Canicule intense et durable de juillet 2022 : que faut-il retenir ?
26/07/2022La France a subi mi-juillet une vague de chaleur intense. De nombreux records absolus de chaleur ont été battus. À l'échelle nationale, cet épisode, débuté mardi 12 juillet, a duré 14 jours au total, persistant notamment dans le sud-est du pays, particulièrement autour de la vallée du Rhône. Ces chaleurs ont concerné de nombreux pays de l'Europe de l'Ouest.
1. Une chaleur exceptionnelle
Cet épisode caniculaire est la 45e vague de chaleur recensée en France depuis 1947 et a officiellement démarré le mardi 12 juillet. Elle a duré 14 jours à l’échelle nationale, la classant au 5e rang des vagues de chaleur les plus longues (23 jours en 1983, 21 jours en 2006, 16 jours en 2003 et 2018). D’une intensité maximale de 28,0 °C, elle se classe au 3e rang des canicules les plus intenses que la France ait connu (derrière Juillet 2019 et Août 2003), et au 6e rang des plus sévères.
La canicule de référence en France reste celle d’août 2003 avec le maintien de températures extrêmement élevées pendant plusieurs jours consécutifs sur l’ensemble du pays, ce qui n’est pas le cas lors de cet épisode. Elle reste à ce jour la plus sévère (intensité cumulée sur la période) jamais enregistrée en France et ne sera vraisemblablement pas dépassée par l’épisode actuel.
Au niveau local, elle est exceptionnelle par sa durée sur de nombreux départements du
pourtour méditerranéen et des Alpes, en particulier sur les Hautes Alpes (15 jours, nouveau
record) et l'Hérault (22 jours, nouveau record). Son intensité est exceptionnelle sur de
nombreux départements du nord-ouest du pays, avec des records de chaleur à l'échelle
départementale le 18 ou le 19 juillet sur le Calvados, le Finistère et la Vendée par exemple.
De nombreux records absolus de chaleur ont été battus lundi 18 juillet 2022. © Météo-France
De s records absolus de chaleur encore battus mardi 19 juillet 2022. © Météo-France
2. Un épisode intense et durable
Cet épisode est remarquable par son caractère intense et durable, notamment sur les régions du Sud (Sud-Ouest et basse vallée du Rhône). La vague de chaleur à l’échelle nationale a duré 14 jours au total, persistant notamment dans le sud-est du pays, particulièrement autour de la vallée du Rhône.
3. Une étendue géographique à l'échelle de l'Europe
La France n'a pas été le seul pays concerné en Europe. Le seuil des 40 °C a aussi été dépassé chez dans plusieurs pays voisins. Au Royaume-Uni, c'est une première !
4. Comment l’expliquer : un blocage anticyclonique
Un axe de hautes pressions puissant, situé entre le Maroc, la France et les îles Britanniques, a favorisé en début de semaine dernière un réchauffement progressif de la masse d’air par effet de compression. Dans un deuxième temps, une dépression d’altitude, initialement située entre les Açores et le Portugal, s'est dirigée vers le golfe de Gascogne, favorisant la remontée d’air particulièrement chaud en provenance de la péninsule Ibérique, et a contribué à l’intensification de la vague de chaleur, atteignant un pic de chaleur extrême lundi 18 juillet. Dans ce contexte, c’est comme si l’on fermait le couvercle d’une casserole : l’air chaud se retrouve piégé sous les hautes pressions et « mijote ».
Par la suite, cette dépression qui a poursuivi son déplacement vers le nord-est a, dans un deuxième temps, apporté de l’air océanique par l’ouest du pays, plus frais, conduisant à une baisse des températures, progressant vers l’est et occasionnant une dégradation orageuse. Toutefois, la baisse des températures n'a pas gagner tout le pays, les chaleurs caniculaires persistant sur une partie sud-est.
La remontée d’air très chaud en provenance de la péninsule ibérique a contribué à l’intensification de la vague de chaleur
5. La sécheresse des sols à son plus bas niveau
Les précipitations sont très déficitaires depuis le 1er juillet sur la quasi-totalité de la France et ce mois de juillet pourrait se classer parmi les mois de juillet les moins arrosés depuis 1959.
L’assèchement des sols superficiels, aggravé par la vague de chaleur en cours, s’est ainsi poursuivi depuis fin juin. L’ensemble du territoire est touché, à l'exception du centre de la France et du nord de l'Aquitaine. L’humidité des sols superficiels, en moyenne sur le territoire national, atteint un niveau record bas en cette fin juillet, devant juillet 1976.
Elle atteint en particulier un record bas sur plusieurs régions en cette fin juillet, sur le quart sud-est du pays, la Corse, le Languedoc-Roussillon, et la Lorraine.
Pour les prochains jours à l’échéance de la fin de semaine prochaine, les précipitations, principalement sous forme d’averses et de passages pluvieux peu actifs, pourront apporter un peu de répit sur le front de la sécheresse, sans toutefois conduire à une amélioration notable de la situation dans le sud du pays.
6. Des feux de forêt exceptionnels
Cet épisode de canicule survient après un mois de mai particulièrement chaud et sec et malgré des pluies dans la deuxième quinzaine de juin, la végétation est sensible sur une majeure partie du territoire. La sécheresse est particulièrement marquée autour de la Méditerranée (Bouches-du-Rhône et Corse). La situation est ainsi particulièrement propice aux incendies sur une large partie du territoire.
Pendant cet épisode, des incendies exceptionnels se sont déclenchés en Gironde. 21 000 hectares de forêts ont brûlé à La Teste-de-Buch et à Landiras.
7. Canicules : des précédents historiques en juillet
La vague de chaleur de juillet 2019, du 21 au 26 juillet 2019, est la dernière vague de chaleur recensée pour un mois de juillet, en France. Elle fut relativement courte (6 jours) mais s'est distinguée par une intensité exceptionnelle.
Avec une température moyenne de 29,4 °C sur le pays, le 25 juillet 2019 reste la journée la plus chaude jamais enregistrée en France, ex æquo avec le 5 août 2003.
8. Changement climatique : des vagues de chaleur plus intenses et plus fréquentes
Le recensement des vagues de chaleur depuis 1947 indique clairement que la fréquence et l’intensité de ces événements ont augmenté.
On recense 45 vagues de chaleur en France depuis 1947. La précédente vague de chaleur recensée officiellement a eu lieu en juin 2022. Sur les 35 dernières années, elles ont été 3 fois plus nombreuses que sur les 35 années précédentes. Le nombre de jours de vagues de chaleur a été multiplié par 9.
En France, quel que soit le scénario d’émission de gaz à effet de serre envisagé, la fréquence et l’intensité des vagues de chaleur sont amenées à augmenter dans les prochaines décennies. La fréquence des événements devrait doubler d’ici à 2050. En fin de siècle, en cas de poursuite de fortes émissions de gaz à effet de serre dans les prochaines décennies, ces événements pourraient être non seulement bien plus fréquents qu’aujourd’hui mais aussi beaucoup plus sévères et plus longs, avec une période d’occurrence étendue de la fin mai au début du mois d’octobre.