Infos climat Un vent record pour la saison a touché cette nuit la Bretagne et les côtes de la Manche.

Infoclimat / Pascal29

Une tempête exceptionnelle en juillet

06/07/2021

Une dépression dynamique, nommée « Zyprian » par l’Université de Berlin, s’est creusée hier au large de la Bretagne, en direction des Cornouailles (Grande-Bretagne). De très fortes rafales de vent ont été enregistrées, atteignant souvent des niveaux inédits en juillet. De nouveaux records mensuels ont été établis sur la pointe bretonne, mais également en Manche.

De nombreux records mensuels de rafales de vent

Les rafales ont atteint des valeurs exceptionnelles pour la saison, dans le Finistère et dans la Manche :

  • 113 km/h à Brest (station sur l'aéroport de Brest Guipavas), il s’agit d’un nouveau record saisonnier pour Brest, même si les capteurs ont changé récemment.  En regardant les rafales sur 3 secondes, on obtient 103 km/h, une valeur qui dépasse également le record mensuel post-1981 à Brest (99 km/h le 29 juillet 2019 à l’occasion d’un coup de vent lié à la dépression Wolfgang à l’époque, une rafale de 103 km/h avait été mesurée à Ouessant). 
  • Jusqu’à 108 km/h à Landivisiau ont été mesurés dans l'intérieur des terres (Finistère), c'est aussi un record de rafale maximale pour la saison estivale (juin-juillet-août) ! L’ancien record saisonnier datait du 6 juillet 1969 (94 km/h). 
  • Autre record saisonnier : 139 km/h à la Pointe du Raz... remarquable pour la saison, d’autant que de façon significative, cette valeur dépasse également l’ancien record de 137 km/h de la tempête du 6 juillet 1969 (voir plus bas). 

Sur la côte du Finistère, les stations exposées du réseau Météo-France ont atteint :

  • 146 km/h à Plougonvelin (sémaphore de la Pointe St-Mathieu) ;
  • 143 km/h Ouessant-Stiff ;
  • 119,5 km/h à Ouessant (aérodrome), plus forte rafale à la station depuis la tempête Ana du 10 décembre 2017.

Voici quelques valeurs de rafales atteintes dans la Manche :

  • 123,5 km/h à Gatteville (nouveau record mensuel et saisonnier) ;
  • 122 km/h à Barneville (nouveau record mensuel et saisonnier) ;
  • 110,5 km/h à St Vaast la Hougue.

Comment l’expliquer ?

Depuis la fin juin, la France est régulièrement arrosée avec des gouttes froides récurrentes. Les quinze premiers jours de l’été calendaire présentent un cumul agrégé de précipitation au deuxième rang sur la période du 21 juin au 5 juillet, derrière 1997.

Plus spécifiquement, la situation tempétueuse du jour en Manche s'explique par la présence d'une forte anomalie de bas géopotentiel sur le proche Atlantique et les îles Britanniques associée à des masses d'air plus fraîches que la normale, contrastant avec l'air chaud présent plus sur l’Atlantique tropical jusqu’à la péninsule Ibérique et le Maroc. D’un point de vue dynamique, comme souvent lors des situations de tempête, on a même eu une branche de courant jet qui a traversé l’Atlantique. Cette zone à fort tourbillon de grande échelle, avec contraste thermique marqué, a participé à un net renforcement du courant-jet sur l’Atlantique, peu commun en juillet et propice au creusement d'une dépression marquée.
À noter que la végétation est plus vulnérable face aux tempêtes l'été : les arbres, couverts de feuilles, cèdent plus facilement qu'en hiver à force de vent égale, car le feuillage offre une prise au vent plus importante. 

Des précédents en juillet ou en été ?

Pour qu’un épisode de vent fort soit caractérisé de « tempête » à l’échelle du pays et retenu comme tel dans les archives climatologiques, il faut qu’au moins 2 % du territoire national ait été concerné par des rafales d’au moins 100 km/h. Ça n’est pas forcément le cas pour ce fort coup de vent, qui a été véritablement été exceptionnel pour la saison que sur une portion relativement limitée de la Bretagne et du littoral de la Manche. 

La climatologie indique que la saison des tempêtes s’étend surtout d’octobre à avril. Quand on regarde dans le détail, les 5 tempêtes enregistrées en juillet depuis 1980, seuls les 20-21 juillet 1980 sont liés à une dépression dynamique, et à la rigueur, le 6 juillet 1986. D’autres situations caractérisées de « tempêtes » en juillet sont en réalité liées à des orages organisées et rafaleux (type MCS). 

  • Le 6 juillet 1969, une véritable tempête, d’une intensité exceptionnelle pour juillet, frappe surtout la Bretagne, la Normandie, puis la région parisienne. Cette tempête estivale est liée à une dépression atlantique arrivée par la Bretagne l’après-midi du 6 juillet, qui longe les côtes de la Manche la nuit suivante. Le vent a atteint 166 km/h à Brest (ancienne station PC rade Brest) et 104 km/h à Brest Guipavas. Il a dépassé les 100 km/h sur toute la Bretagne et à proximité de la Manche. Il est relevé 119 km/h au Bourget. De très nombreux dégâts sont recensés ainsi qu’une trentaine de morts en cette période très touristique. 

Répartition mensuelle des tempêtes du 1er janvier 1980 au 20 juin 2020