Les gelées printanières, un danger majeur pour la végétation
01/06/2023La conjonction d'un printemps précoce suivi d'un épisode de gel accentue le danger pour les cultures. La douceur printanière favorise le bourgeonnement de la végétation. Les cultures sont alors particulièrement sensibles au gel, en particulier les arbres fruitiers et la vigne qui peuvent subir des pertes conséquentes.
Les gelées représentent-elles un danger plus important pour les cultures au printemps ?
Les épisodes de gels sont bien plus problématiques au printemps qu’en hiver car à cette période la végétation est en pleine croissance. Les seuils de sensibilité au gel varient selon les cultures considérées, les variétés, mais aussi leur stade de développement.
Certaines cultures peuvent très bien résister aux fortes gelées de janvier-février parce qu'elles sont en dormance/repos végétatif et subir des dégâts lors d'épisodes de gel beaucoup plus légers, en termes de température mesurée lorsque la végétation a bourgeonné.
Les épisodes de gel tardif d’avril 2021 ont occasionné des dégâts matériels importants en France, estimés à au moins 2 milliards d’euros de pertes selon la FNSEA. 80 % de la production fruitière, viticole ou céréalière a été détruite sur certaines exploitations, nécessitant l’activation du dispositif des calamités agricoles par l’État.
Quelles sont les stratégies des agriculteurs ?
Les agriculteurs connaissent bien ce fléau et, pour certains, sont assurés et/ou équipés pour lutter contre les températures négatives sur leurs parcelles.
On parle de lutte indirecte quand l'agriculteur met en place des stratégies d'évitement et change ses pratiques culturales pour ne pas confronter ses cultures aux gelées lors des phases où elles sont le plus sensibles (décalage des semis, adaptations des variétés...). Cette technique n’est pas toujours applicable, notamment dans les vergers et les vignes.
La lutte directe consiste à déployer des moyens de protection, de brassage de l'air, de chauffage, ou d'aspersion des cultures.
Quels sont les facteurs responsables des dégâts sur les cultures ?
Les dégâts sur les cultures dépendent du stade de débourrement, de la fréquence et de l’intensité des épisodes gélifs, accentué par différents facteurs, notamment la présence de neige au sol qui peut localement faire descendre les températures de plusieurs degrés par rapport à un sol nu, l'absence de vent qui limite le brassage de l'air, ou encore les éclaircies nocturnes. L'intensité du gel peut également être aggravée par l’humidité et la nature des sols (sableux et calcaires par exemple).
Les dégâts les plus forts sont à attendre dans les zones où la température descend en dessous de -5 °C pendant plus de 2h, ou en dessous de -2 °C pendant une dizaine d'heures.
Quel est l’impact du changement climatique sur les gelées printanières ?
Les gelées de printemps continuent et continueront à se produire malgré le réchauffement climatique. Même si l’augmentation des températures moyennes rend les vagues de froid en avril moins probables, les hivers plus doux provoquent l’avancée de la saison de croissance de la végétation, un stade où les cultures sont vulnérables à de basses températures. À l’avenir, avec le réchauffement climatique, les gelées printanières risquent donc de se produire plus tôt dans la saison.
Selon une étude d’attribution du réseau international World Weather Attribution, le changement climatique a augmenté d’environ 60 % la probabilité qu’un épisode de gel tardif comme celui d’avril 2021 survienne en période de bourgeonnement.
Les régions les plus touchées seront les zones continentales et celles situées en altitude où le risque de gelée demeurera même avec le changement climatique. Les zones plus océaniques avec un sol géologique sableux, propice au refroidissement nocturne, comme la Gironde et les Landes seront elles aussi à surveiller.