
Météo-France
Le courant-jet
23/11/2022En météo on parle souvent du courant-jet qui apporte généralement sur la France les perturbations les plus fortes et les tempêtes. Qu'est-ce que ce courant-jet ? Comment influence t-il la formation des tempêtes ?
Qu'est-ce que le courant-jet ?
Le courant-jet (ou jet-stream) est un « tube de vent » très fort d'ouest, de 2 à 3 kilomètres d'épaisseur et de plusieurs milliers de km de long ; il est situé entre 8 et 12 km d'altitude (au sommet de la troposphère), selon la saison, et selon qu'il se situe plus près des pôles ou au contraire vers les tropiques.
La présence du courant-jet est liée à un fort contraste de température aux moyennes latitudes entre d'un côté l'air chaud des latitudes tropicales et de l'autre l'air froid des zones polaires. La vitesse du vent dans ce courant-jet est proportionnelle à cet écart de température. Dans certaines conditions exceptionnelles, le vent peut atteindre dans le courant-jet la vitesse de 400 km/h (c'était le cas sur l'Atlantique lors des tempêtes de Noël 1999).
Le courant-jet représente le mouvement général de l'atmosphère à la surface de la Terre. Il détermine les grands types de circulation atmosphérique des latitudes moyennes. En France par exemple, situation perturbée d'ouest, temps chaud par flux de sud, ou situation froide de nord ou de nord-est résultent de son évolution. Enfin, le courant-jet conditionne le creusement et l'activité des dépressions atlantiques. En moyenne, il est situé en été entre le nord de l'Amérique du Nord et la Scandinavie, circulant au nord des îles Britanniques, vers l'Islande et la Norvège. En hiver, il est plus rapide et se positionne en moyenne entre les Bahamas et la Manche.
Courant-jet et formation des tempêtes
Une tempête est toujours liée au creusement d'une dépression atmosphérique près du sol. Cependant toutes les dépressions ne produisent pas une tempête. L'évolution d'une dépression en tempête dépend surtout de la structure de l'atmosphère en altitude, en particulier de l'état du courant-jet.
À nos latitudes, la position d'une dépression naissante par rapport au courant-jet ainsi que la structure de celui-ci conditionnent la formation d'une tempête. Une dépression évoluera d'autant plus facilement en tempête que les vents du courant-jet sont forts et que ces vents sont soumis à des variations importantes (accélérations, décélérations, changements de direction). La dépression se creuse en se rapprochant des extrémités du courant-jet et perd au contraire de son activité en s'en éloignant de celui-ci.
Le « rail de dépressions »
Le courant-jet est souvent surnommé le « rail des dépressions » par les météorologues, car il joue un rôle majeur dans l’activité et la trajectoire des dépressions des moyennes latitudes. Cette zone de vents forts est caractérisée par de forts contrastes thermiques entre l’air chaud au sud et l’air froid au nord. Ces contrastes permettent l’alimentation en énergie des dépressions des moyennes altitudes, qui en circulant vont puiser toute l’énergie liée à cette différence thermique. Une pression se développe ainsi dans le courant-jet et se déplace en le suivant, comme le wagon d’un train sur un rail.
Courant-jet et dépressions
Le courant-jet joue un rôle dans la formation des dépressions et inversement, chaque dépression déforme le courant-jet et a tendance à le repousser vers le pôle : de cette manière, elle exerce durant plusieurs jours une action indirecte sur les trajectoires et l'intensité des dépressions qui lui succèdent. En remontant de l’air chaud vers le nord et l’air froid vers le sud les dépressions modifient la courbure du courant-jet, qui va osciller davantage une fois que les dépressions intenses se forment. Ceci explique le temps très variable d’un jour à l’autre.
Les courants-jets de basses couches
On utilise aussi le terme de courant-jet pour qualifier des zones de vent très fort qui naissent parfois dans les couches de l'atmosphère proches du sol. Les courants qui circulent alors dans ces zones sont appelés des courants-jets de basses couches. La vitesse du vent n’atteint cependant pas le même paroxysme que dans les jets d'altitude décrits ci-dessus.