Météo-France
Changement climatique : quel impact sur l’enneigement ?
13/10/2025Le changement climatique se traduit principalement par une hausse des températures, avec un effet direct sur l’enneigement naturel, en montagne comme en plaine. En France hexagonale et en Corse, il y aura de moins en moins d’hivers enneigés, avec d’importantes conséquences sur la faune et la flore de montagne, les ressources en eau, les paysages de montagne et les activités économiques qui en dépendent.
Les projections présentées ici comparent le climat futur à celui observé entre 1976 et 2005.
Les mentions des niveaux de réchauffement de la France à + 2,7 °C et + 4 °C se réfèrent à la période 1850-1900.
Des hivers plus doux où le froid devient rare
À l’échelle de l’Hexagone, l’amplitude du réchauffement est légèrement moins forte en hiver qu’en été, mais avec des disparités spatiales et des impacts majeurs, notamment en montagne.
Pour la dernière décennie (2015-2024), le réchauffement hivernal atteint en moyenne +1,3 °C par rapport à la période de référence 1976-2005.
En climat futur, selon la Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC), le réchauffement hivernal s’élèverait en moyenne à :
- +1,9 °C dans une France à +2,7 °C (horizon 2050 de la TRACC) ;
- +3 °C dans une France à +4 °C (horizon 2100 de la TRACC).
L’ampleur du réchauffement hivernal n’est pas uniforme sur le territoire. Il est particulièrement fort sur la moitié Sud-Est du pays, notamment pour les zones de relief (Alpes et Pyrénées). Ainsi, dans une France à +4 °C, à l’horizon 2100, il atteindrait par exemple +3,2 °C en moyenne sur la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, et jusqu’à +4 °C sur le département des Hautes-Alpes.
Le saviez-vous ?
Avec des températures plus élevées, les épisodes de pluie deviennent plus fréquents, au détriment des chutes de neige. De surcroît, la neige présente au sol fond plus rapidement. Épaisseur et durée de l’enneigement diminuent ainsi sous l’effet de l’augmentation de la température, dans des proportions qui dépendent de l’altitude et des massifs montagneux.
Affecté par le changement climatique, l’enneigement est en baisse sur tous les massifs
L’enneigement naturel en montagne s’est déjà réduit de plusieurs semaines par rapport à la période de référence 1976-2005. Toutefois, l’enneigement est avant tout fortement variable d’une année à l’autre et cela se poursuivra à l’avenir. Il y aura de plus en plus d’hiver peu enneigés, et de moins en moins d’hiver bien enneigés, sans exclure un hiver occasionnellement très bien enneigé par rapport aux références historiques.
Dans une France à + 2,7 °C, à l’horizon 2050 de la TRACC, le nombre de jours de neige au sol (enneigement supérieur à 5 cm) diminuera (par rapport à la période de référence 1976-2005) :
- d’environ 2 mois sur la plupart des massifs à moyenne et basse altitudes ;
- et d’environ 1 mois à haute altitude.
Dans une France à + 4 °C, à l’horizon 2100 de la TRACC, le nombre de jours de neige au sol se réduira drastiquement sur tous les massifs (par rapport à la période de référence 1976-2005) :
- la présence de neige au sol deviendra irrégulière et se limitera généralement à moins d’un mois à moyenne et basse altitudes ;
- la réduction pourra dépasser deux mois à haute altitude.
Des disparités selon les massifs
Tous les indicateurs d’enneigement sont à la baisse sur tous les massifs, quel que soit le scénario d’émissions de gaz à effet de serre. Cependant il y a de grandes disparités selon l’altitude, la géographie et l’exposition des pentes (Nord ou Sud).

Par exemple, dans une France à +4 °C, à l’horizon 2100 de la TRACC, la durée d’enneigement naturel moyen (hauteur de neige supérieure à 5 cm) se limitera à 1,5 à 3 mois dans les Alpes à 1800 m d’altitude et même à moins d’1,5 mois dans les Pyrénées à 1 800 m d’altitude, 1 à 2 mois dans les Vosges et le Jura, et à 10 jours dans le Massif central à 1 200 m d’altitude.
Vers la fin des paysages glacés ?
En raison du changement climatique dû aux activités humaines, les vagues de froid les plus extrêmes observées ces dernières décennies, et les paysages glacés qui leur sont associés dans nos régions, ne se reproduiront probablement pas au cours du 21e siècle. Et il y a seulement 1 chance sur 10 qu’une vague de froid remarquable comme celle de février 2012 en Europe de l’Ouest ne survienne à nouveau d’ici à 2100.
En revanche, s’il y aura davantage d’années peu enneigées dans une France à +4 °C, à l’horizon 2100, cela n’exclut pas un enneigement conséquent de temps en temps en raison de fortes variations d’une année à l’autre.
Quels sont les impacts de cette diminution de l’enneigement ?
La présence de neige en montagne en hiver est importante pour la faune et la flore de montagne, le cycle de l’eau et la ressource en eau, y compris concernant l’évolution des glaciers, avec des impacts sur les activités humaines (hydroélectricité, agriculture, tourisme de sports d’hiver…).
Concernant les risques naturels en montagne :
- moins d’avalanches de neige poudreuse et plus d’avalanches de neige humide, y compris en hiver, avec une hausse progressive de l’altitude atteinte par les avalanches ;
- augmentation des risques d’éboulements à haute altitude du fait du dégel du pergélisol (sous-sol gelé en permanence) et du recul des glaciers.
Au-delà de la période hivernale, cette évolution a des répercussions importantes sur la ressource en eau au printemps et en été. En montagne, le manteau neigeux a une fonction de « château d’eau ». En fondant progressivement durant le printemps et l’été, quand les précipitations se font plus rares et la demande plus importante, le manteau neigeux alimente le débit des cours d’eau. Cette diminution de l’enneigement contribue donc ainsi à une diminution de la ressource en eau disponible au printemps et en été dans de nombreuses régions.
Les recherches sur l’enneigement
Pour mieux décrire l’évolution de l’enneigement dans les massifs montagneux français et y analyser l’évolution climatique, Météo-France utilise des observations de l’enneigement mais aussi des simulations numériques spécifiques. À partir d’observations météorologiques et de réanalyses sur les décennies récentes, les chercheuses et chercheurs ont, par exemple, reconstitué des données quotidiennes d’enneigement et de conditions météorologiques en montagne. Ces données ont ensuite été utilisées pour construire des séries climatologiques d’enneigement depuis l’hiver 1958-1959. Elles ont mis en évidence une tendance à la baisse de l’enneigement, notamment dans les Alpes à moyenne altitude.
« L’enneigement ne disparaît pas d’un coup, mais il se transforme : il arrive plus tard, il repart plus tôt, et en dessous d’une certaine altitude, il devient de plus en plus aléatoire », selon Marie Dumont, directrice du Centre d’études de la neige (Météo-France - CNRS). « Dans les Alpes, nous observons déjà une perte d’environ un mois de neige en moyenne depuis cinquante ans. C’est une évolution rapide à l’échelle du climat. »
Ainsi, le site de mesures nivo-météorologiques du Col de Porte, dans les Alpes du Nord, situé à 1 325 m d’altitude dans le massif de la Chartreuse, permet de disposer d’un recul de plus de soixante ans d’observations en moyenne montagne. Entre les périodes 1991-2020 et 1910-1990, l’enneigement y a perdu près de 40 cm d’épaisseur de neige hivernale moyenne, et la température hivernale y a augmenté de plus de 0,9 °C.
ClimSnow, l’outil pour anticiper le changement climatique des stations de ski
Le tourisme hivernal, fortement dépendant des conditions d’enneigement, est affecté par le changement climatique. Dans les stations de sports d’hiver, la réduction de l’enneigement perturbe régulièrement leurs conditions d’exploitation à basse et moyenne altitude.

Météo-France / L’Œil du climat / Laurence Delanoë - L'hiver de demain
Grâce à une collaboration entre Météo-France, Inrae et Dianeige (devenu ABEST Horizons), le service climatique ClimSnow permet d’analyser l’évolution future de l’enneigement. ClimSnow fournit des projections climatiques, pour chaque station de ski, en tenant compte de facteurs spécifiques tels que l’altitude, l’orientation des pistes et l’usage de la production de neige.
> Découvrir ClimSnow
Pour en savoir plus : François, Hugues, Raphaëlle Samacoïts, Carlo Carmagnola, Jean-Michel Soubeyroux, Matthieu Lafaysse, Samuel Morin, Enneigement des massifs montagneux et stations de sports d’hiver dans une France à +2,7 et +4 °C, La Météorologie, 129, 46-55, 2025
« L’enneigement ne disparaît pas d’un coup, mais il se transforme : il arrive plus tard, il repart plus tôt, et en dessous d’une certaine altitude, il devient de plus en plus aléatoire », selon Marie Dumont, directrice du Centre d’études de la neige (Météo-France - CNRS). « Dans les Alpes, nous observons déjà une perte d’environ un mois de neige en moyenne depuis cinquante ans. C’est une évolution rapide à l’échelle du climat. »