Météo : Toujours plus sec et plus chaud au nord qu'au sud ; pourquoi ?
13/06/2023Depuis plus de deux semaines notre pays est coupé en deux. Malgré quelques averses dimanche, une moitié nord connaît à nouveau un temps ensoleillé et sec alors qu'au Sud des nuages se développent et peuvent donner des orages en fin de journée. Les températures sont aussi plus élevées au Nord,qu'au Sud. C'est ce qu'on appelle une situation de blocage avec un marais barométrique. Explications.
Quelques pluies sur le Nord-Ouest mais toujours rien sur le Nord-Est
Depuis mi-mai, il n'y a eu que très peu de précipitations sur la moitié Nord. Une amélioration pluvieuse a mis fin à cette série autour du 10 juin sur le quart Nord-Ouest.
La station de Paris-Montsouris (75) n'a pas reçu de précipitations pendant 26 jours du 16 mai au 10 juin, avant la dégradation orageuse du 11 juin avec 4,4 mm, cumuls supérieurs localement dans quelques arrondissements. La dernière fois que Paris n'avait pas connu de pluie à cette période de l'année remonte à l'année 2011 avec une absence de précipitations significatives pendant 33 jours du 2 mai au 3 juin.
Sur Nantes, la séquence sans pluies significatives de 28 jours depuis le 11 mai a pris fin le 8 juin. À noter que 3 ans plus tôt, Nantes n'avait pas connu de précipitations significatives pendant 30 jours du 11 mai au 9 juin.
Cependant, aucune précipitation n'est pour l'instant venue arrêté cette série de jours sans pluie sur Lille et Strasbourg. Cela fait depuis le 16 mai pour Lille (27 jours) et depuis le 10 mai pour Strasbourg (33 jours) qu'aucune précipitations quotidiennes supérieures à 1 mm n'a été enregistré. C'est en 2018 que Lille avait connu une séquence similaire sans pluies significatives, pendant 29 jours entre le 2 et le 30 juin. En revanche, c'est la première fois qu'on observe une séquence sans pluie aussi longue à cette période de l'année sur Strasbourg.
Plus chaud au nord qu'au sud
Lille a franchi coup sur coup le seuil de chaleur (25 °C) et forte chaleur (30 °C) entre le 7 juin et le 10 juin. Si le premier 25 °C a été observé très tardivement (en moyenne observé le 19 mai sur la période 1950-2022), le premier 30 °C est lui très précoce (en moyenne le 04 juillet). Les villes de la moitié nord sont ainsi plus chaudes que celles de la moitié sud depuis plusieurs jours. De plus, la température maximale provisoire de cette année 2023 à Lille (59) est supérieure à celle de plusieurs villes de la moitié sud.
Température maximale provisoire de l'année 2023 (au 11 juin)
- Lille: 32,4 °C (11 juin) ;
- Perpignan: 31,9 °C (11 juin) ;
- Nîmes: 31,6 °C (11 juin) ;
- Marseille: 30,6 °C (11 juin) ;
- Ajaccio: 28,9 °C (29 mai) ;
- Bastia: 27,1 (27 mai) ;
- Nice: 26,3 °C (30 mai).
La température moyenne France (indicateur thermique national) est supérieure aux normales depuis le début du mois de juin (+2,5 °C sur les dix premiers jours de juin) et ce même si :
- aucune vague de chaleur à l'échelle nationale n'ait encore été observée ;
- le seuil des 35 °C (très forte chaleur) n'a pas encore été franchi sur l'hexagone.
Situation de blocage et marais barométrique
Depuis plus de 15 jours, le nord de l'Europe connait une situation de blocage, caractérisée par la persistance d'un anticyclone (pression souvent supérieure à 1020 hPa) centré au nord des îles Britanniques, empêchant le passage des perturbations et donc de la pluie. Le temps sur ces régions est sec et très ensoleillé. Étant donné la position de l'anticyclone, un léger vent de nord-est, récurrent y souffle de façon continue depuis plusieurs jours. Sur ces régions, la combinaison ensoleillement , absence de précipitations et vent assèchent de façon continue les sols.
A contrario le bassin méditerranéen est situé dans un marais barométrique, zone sans gradient de pression, faiblement dépressionnaire avec des valeurs légèrement inférieures à 1015 hPa. Dans cette zone, la matinée commence généralement sous un franc soleil. Rapidement, avec la hausse des températures, les premiers cumulus se forment. Ils deviennent parfois des cumulonimbus, des nuages d'orages, en particulier sur le relief. Parce qu'ils sont situés dans une zone de marais barométrique, ces orages sont peu mobiles. Ainsi, ils peuvent déverser de grande quantité d'eau en très peu de temps en raison de leur stationnarité (parfois 50 à 100 mm en 1 heure). Pour les plus sévères d'entre eux, ils peuvent être accompagnés de grêle et parfois de fortes rafales de vent. Ces orages dits de marais barométriques, sont très classiques au printemps.
La pression atmosphérique réduite au niveau de la mer à Toulouse (31) oscille autour des 1015 hPa. Elle présente un cycle diurne où l'on observe une petite baisse l'après-midi: en effet l'air devenant plus chaud, il est plus léger, il s'élève donc. On parle alors de dépression thermique.