Infos climat Depuis mi-octobre, la France a été balayée par une succession de passages pluvieux quasiment continus

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Automne 2023 : beaucoup de pluies et des inondations historiques

13/12/2023

Depuis mi-octobre, la France a été balayée par une succession de passages pluvieux quasiment continus, entraînant des inondations et des coulées de boue par endroits comme ce fut notamment le cas sur le Nord - Pas-de-Calais, Poitou-Charentes, le Jura, Haute-Savoie ou encore dans les Hautes-Alpes, parfois aggravés par des phénomènes de fonte nivale jusqu’à haute altitude.

Ces passages perturbés ont entraîné des inondations et des coulées de boue par endroits comme ce fut notamment le cas sur le Nord - Pas-de-Calais, Poitou-Charentes, le Jura, Haute-Savoie ou encore dans les Hautes-Alpes, parfois aggravés par des phénomènes de fonte nivale jusqu’à haute altitude. 

Retrouvez le bilan complet de l'automne 2023 ici. 

Consultez le dernier bulletin de suivi hydrologique ici.
 

Comment l'expliquer ?

Le "rail des dépressions" est décalé plus au sud qu’à l’accoutumée. L'anticyclone, positionné trop au sud, ne protège plus l’Europe de l’Ouest des perturbations, très actives sur la France.

La rivière atmosphérique

 

Deux mois très arrosés

Certaines stations ont enregistré 1000 mm en 2 mois (du 15 octobre au 11 décembre) comme par exemple:

  • 1263 mm au Falgoux (15 - 950 m) ;
  • 1105 mm au Mont-Dore (63 - 1220 m) ;
  • 1052 mm à Vallorcine (74 - 1326 m) ;
  • 1040 mm au Lac d'Alfeld à Sewen (68 - 620 m) ;
  • 1001 mm à Mijoux (01 - 1002 m).

Des cumuls de 1000 mm de précipitations en 2 mois signifient qu'il est tombé 1000 litres d'eau par mdepuis la mi-octobre.

 

Cumul de précipitations entre le 15 octobre et le 11 décembre 2023

Pluies : de forts contrastes !

Plus généralement, les 500 mm en 2 mois ont été dépassés sur la Nouvelle-Aquitaine, la façade atlantique, le littoral de la Manche ainsi que sur les reliefs de l’Est et de la Corse. Seuls le Languedoc et le Roussillon sont restés à l’écart des précipitations, un phénomène classique dans ce type de situation météorologique:

  • 28 mm à Fitou (11) ;
  • 28 mm à Perpignan (66) ;
  • 34 mm à Sète (34).

Durant cette même période, les contrastes peuvent être très marqués sur des distances très faibles. La station du Lioran et celle de Coltines dans le Cantal, pourtant distantes de seulement 20 km à vol d’oiseau, affichent des différences colossales: 1263 mm au Falgoux (Altitude 850 m) contre 212 mm à Coltines (Altitude 979 m) soit un rapport de 1 à 6. 
En cause, les montagnes de la Chaîne des Puys qui stoppent les nuages et la pluie. Sous le relief, les précipitations sont beaucoup moins abondantes, comme par exemple dans la plaine de la Limagne (effet de foehn) :

  • 125 mm à Clermont-Ferrand (63) ;
  • 111 mm à Issoire (63).

Retour sur une pluviométrie record en automne et des inondations historiques

Les automnes les plus arrosés (1960, 2000, 1974, 2019) se caractérisent généralement par une succession d’épisodes pluvieux sur la France, d’intensité moyenne mais de durée prolongée, notamment sur la moitié ouest ainsi que sur les Hauts-de-France et la Champagne. Ces automnes pluvieux sont associés comme l’automne 2023 à de nombreuses inondations et crues historiques.

Crues désastreuses en 1909-1910

Dans les annales météorologiques, les crues et inondations de novembre et décembre 1909 restent les plus marquantes précédant la crue historique de la Seine à Paris en janvier 1910 : la succession de perturbations, tempêtes, pluies abondantes et persistantes ont causé des “crues désastreuses”. La Loire, la Seine, le Rhône, la Marne et la Garonne notamment avaient atteint des niveaux historiques. Les crues se sont souvent poursuivies en janvier et février, accentuées par la fonte des neiges.

Inondations historiques de l’automne 2000 

La France a connu des inondations à répétition et de nombreuses crues associées à une pluviométrie exceptionnelle à l'automne 2000. Dans le Nord-Ouest, les premières inondations de grande ampleur sont survenues au cours de la première quinzaine de novembre en Basse-Normandie et Ille-et-Vilaine. Les fortes pluies des 11 et 12 décembre ont ensuite provoqué d'importantes inondations sur le Finistère et le Morbihan. Les inondations nombreuses et durables ont également concerné le Nord-Pas-de-Calais, la Champagne et le Sud-Ouest. Le département de la Somme a subi des inondations catastrophiques et d’importants dégâts durant l’automne jusqu’au printemps 2001.

Inondations exceptionnelles d’octobre et novembre 1960

En 1960, des inondations et crues exceptionnelles ont suivi les pluies intenses les 3-4 octobre en Dordogne, Creuse et Corrèze, s’accompagnant de victimes et dégâts importants. Les épisodes pluvieux à répétition sur le Sud-Ouest ont entraîné dès le 28 octobre de nouvelles inondations catastrophiques en Charente et Charente-Maritime puis le 4 novembre notamment dans les Deux-Sèvres et en Vendée. Durant l’automne 1960, d’autres inondations et crues se sont également produites sur un large quart sud-ouest ainsi que sur le Massif central et plus localement dans le Sud-Est. Face à l’ampleur des dégâts, en l’absence du dispositif catastrophes naturelles créé en 1982, une loi a été adoptée au Sénat le 26/11/1960 permettant d’indemniser pour la « réparation des dommages causés aux biens privés dans les départements victimes des inondations exceptionnelles de septembre, octobre et novembre 1960 ». 

Crues lentes et inondations de l’automne 1974 

Les précipitations abondantes durant les mois de septembre, octobre et novembre 1974 ont provoqué crues lentes et inondations dans le Nord-Pas de Calais ainsi qu’en Mayenne et Ille-et-Vilaine.

Plus récemment en décembre 2019

Après un automne très arrosé, les cours d’eau débordent début décembre 2019 en Aquitaine et Poitou-Charentes. La Charente reste en crue durant deux semaines, la Garonne sort de son lit à Marmande ou Agen comme la Nive à Bayonne...

Quel lien avec le changement climatique ?

Le cumul hivernal des précipitations varie largement d’une année à l'autre et cette variabilité qui persistera au cours du XXIe siècle.
Indépendamment de cette variabilité, les projections climatiques n’indiquent que peu d'évolution du cumul annuel des pluies en moyenne sur la France métropolitaine. Mais des tendances contrastées se dessinent à l’échelle des régions et plus encore à l’échelle des saisons.
En hiver, sous l'effet du changement climatique, les pluies seront plus abondantes sur la plupart des régions. Cette hausse est plus marquée sur le nord et l’est du pays, et particulièrement dans le scénario de fortes émissions (RCP8.5).
En été, les projections climatiques indiquent une baisse des cumuls estivaux dans les scénarios de fortes émissions (RCP8.5) et d'émissions modérées (RCP4.5). Elles ne montrent que peu d’évolution dans le scénario de faibles émissions (RCP2.6).

Plus d'infos: https://meteofrance.com/climathd