Quel climat futur pour les outre-mer ?
05/12/2025Depuis septembre 2025, Météo-France met progressivement à disposition de nouvelles projections climatiques à l’échelle locale pour les territoires ultramarins sur le portail DRIAS, Les futurs du climat. Ces travaux s’inscrivent dans le cadre de la Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC), déjà établie pour l’Hexagone et la Corse, et visent à aider les outre-mer à mieux anticiper les effets du réchauffement et à préparer leurs stratégies d’adaptation.
Comprendre la TRACC : une trajectoire pour anticiper le réchauffement climatique outre-mer
Les territoires ultramarins sont parmi les plus exposés aux effets du changement climatique : vagues de chaleur plus intenses, sécheresses prolongées, cyclones tropicaux plus dévastateurs ou montée du niveau de la mer. Pour répondre à ces enjeux, Météo-France décline désormais la TRACC (Trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique) pour les territoires d’outre-mer.
Cette trajectoire fixée par les pouvoirs publics s’appuie sur trois niveaux de réchauffement planétaire à court, moyen et long terme : +1,5 °C à l'horizon 2030, +2 °C à l’horizon 2050 et +3 °C à l’horizon 2100, correspondant aux engagements actuels des pays en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, en informations locales, adaptées aux spécificités climatiques de chaque territoire.
Ces niveaux de réchauffement correspondent à :
- Guyane : +1,7 °C en 2030 ; +2,3 °C en 2050 ; +3,5 °C en 2100 ;
- La Réunion : +1,5 °C en 2030 ; +2,0 °C en 2050 ; +2,9 °C en 2100 ;
- Mayotte : +1,5 °C en 2030 ; +2,0 °C en 2050 ; +3,0 °C en 2100.
La TRACC constitue une référence commune pour comprendre les évolutions possibles et fonder l’élaboration des politiques d’adaptation au changement climatique.

Des projections climatiques régionalisées, inédites pour les territoires ultramarins
Les nouvelles projections concernent la plupart des territoires tropicaux : Antilles, Guyane, Mayotte, La Réunion, Nouvelle-Calédonie et Polynésie française. Elles reposent sur les simulations climatiques les plus récentes, affinées à échelle locale (environ 3 × 3 km), s’appuyant sur des simulations réalisées spécifiquement par Météo-France, des observations locales ainsi que les simulations climatiques d’autres organismes internationaux.
Les données sont mises en ligne progressivement sur le portail DRIAS, Les futurs du climat.
Elles permettent d’explorer les changements attendus localement pour plusieurs indicateurs : températures quotidiennes, cumuls de précipitations, nombre de jours très chauds ou encore jours avec pluies intenses, aux différents niveaux de réchauffement et horizons temporels de la TRACC (2030, 2050, 2100).
Une mise à disposition progressive des données
Les nouvelles projections climatiques sont publiées par étapes. Pour certaines régions, comme la Guyane, La Réunion et Mayotte, les premières données et indicateurs sont mis à disposition.
Les données des autres territoires seront progressivement intégrées dans les prochaines semaines, avec de nouveaux jeux de données, indicateurs et cartes interactives.
Premiers résultats pour l’océan Indien : hausse des températures et baisse des précipitations
Les premiers résultats disponibles illustrent les déclinaisons locales de la TRACC pour certains territoires.
- En Guyane, pour un réchauffement local d’environ +3,5 °C par rapport à la période préindustrielle (horizon 2100 de la TRACC), les projections indiquent environ 170 jours chauds par an (températures supérieures ou égales à 35° C), soit près de la moitié de l’année, contre une vingtaine de jours par an sur la période 1991-2020 et environ 230 nuits chaudes par an (températures minimales supérieures ou égales à 24 °C) sur la quasi-totalité du territoire, contre moins d’une dizaine de jours par an exclusivement les communes littorales (par rapport à 1991-2020).
- À La Réunion, pour un niveau de réchauffement local équivalent d’environ +2,9 °C par rapport à la période préindustrielle (horizon 2100 de la TRACC), les projections indiquent une moyenne de 90 jours chauds par an sur le littoral et les premières hauteurs (températures maximales supérieures ou égales à 31 °C) dans les zones densément peuplées (contre une dizaine par an sur la période 1991-2020), ainsi qu’une baisse moyenne des précipitations d’environ -15 % en saison sèche (par rapport à 1991-2020).
- À Mayotte, pour un réchauffement local d’environ +3 °C par rapport à la période préindustrielle (horizon 2100 de la TRACC), les projections indiquent environ 205 jours chauds par an (températures supérieures ou égales à 32 °C), contre une trentaine de jours en an sur la période 1991-2020, accompagnés d’une diminution moyenne des pluies d’environ -30 % en saison sèche (par rapport à 1991-2020).
À retenir
- Ces déclinaisons locales de la TRACC traduisent un risque accru de vagues de chaleur, de sécheresse et de tensions sur les ressources en eau.
- Les niveaux de réchauffement local ne sont pas directement comparables entre territoires : chacun possède ses propres caractéristiques climatiques et géographiques, qui influencent la réponse au changement climatique.
Des outils Météo-France pour accompagner l’adaptation au changement climatique
Les nouvelles données produites par Météo-France constituent une base solide pour accompagner la mise en œuvre de politiques publiques et de projets d’adaptation. Elles seront également intégrées au service Climadiag Commune, en accès libre et gratuit, qui propose un diagnostic climatique pour chaque commune.
Ce service sera étendu d’ici à 2026 à l’ensemble des territoires ultramarins.
Il permettra à chacun, élus, techniciens, chercheurs, citoyens, d’accéder facilement à des informations climatiques locales fiables et comparables.
Pour aller plus loin :
→ Découvrez les données et visualisations sur DRIAS – Les futurs du climat
→ La Trajectoire de réchauffement de référence pour s’adapter au changement climatique