Questions Les températures peuvent varier brusquement au printemps ! Pourquoi ?

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Pourquoi le temps change-t-il si vite au printemps ?

22/04/2022

Le printemps est connu pour être une saison de contrastes. Soumise à des masses d’air d’origine polaire encore froid, ou à des masses d’air chaud d’origine subtropicale, la France peut connaître de brusques changements de températures. Le printemps 2022 nous a encore donné un bel exemple de changement radical de temps, avec une remarquable douceur fin mars et un début avril particulièrement froid avec de la neige jusqu’en plaine.

Ces derniers printemps, nous avons l'impression de connaître souvent une alternance de temps parfois assez brutale ! Est-ce normal ?

Les changements brusques de température qui semblent nous faire passer de l’été à l’hiver, ou inversement, sont caractéristiques du printemps mais restent toujours aussi surprenants. Heureusement les archives du climat permettent de se remémorer les événements passés.

Dans un passé récent, on se rappellera du printemps 2021, où la remarquable douceur de fin mars a été suivie d'un épisode de gel tardif historique du 4-8 avril.
En 2018, la chaleur exceptionnelle du 12 au 22 avril laisse place à un épisode froid avec des chutes de neige en fin de mois. En 2013, l’indicateur national de température maximale perd 14 degrés en seulement deux jours, du 25 au 27 avril.
Ces situations sont cependant classiques au printemps, et ont déjà été observées par le passé.

À l’échelle du pays, le 12 avril 1986 reste la journée d’avril la plus froide.  L’épisode froid avait duré du 9 au 13 avril, avec des chutes de neige touchant une grande partie de la France.
Des chutes de neige sont fréquemment observées en plaine, au printemps. À Paris, on a déjà observé de la neige jusqu’en mai. On relevait 3 cm dans la capitale le 18 mai 1935. 
On a coutume de dire qu’il y a un risque de gelées en plaine jusqu’aux Saints de Glace, les 11, 12 et 13 mai.

Ces changements sont tout à fait classiques au printemps et s’observent lorsque les centres d’action (dépressions, anticyclones) organisent des flux méridiens (nord-sud) sur notre pays. On peut les observer en toutes saisons mais leurs effets sont particulièrement marqués au printemps.

Comment expliquer ces changements rapides printaniers  ? 

Le printemps marque la fin de la nuit polaire en Arctique, mais la masse d’air qui baigne le pôle se radoucit lentement. Si une masse d’air d’origine arctique déboule sur la France, dans un flux de composante nord, elle transite sur des océans encore froids en cette saison. Par conséquent, elle se radoucit moins qu’en automne, par exemple, où les mers, par inertie, sont plus douces qu’au printemps. Lorsqu’une telle masse d’air envahit la France au mois d’avril, on peut s’attendre à de la neige en plaine de façon localisée et à des gelées en plaine. Lorsqu’un telle vallée froide (thalweg) s’enfonce sur la France, il est classique qu’une partie s’isole en goutte froide (dépression fermée en altitude). Les gouttes froides sont associées à un temps très instable et contribuent à la sensation d’un temps hivernal, avec de fréquentes averses pouvant tomber sous forme de neige.

A contrario, si le flux s’oriente au sud et fait remonter une masse d’air d’origine subtropicale, si des conditions anticycloniques se maintiennent, la France peut connaître des journées estivales au printemps. Les journées se rallongent, et le soleil monte déjà haut dans le ciel en avril, et les températures montent plus facilement dans la journée. Un bel ensoleillement peut permettre au mercure d’atteindre les 25 °C, et même de façon plus remarquable les 30 °C, tôt dans la saison, jusque dans la moitié nord.
 

En ce moment, la France à la tête à l'envers : soleil au Nord, nuage et pluie au Sud... Pourquoi ?

Ces jours-ci, le nord de la France se trouve sous influence anticyclonique, avec des hautes pressions au nord des îles Britanniques, alors que des gouttes froides se succèdent sur le sud du pays. Le temps est ainsi plus ensoleillé au nord qu’au sud.

Les mois du printemps et notamment avril et mai sont coutumiers des inversions de valeur entre le nord et le sud, avec des températures ou un ensoleillement pouvant être plus généreux au nord qu'au sud. D'ailleurs, avril a la particularité climatologique d'être le seul mois de l'année où les plus fortes valeurs d'ensoleillement jamais observées appartiennent à des villes non méditerranéennes, en l'occurrence des villes du Nord-Est (dont Strasbourg qui a mesuré 346 heures et 33 minutes en avril 2007 !). À Toulouse, il faut noter que les deux mois les plus pluvieux de l’année sont avril et mai.