allemagne. Localement, des records mensuels et saisonniers de précipitations en 24 heures ont été battus, comme à Saint-Dizier avec 79 mm, troisième journée la plus pluvieuse depuis le début des mesures, tous mois confondus. Seules deux journées de septembre (en 2005 et en 2017) ont été plus pluvieuses. Cela vient confirmer le côté très inhabituel de ce qui s’est passé en plein été. C’est d’autant plus remarquable que Saint-Dizier connaissait en 2020 son été le plus sec.
En France, depuis le début de cette semaine marquée par les pluies abondantes, les cumuls ont atteint (100 h) :
- 199 mm à Châtel de Joux (39) ;
- 160 mm à Plainfaing (88) ;
- 159 mm à Le Fied (39) ;
- 158 mm à Villers La Chèvre (54) ;
- 151 mm à Errouville (54) ;
- 149 mm à Longuyon (54) ;
- 144 mm à Villette (54) ;
- 143 mm à Bras-Sur-Meuse (55) ;
- 135 mm à Arbois (39).
Quel lien avec le changement climatique ?
Le changement climatique ne joue pas directement sur l'occurrence d’un événement météo lié à la circulation atmosphérique de grande échelle, comme le déplacement d’une goutte froide sur l’Europe de l’Est qui est à l'origine des pluies actuelles. Ce sont des phénomènes météorologiques connus et documentés de longue date, mais le changement climatique amplifie leur intensité. On constate ces dernières années que l’intensité des événements météorologiques remarquables augmente. Leur sévérité a ainsi été aggravée par le changement climatique.
Même sans étude spécifique d’attribution, qui permet de quantifier dans quelle mesure le changement climatique a modifié la probabilité qu’un événement d’une telle intensité ne survienne, la signature du changement climatique se manifeste par l’intensification de tels événements de précipitations extrêmes.
Le changement climatique se manifeste d’ores et déjà. Ses conséquences sont déjà visibles et sont amenées à se poursuivre dans les prochaines décennies.