Montagne : en altitude, le printemps a la vie dure
28/04/2023Un mois d’avril assez frais et perturbé permet de conserver le manteau neigeux qui est correct en altitude dans le nord des Alpes. Le printemps a fait une pause aussi ailleurs, en ce qui concerne les températures, mais les précipitations étaient trop faibles pour améliorer l’enneigement. Il reste déficitaire dans le sud des Alpes du Sud et surtout dans les Pyrénées où les conditions sont comparables à un début juin. En Corse un manteau assez épais persiste grâce aux chutes abondantes de mi-avril.
Attention ! En montagne les conditions peuvent changer rapidement et le risque d’avalanche est toujours présent : informez-vous en consultant les bulletins d’estimation du risque avalanche, la Vigilance météorologique et renseignez-vous localement auprès des professionnels de la montagne avant de partir.
Alpes
Alpes du Nord : encore hivernal en haute altitude
Du Mont Blanc jusqu’aux Écrins, différentes perturbations, ont apporté des précipitations en quantité proche de la moyenne au mois d’avril. Parmi les plus importantes celles du 13, 15, 21 et 25 avril dans une ambiance fraîche ont conforté un enneigement déjà bon en haute altitude. Ainsi l’enneigement est globalement légèrement excédentaire sur l’ensemble des Alpes du Nord au-dessus de 2 500 m et les conditions restent hivernales en altitude, avec de la neige sèche dans les versants ombragés au-dessus d’environ 2900 m. On relève par exemple 265 cm de neige à la station nivôse des Aiguilles rouges (Mont-Blanc, 2365 m), 204 cm à la nivôse de la Grande-Parei (Beaufortain, 2240 m, Figure 1), 226 cm à la nivôse de Bonneval (Haute-Maurienne, 2740 m), et 316 cm à la nivôse des Ecrins (Oisans, 2940 m).
En dessous de 2000 à 2 200 m, l’enneigement reste déficitaire par manque de cumul de neige des mois précédents ainsi que sur l’ensemble des massifs les plus externes et les plus bas comme les Bauges, la Chartreuse et le Vercors où seuls les plus hauts sommets conservent de la neige. Le temps frais jusqu'à présent en avril, avec une température moyenne de 7,3 °C par exemple en Isère, donc 1,3 °C plus frais que la moyenne (1994–2022), a retardé la fonte printanière aux plus basses altitudes.
Figure 1: La ligne rouge décrit la hauteur de neige à la station nivôse Grande-Parei dans le massif du Beaufortain mesurée pendant la saison actuelle. Les lignes bleues et rouges en pointillés présentent les maxima et minima observés depuis les mesures. Les zones colorées permettent de classifier les valeurs comme excédentaires (turquoise), normales (vert claire) ou déficitaires (jaune).
Alpes du Sud : un enneigement qui se maintient
Le gradient de précipitations du nord vers le sud en avril se fait surtout sentir dans les Alpes du Sud, où seulement 10-15 cm se sont cumulés en avril. Dans les régions du nord, par exemple dans les massifs du Pelvoux ou du Champsaur, les précipitations ont été plus abondantes surtout en altitude (Figure 2).
Figure 2: La ligne rouge décrit la hauteur de neige à la station nivôse d’Orcières dans le massif du Champsaur mesurée pendant la saison actuelle. Les lignes bleues et rouges en pointillés présentent les maxima et minima observés depuis les mesures. Les zones colorées permettent de classifier les valeurs comme excédentaires (turquoise), normales (vert claire) ou déficitaires (jaune).
Depuis mi-avril, sous un temps frais et variable, l’enneigement n’a que peu évolué. Les secteurs frontaliers ont encore un enneigement normal notamment grâce à de fortes précipitations fin janvier. Ailleurs, l’enneigement est plutôt déficitaire à très déficitaire, par exemple sur le sud des Alpes du sud. On mesure par exemple 40 cm à la station nivôse de Millefonts (Mercantour, 2430 m), 113 cm de neige à la nivôse du Parpaillon (Embrunais-Parapillon, 2545 m) et 96 cm à la nivôse du Col Agnel (Queyras, 2630 m).
Corse : l’enneigement se conserve
Dans les montagnes de Corse, il est tombé entre 30 et 50 cm entre le 14 et le 15 avril. Sans nouvelles chutes de neige, la hauteur de neige a légèrement diminué depuis. Elle reste toutefois encore dans la moyenne. On relève 207cm de neige à la station nivôse de Maniccia (Cinto Rontondo, 2 360 m).
Figure 3: La ligne rouge décrit la hauteur de neige à la station nivôse de Maniccia dans le massif du Cinto Rontondo, Corse mesurée pendant la saison actuelle. Les lignes bleues et rouges en pointillés présentent les maxima et minima observés depuis les mesures. Les zones colorées permettent de classifier les valeurs comme excédentaires (turquoise), normales (vert claire) ou déficitaires (jaune).
Pyrénées : un enneigement comparable à celui d’un début juin
La fin de la saison hivernale semble arriver tôt cette année. Les hauteurs de neige sont très déficitaires et parmi les plus faibles de toutes les saisons depuis le début des mesures. Les dernières précipitations du 24 avril n'ont pas pu changer grand-chose à cette situation, les quantités étant faibles avec une limite des chutes de neige au-dessus d’environ 2200 m.
Par exemple, sur les nivôses qui sont situées autour de 2100 m la neige est en train de disparaître ou a déjà disparu. La seule station nivôse où il reste de la neige est celle de Port d'Aula (Couserans, 2 140 m) avec 10 cm aujourd’hui, le record bas d’enneigement (depuis 2000) se poursuit depuis fin-mars. Dans les Hautes Pyrénées on relève 76 cm à la station nivôse de Lac d’Ardiden (Haute Bigorre, 2445 m, Figure 4). Elle a perdu 25 cm dans une semaine, depuis mi-mars les hauteurs de neige sont les plus basses depuis l'ouverture de cette station en 1996. Dans les Pyrénées Orientales où l’enneigement est resté plus faible pendant l’hiver, un enneigement continu ne se situe que vers les hauts sommets dans quelques combes ombragées au-dessus de 2000 m.
Figure 4: La ligne rouge décrit la hauteur de neige à la station nivôse du Lac-Ardiden dans le massif de Haute Bigorre, Hautes Pyrénées mesurée pendant la saison actuelle. Les lignes bleues et rouges en pointillés présentent les maxima et minima observés depuis les mesures. Les zones colorées permettent de classifier les valeurs comme excédentaires (turquoise), normales (vert claire) ou déficitaires (jaune).
Moyenne montagne : Jura, Massif Central et Vosges
Les perturbations dans le mois d’avril ont reblanchi pendant quelques jours les sommets dès la moyenne montagne, mais l’absence de manteau neigeux constitué marque la fin de la saison.