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Tempête Ciara : vents violents et douceur au Sud-Est

11/02/2020

Alors que la perturbation tempétueuse associée à la dépression Ciara a plongé loin à l'est en Europe, le régime d'ouest soutenu dans son sillage provoque depuis hier des vents particulièrement violents entre Alpes et Corse.

Douceur et air sec augentement les risques de feux

Cette configuration météorologique extrême mais classique a d'autres conséquences : une douceur remarquable, parfois exceptionnelle, et un assèchement de l'air sous le vent de la montagne, augmentant le risque d'incendies.

Un point sur les rafales en Méditerranée

La tempête Ciara a atteint la Haute-Corse et les Alpes-Maritimes

Haute-Corse

  • 219 km/h au cap Corse en fin de nuit – deuxième valeur la plus élevée tous mois confondus derrière les 225 km/h du 16 janvier 2018, et record mensuel pour un mois de février ;
  • 206 km/h à Cagnano ;
  • 172 km/h à l'Île-Rousse ;
  • 139 km/h à Bastia (station officielle de l'aéroport), loin du record récent du 22 décembre 2019 : 170 km/h au passage de la tempête Fabien.

Alpes-Maritimes

  • 165 km/h à Peone – record absolu à la station (ouverte en 2002) ;
  • 162 km/h à Saint-Cézaire-sur-Siagne. (record absolu de 177 km/h à l'occasion du passage de la tempête Eleanor le 3 janvier 2018) ;
  • 148 km/h à Caussols.

Une configuration météorologique extrême mais classique

Nombre de coups de vent violent hivernaux entre Corse et continent sont associés à une situation tempétueuse particulière : un courant-jet d'orientation ouest-est très rapide est en place sur l'Atlantique et vient s'échouer sur le continent. Sur la partie nord du jet, un creusement dépressionnaire intense se forme vers les îles Britanniques et circule vers la mer du Nord puis l'Europe du Nord. Il conduit une vaste perturbation sur le nord-ouest du continent dans un flux très rapide d'ouest dominant. À la suite du passage de la perturbation sur le continent, le vent d'ouest se renforce dans le Sud, contourne les Alpes et s'accélère encore en prenant une composante nord-ouest vers la Côte d'Azur. Sous le vent du relief du sud des Alpes, des déferlements se produisent et provoquent des rafales très violentes, comme observé actuellement dans le nord-ouest des Alpes-Maritimes, particulièrement dans la région de Grasse. Côté Corse, le vent d'ouest à sud-ouest (le libeccio) s'accélère, souffle violemment en Balagne et déferle sur le nord de la façade orientale, particulièrement entre le cap Corse et la région bastiaise.

Ce type de situation extrême est bien sûr relativement rare mais constitutif du climat azuréen et corse. On peut citer dans la climatologie récente le cas de la tempête Eleanor (3 janvier 2018) –  et surtout plus anciennement lors de l'emblématique mois de février 1990 particulièrement tempétueux, l'exceptionnelle tempête Viviane du 26 et 27 janvier.

Douceur exceptionnelle et vent violent : des incendies en hiver

Mêmes causes, mêmes conséquences…

Lors de ces déferlements, l'air se réchauffe et s'assèche très fortement (effet de foehn). Le graphique ci-dessous illustre l'évolution des paramètres température/humidité avec les rafales de vent à Bastia depuis hier et ce début de journée. On y voit la chute remarquable de l'humidité de l'air passant de 70 % à 30 % en l'espace d'une heure tandis que la température gagne 6 degrés, pour atteindre des niveaux record. Ces changements rapides coïncident avec le renforcement brutal du vent (les rafales maximales de 20 km/h observées toute la matinée atteignent dès 14 h locales plus de 60 km/h avant de se renforcer plus tard dans l'après-midi à des niveaux tempétueux).

Ce même type de phénomène avait eu lieu fin février 1990 à l'occasion de la tempête Viviane, et avait abouti à un record mensuel de chaleur à Bastia avec 23,9 °C le 27 février . Ce record aura tenu presque 30 ans avant le passage de la tempête Fabien ce début février 2020 (24,3 °C le 4 février). Un record éphémère puisque ce 10 février 2020, Ciara aura fait grimper le mercure à un niveau inédit pour un mois de février avec 24,8 °C vers 16 h locales, déjà battu ce 11 février 2020 avec 25,6 °C (valeur provisoire à 13 h 15) mesurés aujourd'hui , après 24 heures passées à plus de 22 °C !

Avec la chaleur, la sécheresse de l'air et des vents violents, le risque d'incendie est évidemment accru. Actuellement, plusieurs foyers d'incendie sont actifs entre le cap Corse et le nord de la plaine orientale. Des incendies « hors-saison » toujours possibles dans ce type de situation : en janvier 2018, Eleanor avait attisé des feux dans la région, notamment dans la commune de Sant'Andrea di Cotone, et, en février 1990, de nombreux incendies s'étaient déclenchés, toujours sur la façade orientale.